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PS’Playlist avril 2014

Par Collectif, le 30-04-2014
Musique

my-secretary1) My secretary – “Pilot” (Arbobo)
Extrait de “Blue jungle” – 2014 – New wave

Tant pis pour l’appellation new wave, qui passe presque pour du second degré en 2014 près de 40 ans après la création du genre. Elle a le mérite d’être assez claire, même si My secretary verse aussi par moments dans plus d’emphase, une power pop taillée pour les grandes salles.
La rythmique de cavalcade entretient un cousinage avec Radio4, ou les russes de Manicure qui s’abreuvent aux mêmes sources que les niortais. Vu que ce 5 titres n’a pas vraiment de défaut, il donne aussi envie de se replonger dans l’album précédent.

playlist avril howard skempton lento2) Howard Skempton – “Lento” (Alexandre Mathis)
Pièce intégrale de “Lento” – 1990 – Classique
Au détour d’une discussion twitter anodine, un estimable critique cinéma (Jacky Goldberg des Inrocks pour ne pas le citer) publie un lien vers cette chanson d’Howard Skempton. Cette musique serait utilisée dans le nouveau documentaire de Michel Gondry sur Noam Chomsky. Je ne sais pas quelle utilisation Gondry fait de « Lento », mais par chance, j’ai découvert cette merveille avant. Non défloré par les (sûrement) belles images du réalisateur d’Eternal Sunshine, mon esprit entre dans cette musique pure. Je me sens pleinement investi de sa grâce immense. Un monde s’offre à moi.

1151637293) Brigitte Fontaine – “Comme à la radio” (Laura Fredducci)
Extrait de “Comme à la radio” – 1969 – Chanson française ?
À cette minute, des milliers de chats se feront écraser sur les routes.
À cette minute, un médecin alcoolique jurera au-dessus du corps d’une jeune fille et il dira: elle ne va pas me claquer entre les doigts la garce.
À cette minute, un espagnol sera bien content d’avoir trouvé du travail.

Il fait froid dans le monde.

kevin-gates4) Kevin Gates – “Wish I Had It” (Dom Tr)
Extrait de “By Any Means” – 2014 – Rap
Chaque nouvelle sortie de Kevin Gates montre à quel point le rappeur de Baton Rouge est aujourd’hui en pleine possession de ses moyens. Après une année 2013 en feu d’artifice, Kevin Gates semble attaquer 2014 de la même manière. “By Any Means”, sa nouvelle tape, est le troisième acte d’une trilogie qui aura permis à l’étoile montante d’enfin décrocher un deal avec une major et de répondre aux attentes des suiveurs de la première heure : le voir projeter dans cet univers où son rap mêlant habilement flow tranchant et refrains entêtants peut pleinement s’exprimer. Bien qu’il semble encore en avoir sous la pédale, ce ‘Wish I Had It’ témoigne déjà de l’aboutissement de cette formule que Gates maîtrise mieux que personne. Et si le YG ne venait pas le titiller, il semblerait évident de placer “By Any Means” comme la sortie la plus marquante de ce premier trimestre.

BB5) The Bloody Beetroots feat. S.Aoki – “Warp 1.9” (Olivier Ravard)
Extrait de “Romborama” – 2009 – Dumb Electronic Dance Music

Des têtes partout, des bras qui se lèvent. Sueur et proximité corporelle. Vous êtes à 8295 kilomètres de chez vous et votre troisième vodka Redbull valse dans les airs au son assourdissant de cet indéfendable “Warp 1.9”, gras comme un triple big Mac. Votre main embrasse le ciel au rythme binaire de ses synthés bas de plafond, et plus rien n’a d’importance. Plus FAT, c’est indécent. Plus indécent ce n’est plus racontable.

lusine_two_dots 6) Lusine – “Two Dots” (Marc di Rosa)
Extrait du maxi “Two Dots” – 2009 – electronica
C’est un titre mathématique et mélancolique à la fois. Paru sur le label Ghostly International, Two Dots est un morceau d’electronica du producteur américain Lusine, lent et atmosphérique comme le veut le genre, porté par la voix cristalline de la chanteuse finlandaise Vilja Larjosto. Les paroles évoquent deux points joints par une droite et s’interrogent sur une distorsion éventuelle de cette ligne… Un savant travail sur les strates sonores et les échos vocaux en font un petit bijou.

7) The O’Jays – “Love Train” (Lucile Bellan)O'Jays
Extrait de “Back Stabbers” – 1972 – soul
À l’heure où on ne parle (à raison) que d’une agression sexuelle dans le métro lillois, j’ai en tête une image de cinéma qui m’a profondément marquée il y a quelques années : la scène de fin du culte Last days of disco de Walt Whitman. On y voit une rame de métro (dont Chloé Sévigny et Matt Keslar) se mettre à danser sur fond de Love Train. Une note de bonheur musical et de communion dansée pour rendre hommage aux derniers jours d’un courant musical basé sur la culture de la fête. J’ai envie de rêver et d’y croire. Même s’il ne reste péniblement que le cinéma pour ça.

The Donnas8) The Donnas – “Like An Animal” (Isabelle Chelley)
Extrait de “Bitchin’” – 2007 – rock
Je sais… Les Donnas, ces Runaways bis, ces Californiennes trop mignonnes pour être crédibles, etc. Je sais aussi que ce n’est pas le plus grand groupe de rock féminin du monde. Certains des albums sont carrément brouillons, ou indigestes. Mais j’ai un faible coupable pour Bitchin’, disque aussi subtil que son titre, élégant comme sa pochette. Et en particulier pour le plus classieux des morceaux, ce “Like An Animal”, à faire rougir Robert Plant, Jagger et autres compositeurs d’hymnes où cul et machisme font bon ménage. Ici, les rôles sont renversés et ça fait juste du bien pour une fois d’entendre un peu d’animalité, de sueur cheap et de riffs poilus balancés par des filles qui en ont marre d’attendre qu’on les désire. Non mais.

I Command - Single9) Mina Tindle – “Madonne” (Jean-Sébastien Zanchi)
Extrait de “Parades” – À paraître en octobre 2014 – Pop / chanson

Il n’est jamais facile en France de naviguer entre variété et chanson. Rares sont ceux qui y parviennent, à l’image d’Alex Beaupain. C’est pourtant ce que vient de réaliser Mina Tindle avec ce titre. Tout pourrait faire basculer la chanson dans le vulgaire, mais la Française parvient à se maintenir sur le fil sans jamais fléchir. Comme un pied de nez à Émilie Simon qui s’est brulé les ailes en tentant l’exercice sur son dernier album Mue.

qbpn10) Villagers – “I saw the dead” (Catnatt)
Extrait de “Becoming a jackal” – 2010 – Folk ?

Je suis une fan absolue de Conor J. O’Brien. C’est loin d’être un simple chanteur, il faut l’avoir vu en concert une fois pour réaliser à quel point c’est un conteur d’histoires. J’aime tout chez lui, son côté hobbit, son accent grâce auquel je comprends tout, ses paroles, sa musique, son talent. “I saw the dead” est une de mes chansons favorites parce qu’elle est mise en scène musicalement de manière parfaite. J’ai cherché longtemps le morceau de ce mois-ci, c’était compliqué ; et puis soudain, celui-ci s’est enfin imposée : ni trop pathos ni trop légère, elle s’adapte parfaitement aux circonstances : la mort et mon désarroi. “And I feel like a fake. How can I even stand here like I’ve something to say. I got nothing to say”.

miossec-baiser11) Miossec – “On était tellement de gauche” (Thomas Messias)
Extrait de “Baiser” – 1997 – Chanson

Le désarroi et la fatigue de l’électeur de gauche qui, fatigué de s’être trop longtemps fait mener en bateau, ne sait plus trop où donner du bulletin de vote. Et finira par voter blanc au second tour de chaque grande élection, ce qui lui aurait semblé totalement aberrant lors des premières années ayant suivi sa majorité.

Wax Idols12) Wax Idols– “Ad Re:Ian” (Thierry Chatain)
Extrait de “Discipline & Desire” – 2013 – Post-punk noir

Dans un monde parallèle – le mien –, Hether Fortune est une star. C’est qu’elle a tout pour me plaire : grande gueule, intelligente, dominatrice SM, chanteuse et musicienne complète issue de la scène d’Oakland/San Francisco. Sans compter que Wax Idols, son groupe, me rappelle mes années cold wave, comme on disait alors. Eh oui, on ne fait pas partie impunément de la même génération que les musiciens de Siouxsie & The Banshees, Joy Division, Cure ou Bauhaus. Hether n’était pas née, mais cela ne l’empêche pas de rendre un hommage vibrant et senti aux suicidés Adrian Borland (The Sound) et Ian Curtis dans “Ad Re:Ian”.
Dans la réalité, c’est Savages qui s’est imposé sur le créneau groupe féminin néo-goth. Avec moins d’âme. Fuck the world !

damon-albarn13) Damon Albarn – “Hostiles” (Benjamin)
Extrait de “Everyday Robots” – 2014 – Pop
De Blur à Gorillaz, en passant par ses opéras Monkey: Journey to the West et Dr Dee, Damon Albarn aura souvent eu les yeux plus gros que le ventre. On l’a vu essayer de gagner sur plusieurs tableaux en mélangeant successivement pop, electro, soul et rap. On l’a regardé multiplier les collaborations inattendues et ne pas céder à la reformation facile de Blur. Il aura joué au cinéma (dans le très bon Face de Antonia Bird) et se sera engagé politiquement. Aussi peut-on raisonnablement dire qu’il n’aura pas ménagé ses efforts pour s’imposer comme un grand artiste contemporain, à l’aise dans tous les genres et avec tout le monde, curieux et touche-à-tout. Pourtant ce n’est pas cette facette du personnage que j’ai toujours trouvée la plus excitante (bien au contraire même si l’on parle de Gorillaz). Non ce que j’aime chez Damon Albarn, c’est lorsqu’il se focalise sur un songwriting touchant, presque discret, mais toujours très riches en mélodies et en fins arrangements, comme à l’époque de The Good, the Bad & the Queen (son meilleur disque à ce jour) et comme c’est le cas au sein de son très beau premier album solo : Everyday Robots.

Salem King Night14) Salem – “Trapdoor” (Anthony)
Extrait de “King Night” – 2010 – Hip-Hop de Cthulhu
A l’approche du Spring Break, occasion formidable pour les étudiants nord-américains de sortir les maillots de bain (et les tripes en cas d’abus de breuvages), autant se concocter une bonne petite playlist pour le voyage vers le soleil… Chez les amusants Salem, on préférera rouler de nuit, en feux de brouillard, à peine éclairé par une lune gibbeuse , histoire de maximiser les chances de croiser des créatures tout droit sorties de Silent Hill. Au bout de la route, au lieu des plages de sable blond de Floride, il est plus que probable que le van s’échouera à court d’essence au bord d’un marécage des Everglades. Les crocodiles seront certainement disposés à shaker leur booty…

Jahwar15) Jawhar – “Alemni” (Marc Mineur)
Extrait de “Qibla Wa Qobla” – 2013 – folk des sables
Quelle est la part d’émotion qui provient des paroles d’une musique et à quel point ce qu’on ne comprend pas peut nous intéresser? Ces questions dont la réponse est très variable peuvent être évidemment posées pour le cas Jawhar. La musique du Tunisien installé en Belgique se chante le plus souvent en Arabe et me touche comme du Nick Drake. On était venu par curiosité, on est restés pour les chansons.

Le mystere des voix bulgares16) Le Mystère des Voix Bulgares – “Stani mi, maytcho (стани ми, майчо)” (Christophe Gauthier)
Extrait de “Le Mystère des Voix Bulgares” – 1989 – Folk balkanique
Un jour, je suis tombé amoureux d’une Bulgare. D’elle et de son pays, de ses traditions, de son histoire et de ses habitants (n’en déplaise à certains, il n’y a pas que des roms et des musiciens de métro là-bas). J’étais donc très content de trouver il y a quelques jours, parmi des CD d’occasion, un disque du « Mystère des Voix Bulgares », choeur féminin hors du temps, chantant les événements rythmant la vie dans les campagnes. Je ne cherche même pas à comprendre ce qui est chanté, je me laisse juste emporter par les harmonies incroyables, le flot de voix pures et les quelques dissonances qui pimentent l’écoute. Un jour je suis tombé amoureux de la Bulgarie…

Bl_UaboCQAAgt4y17) DJ Duck & MC Shorty – “Where My Ole Lady At” (Nathan)
Extrait d’une vieille cassette à New Orleans – 1990s – Bounce
Je continue de creuser dans le bounce de New Orleans. Il m’a fallu quelques mois pour épuiser ma nouvelle passion pour DJ Jubilee, et me revoilà plongé dans U.N.L.V, Magnolia Shorty, et les autres légendes du Bounce de NOLA. Dans le tas, ce monumental “Where My Ole Lady At” de DJ Duck et MC Shorty. Avec le “Take Me to the Mardi Gras” en sample principal, DJ Duck balance des beats aussi basiques et puissants qu’un coup de soleil sur le bord du Mississippi. J’essaie toujours de rationaliser et d’essayer de comprendre d’où vient cette envie irrépressible de retourner en Louisiane et d’acheter une maison coloniale dans le Marigny. En attendant, je fais tourner la musique du pays en boucle, et je rêve d’écrevisse et de “gator bites”.

Carrie PS18) Katie Irving – “I never dreamed someone like you could love someone like me” (Axel Cadieux)
Extrait de “Carrie Soundtrack” – 1976 – Pop
C’est peut-être de la soupe, mais elle accompagne l’une des plus belles séquences tournées par Brian De Palma : Carrie réalise enfin son rêve, se faire accepter par ses camarades, et danse avec le plus beau mec du lycée. Le travelling circulaire si cher au cinéaste s’emballe autour du couple, qui s’étreint au rythme du slow de Katie Irving. Un seau rempli de sang de cochon ne tardera pas à inonder le visage de Carrie…

MetroArea_MetroArea19) Metro Area – “Soft Hoop” (Julien Lafond-Laumond)
Extrait de “Metro Area” – 2002 – Disco House
Je ne vois pas d’inconvénient à changer de chanson préférée toutes les semaines, même si la formule prête à la dérision. Aux dernières nouvelles, Soft Hoop, de Metro Area, était ma chanson préférée. Ça ne devrait pas durer. Mais ça signifie tout de même que, pendant un temps, je n’ai rien pu concevoir de plus beau, de plus pénétrant que ce funk contemplatif absolument hors d’âge.

Bones20) Bones, Xavier Wulf & Chris Travis – “WeDontBelieveYou” (Dat’)
Team Sesh – 2014 – Benzodiazépine musique
Rappeurs déjà morts, Boards Of Canada en mode funéraire, émo-thug matiné de rivotril. Un morceau pour les matins encore écrasés par les somnifères. Ou pour de longues nuits blanches à peine éclairées par la blafarde lumière d’un ordinateur. Marcher à l’envers dans des rues crades bardées de néons. Apercevoir la belle Selena gomez, cernes noires et visage creusé, dans son maillot rose fluo, en train de fumer du crack. Ce qui est pratique avec Bones, c’est que chaque année, il balance le morceau de l’année.