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G-Side, “Gz II Godz”

Par Dom Tr, le 02-07-2014
Musique

g-side1

A quoi ST 2 Lettaz et Yung Clova cherchent-ils à échapper ? La tête dans les nuages, les pieds fermement ancrés sur le sol, le duo G-Side originaire de Huntsville, Alabama, semble avoir construit autour de lui cet univers fictif pour s’oublier lui-même en chemin. Et s’en remettre à ce qui définit le mieux la musique de G-Side : un rap subtil, aux légers accents 90’s révisés à l’aune de ce que le rap propose de plus actuel aujourd’hui, mêlant habilement un boom-bap jamais nié aux influences soul envoutantes plongé dans cet univers tour à tour électro et cotonneux ou dur et froid.

Après son hiatus de dix-huit mois, le duo semble avoir franchi une nouvelle étape dans sa quête d’élévation cosmologique à base de couplets débités sans retenue aucune. Des « Gz » de l’espace revenus au volant de leur bagnole pour nous raconter comment se passe le « hustle » stellaire, les lyrics noyés dans des vagues de reverb pour en souligner la profondeur. A outrance, presque. Depuis la recherche de l’argent facile jusqu’à l’interrogation sur la légitimité de rester sur le droit chemin pour réussir, le duo prend l’auditeur par la main et lui fait refaire avec lui ce chemin à la recherche d’une éthique toute personnelle, itinéraire essentiel à la compréhension du disque. Un destin et des choix de vie qui font de « Gz II Godz » un fidèle successeur de « The One…Cohesive », leur précédent effort solo avant le break, qui a propulsé les deux compères au rang de véritable sensation underground de l’autre côté de l’Atlantique.

Des « Gz » de l’espace revenus au volant de leur bagnole pour nous raconter comment se passe le « hustle » stellaire…

Appuyés par le travail impeccable du crew de beatmakers local les Block Beattaz, ST 2 Lettaz et Yung Clova se retrouvent propulsés dans ces environnements au bord de la transe à 90bpm : l’enchainement percutant ‘2004’ / ‘Dead Fresh’ / ‘Higher’ / ‘Bassheadz’ qui donne tout son sens au disque. Le cœur de la vibration essentielle, bardée de synthés subtils et de drums jamais trop envahissants, matelas confortable pour pousser les flows assurés et maitrisés, parfois délicieusement vintage, véritable marque de fabrique de G-Side.

A sa sortie fin mai en autoprod, « Gz II Godz » avait su surfer sur une hype majeure du côté des connaisseurs du genre. A tel point que l’on ne pouvait plus trouver, courant juin, d’autres noms de groupes dans la bouche de tout-un-chacun que celui de G-Side plus que jamais revenus aux affaires. Le scepticisme de principe dépassé, il est aisé de reconnaître que ce nouvel effort long format des deux rappeurs de Huntsville est une nouvelle pierre sur le chemin d’une reconnaissance plus large de leur style, leur approche singulière et d’une nouvelle manière d’envisager ce fameux rap du Sud qui ne cesse de se renouveler depuis 15 ans. « Gz II Godz » s’apprécie comme il s’écoute : comme un témoignage sincère et franc, sans fioriture, direct à l’essentiel. Un voyage décontracté à l’arrière d’une voiture à destination des étoiles, le toit amovible ouvert vers les insondables espaces d’un rap sans frontière.