Aa
X
Taille de la police
A
A
A
Largeur du texte
-
+
Alignement
Police
Lucinda
Georgia
Couleurs
Mise en page
Portrait
Paysage

PS’Playlist février 2015

Par Collectif, le 27-02-2015
Musique

the-delano-orchestra01. The Delano Orchestra – Something is gone (Thomas Messias)
Extrait de “Will anyone else leave me” – 2009 – Folk-rock
J’aime quand la musique parvient à faire naître chez moi ce sentiment si rare : l’euphorie désespérée, qui vous donne autant envie de danser sur les tables que de sauter par la fenêtre. Si j’avais le temps et l’énergie nécessaire, je passerais mes journées à courir après cette sensation, à écumer tous les disques du monde à la recherche de cette étrange drogue. Mais comme certains de mes autres groupes de chevet, The Delano Orchestra est toujours là pour m’éviter la crise de manque.

Siskiyou 15002. Siskiyou – Jesus in the 70’s (Marc Mineur)
Extrait de “Nervous” – 2015 – Héroïsme discret
Je l’avoue, il y  quelque chose de pavlovien à réagir aussi vite à des mots comme « Canada », « Constellation », « Great Lake Swimmers » et « Owen Pallett ». Heureusement, la promesse Siskiyou est pleinement tenue. Dans une grande lignée de groupes trop talentueux et trop discrets pour connaitre le succès populaire, ils ont troussé sur Nervous une quantité respectable d’hymnes de poche, de ceux qu’on préférera savourer seuls avant de les faire passer autour de soi.

T2103. T2 – No More White Horses (Julien Lafond-Laumond)
Extrait de “It’s All Workout in Boomland” – 1970 – Rock progressif
Il faut croire que j’aurai toujours une certaine affinité pour le rock progressif. Bien que je n’en écoute plus du tout, que j’en renie les idéaux de technicité et de complexité, il peut m’arriver de replonger affectivement. Je ne connaissais pas T2. J’ai découvert par hasard. Oh, rien de bien extraordinaire, juste ce son bien prog avec un batteur qui en fait des tonnes, un chanteur mélancolique et des structures alambiquées. Ce qui les sauve à mes yeux, c’est cette forme de simplicité dans la complication. C’est touchant. Et puis, T2 a été un groupe qui a beaucoup influencé la scène progressive suédoise des années 90, avec Landberk, Anekdoten et encore aujourd’hui Dungen. Donc respect.

PJ Harvey04. PJ Harvey – The Whores Hustle and the Hustles Whore (Anthony)
Extrait de “Stories from the city, Stories from the sea” – 2000 – Rock
Dans une discographie aussi prompte à recevoir moult éloges, il est migraineux de ne retenir qu’un rejeton. J’ai donc fait l’exercice de “Je n’ai plus de place dans mon walkman sauf pour un album de PJ Harvey mais lequel vais-je donc bien choisir ?”… Après quelques tergiversations qui m’ont conduit à dresser les mérites comparés de Is This Desire ?, White Chalk ou encore Let England Shake, force est de constater que Stories from the city… l’emporte par sa cohérence, son côté frontal mais apaisé, l’album d’une femme sûre de ses forces et de ses envies. Rien à jeter, rien qu’on zappe, rien qui ennuie. Et au beau milieu, cet hymne imparable dédié aux joies de la jungle urbaine. Un des très grands disques qui ont clôturé les 90’s, la dernière décennie dorée.

81gpToYyjYL._SX355_05. Mike Cooper – The Singing Tree (Laura Fredducci)
Extrait de “Places I Know” – 1971 – Folk
En attendant que les arbres se mettent à siffloter en se balançant au vent, il me fallait une chanson à écouter en boucle pour cette fin d’hiver. C’est là que j’ai lancé l’album de Mike Cooper.

Grooms_Comb-the-feelings06. Grooms – Comb the feelings through your hair (Arbobo)
Extrait de “Comb the feelings through your hair” – 2015 – Indie rock
Grooms a compris avant les autres qu’il suffit d’attendre un peu pour que ce qui a été à la mode le redevienne sous forme de “revival”.
Leurs influences fleurent bon les années 1985-1995, Pavement, Sonic youth, et parfois une pincée de psyché qui change des précédents disques. Passés par l’excellente écurie Kanine records, on les aurait tout aussi bien imaginés à Sub-pop. Leur quatrième album, malgré son titre en forme de boutade (Comb the feelings through your hair), est toujours aussi bien fait. Chez certains, on ne peut s’empêcher de dire “ça manque d’originalité” en tordant le nez. Chez Grooms, qui n’est pourtant pas bien original non plus, au contraire on est saisi d’un sourire de satisfaction et on laisse dérouler l’album jusqu’au bout. En tournicotant son doigt dans les boucles de nos cheveux…

Five Stairsteps - Stairsteps (1970)07. The Five Stairsteps – O-o-h Child (Christophe Gauthier)
Extrait de “Stairsteps” – 1970 – Soul familiale
Les Five Stairsteps, c’était un peu un prototype des Jackson 5 : cinq frères et soeurs de Chicago mêlant leurs voix de velours sur des arrangements soul sophistiqués. Auteurs de quelques hits locaux, ils décrochent la timbale en 1970 avec O-o-h Child, une feelgood song absolue pleine d’espoir et de paroles réconfortantes. Reprise régulièrement depuis (de Nina Simone à Beth Orton), cette chanson fait aussi la joie des illustrateurs sonores à la télé et au cinéma, le dernier film en date à l’utiliser étant Guardians of the Galaxy, dans une séquence hautement stupide. Sachant que j’ai vu ce film il y a peu (oui, je sais, mille ans après tout le monde) et que je suis bon public pour tout ce qui est crétin, il n’en fallait pas plus pour que O-o-h Child devienne mon ver d’oreille du mois.

best-of-singles-etienne-daho08. Étienne Daho – Le premier jour du reste de ta vie (Lucile Bellan)
Extrait de “Best of singles” – 1998 – Variété
On a beau lire des livres chiants, s’enquiller des séries télévisées des années avant tout le monde, se targuer d’un certain élitisme culturel et sous-entendre subtilement par là qu’on vaut un petit peu plus que le commun des mortels, c’est toujours vers les essentiels populaires qu’on se tourne quand la vie nous offre ses surprises. All by myself quand on a une peine de coeur, Let’s get it on quand on a envie de sexe, l’intégralité de la discographie de Sardou, Aznavour, Polnareff et Daho quand il se passe… quoi que ce soit. Ce sont ces refrains là qui traînent. Qui emportent le coeur. On a l’impression d’être dans une mauvaise comédie française et parfois ça fait du bien. J’en suis peut-être à mon quatrième (ou cinquième ?) premier jour du reste de ma vie et je ne m’en lasse pas. C’est la beauté et la magie, de cette petite chanson qui reste comme de la vie. On a parfois pas besoin d’être original ou différent.

Grinderman1
09. Grinderman – No Pussy Blues (Isabelle Chelley)

Extrait de “Grinderman” – 2007 – Garage with a brain
Je n’oublierai jamais la mine affligée de certains fans hardcore de Nick Cave à la sortie du premier album de Grinderman et de ce single en particulier. Mais quoi le fuck ? L’Australien tourmenté, hanté par l’Ancien Testament, mi-vampire, mi-Elvis, revenu d’entre les morts pour prêcher la bonne parole du rock dans son incarnation la plus noire, se laissait aller à la gaudriole ! Difficile d’invoquer les premiers signes d’une sénilité précoce puisque ce nouveau projet (avec trois Bad Seeds dans ses rangs) sentait plus la sueur que le désinfectant de maison de retraite. Et “No Pussy Blues” est un régal. Nick Cave incarne le désespoir à l’état brut du type frustré du cul, prêt à se plier en huit pour conclure, en vain. Paroles brillantes, pleines d’humour, musique plus rock que blues, distordue, écorchée, lancinante, ce titre-là reste l’un de mes favoris de Grinderman, même si les deux albums du groupe valent qu’on s’y attarde. N’en déplaise à certains…

playlist mars10. Can – Vitamin C (Alexandre Mathis)
Extrait de l’album “Ege Bamyasi” – 1972 – Krautrock
Je ne sais pas encore ce que vaut Inherent Vice de Paul Thomas Anderson, mais l’écoute de sa bande-originale a de quoi laisser rêveur. D’abord pour les compositions de Jonny ‘Radiohead’ Greenwood qui va puiser chez les grands compositeurs des années 70 et chez Philip Glass. Ensuite parce que PTA semble avoir eu du goût dans ses choix de morceaux préexistants (Neil Young, Les Baxter). Le summum du délice : le groupe allemand Can et son Vitamin C. Un prétexte en or pour réécouter ce tube en boucle.

the-knick11. Cliff Martinez – Son of Placenta Previa (Jean-Sébastien Zanchi)
Extrait de “The Knick” – 2014 – Bande originale
Entre Cliff Martinez et Steven Soderbergh, c’est une vieille histoire d’amour. Leur collaboration avait même commencé avec le premier film du réalisateur, Sexe, Mensonges et Vidéo, en 1989. Au final, c’est une dizaine de longs métrages de l’Américain que Cliff Martinez aura mis en musique ; avec comme point d’orgue celle de Solaris en 2002. Une bande originale introspective qui soulignait parfaitement le vase clos spatial du film. Désormais passé à la télévision, Soderbergh a fait appel à lui pour sa première série. Encore un coup réussi du duo, où les sons électroniques du musicien propose un décalage totale avec l’ambiance du New York de 1900.

Ravel+Piano+Concertos+etc12. Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel – Samson François, direction André Cluytens (Thierry Chatain)
Extrait de “Concertos pour piano…” – 1959 – Classique
Si je ne m’étais pas bêtement retrouvé privé de l’usage de la main droite pour quelques jours, peut-être n’aurais-je jamais réécouté cette œuvre de Ravel qui, sous influence paternelle, berça maint dimanche de mon enfance. Enfin, berça, façon de parler. Car cette commande du pianiste Paul Wittgenstein, amputé durant la Première Guerre mondiale, reflète dans le combat entre l’instrument et l’orchestre toute la violence, les fracas et l’inquiétude d’une époque troublée. Au-delà de la virtuosité de la composition – impossible à l’oreille de deviner qu’une seule main court sur le clavier –, c’est surtout la sensibilité de l’interprétation de Samson François qui éclate ici.

13. Turnstile – Addicted (Benjamin Fogel)turnstile non stop feeling
Extrait de “Nonstop Feeling” – 2015 – Punk hardcore
Régulièrement je me demande ce que j’aurais écouté si j’avais eu 15 ans aujourd’hui. Quel groupe aurait pu me donner envie de sauter partout et de changer de look de vestimentaire ? La réponse à cette question est souvent décevante, et, pas plus tard que l’année dernière, la seule que je fus en mesure de trouver fut Slipknot et Marilyn Manson, soit deux groupes que j’écoutais déjà effectivement ado. Autant le dire toute de suite, avec Nonstop Feeling, le premier album du quintet punk originaire de Baltimore, Turnstile, je n’aurais pas beaucoup à me poser la question en 2015, tant j’y retrouve tout ce que j’aimais à l’époque au travers d’un groovy punk hardcore qui arrive à concilier esprit à la Rage Against The Machine (Out of Rage) et inflexions néo-métal pour un résultat à la fois hyper moderne et complètement anachronique.

Miles_Davis_The_Complete_Live_at_the_Plugged_Nickel_196514. Miles Davis – Agitation (Nathan)
Extrait de “The Complete Live at the Plugged Nickel” – 1965 – Jazz
En lisant la biographie de Wayne Shorter puis l’autobiographie de Miles Davis, on s’aperçoit que le jazz – et la musique de Miles – a pris un tournant au Plugged Nickel à Chicago. Pendant une semaine, Miles et sa bande de jeunes (Ron Carter, Herbie Hancock, Wayne Shorter et Tony Williams) vont repousser les limites de leur musique. Le tout, sous l’impulsion du jeunot Tony Williams, batteur extraordinaire, et d’Herbie Hancock. Les deux ont décidé de provoquer leur leader et de le pousser à aller plus loin en “explosant” ses morceaux, en les jouant différemment à chaque fois. La musique est ici au bord d’une falaise et se penche dangereusement, et tout le groupe se prête au jeu. Spontanéité et improvisation à l’honneur, ce Live at the Plugged Nickel est peut-être la meilleure captation live de Miles et de son second grand quintet. Parce qu’ils arrivent à rendre leur musique libre de toutes contraintes.

american-sniper15. Ennio Morricone – The Funeral (Axel Cadieux)
Extrait de “Una Pistola per Ringo” – 1968 – Bande originale
C’est un morceau d’Ennio Morricone, composé pour le méconnu Un Pistolet pour Ringo. Clint Eastwood a le flair et l’exhume pour clore son dernier film, American Sniper. Des images d’archive baignées d’ambivalence et de réversibilité, une autoroute sous la pluie longée de drapeaux qui accompagnent un cercueil. Mythes, légendes et faux-semblants : un chef-d’œuvre.