PS’Playlist décembre 2015 (Henri, Lucien, Axel)

HENRI ROUILLIER

MONEY – A Cocaine Christmas And An Alcoholic’s New Year
Extrait de “Suicide Songs” – 2016 – Chansons bringuebalantes pour gens heureux
Savages – Adore (Life)
Extrait de “Adore Life” – 2016 – Post-punk pour ceux qui restent
Rone et François Marry – Quitter la Ville
Extrait de “Creatures” – 2015 – Electro pour marcheurs nocturnes

J’aime MONEY parce que j’aime le chaos et les naufrages, la folie douce, les cérémoniaux maladroits et les Anglais qui racontent des histoires. Et cette chanson parce qu’elle résume parfaitement l’état dans lequel je suis après avoir traversé 2015. Ces derniers mois et au vu des circonstances, j’ai délibérément choisi de m’émerveiller. À force d’avoir chialé aux pieds des bars et des statues, j’ai compris qu’on avait le temps de rien et qu’il valait mieux l’utiliser pour être heureux. Alors oui, le bateau coule, mais si vous voyez un mec à l’air un peu con sourire au capitaine, c’est moi.

Le soir de mon anniversaire, les filles de Savages sont venues chanter à la Maroquinerie. C’était le premier décembre, quinze jours après les attentats de Paris. Nous étions dans une cave, Marine n’était pas rassurée malgré les fouilles assidues à l’entrée. Je pense que je me rappellerai toute ma vie du visage de Jehnny Beth à 3’55, et de ces mots : “I Adore Life.” Pas besoin d’en dire plus.

Les lumières se sont éteintes dans le terminal 2 de Charles de Gaulle et François Marry a commencé à chanter. Et doucement, j’ai commencé à vouloir faire mes valises. Pour partir où ? Aucune idée. Simplement partir. Cette envie-là ne m’a pas quitté pendant six mois. Quitter la ville pour ailleurs, traverser de nouvelles frontières… filer à l’anglaise. En 2015, j’ai passé du temps à écrire sur la disparition ; sur ces gens évanescents qui ne voient d’autre solution que l’effacement. J’ai essayé de comprendre, j’ai compris qu’il n’y avait rien à comprendre. Et je crois surtout qu’à un moment, j’ai voulu faire pareil.

LUCIEN DE BAIXO

Milan – Try
Extrait de “Versions” – 2013 – Dunk
Run The Jewels – Love Again (Akinyele Back) feat. Gangsta Boo
Extrait de “RTJ2” – 2014 – Rap US
Simon & Garfunkel – The Sounds Of Silence
Extrait de “The Sounds Of Silence” – 1966 – Folk

Et là, je me rends compte que si j’aime autant composer en contrepoint, c’est que tout y est affaire de rythme, le silence n’y a pas sa place, combler le vide pour combler son angoisse de la mort.

Je n’aurais pas tenu l’année sans musique… Je ne tiendrai pas l’existence sans. Ce n’est pas une histoire d’émotions mais de rythmes, c’est mon métronome pour supporter la vie urbaine, car bizarrement, sorti de Paris ce rapport à la musique est inversé, c’est la mélodie qui prime au rythme.
Comme beaucoup, l’année a été dure, l’apothéose d’une décennie difficile, où pensant pouvoir souffler un peu après s’être enfin débarrassé d’une maladie chronique, on est venu tuer des gens dans ma ville, jusqu’à s’en prendre à mes amis et à leurs proches.
Non, à bout de souffle, je n’aurai pas pu traverser sans musique cette année saccadée et remplie de contre temps…

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Je ne sais pas pourquoi la musique de Milan m’entête autant… je ne veux pas le savoir… pour une fois je ne veux pas de pourquoi, encore moins de parce que… je veux juste l’écouter encore et encore… ne pas briser la magie…

RTJ2 c’est mon album pour soulever de la fonte, arrivé à Love Again je double la charge, je pourrais la multiplier par 10. C’est incroyable comment ce morceau a des effets aussi bénéfiques sur ma bonne humeur qui n’est vraiment pas naturelle chez moi.

J’ai menti, j’aime le silence. Même s’il n’y en a pas dans la musique de The Sound Of Silence, il se génère autre part.

AXEL CADIEUX

Maxence Cyrin – Where is my mind
Extrait de “Novö piano” – 2009 – Thème
Miley Cyrus – Karen don’t be sad
Extrait de “Miley Cyrus & Her Dead Petz” – 2015 – Experimental
Lower Densy – To die in LA
Extrait de “Escape from evil” – 2015 – Indie pop rock

The Leftovers, série magnifique, martèle toujours les mêmes mélodies. Rien n’y est stable, sauf deux-trois thèmes qui reviennent en boucle. C’est comme si, à travers ces motifs récurrents, le show cherchait sa propre assise.

J’aime tout chez Miley Cyrus, et surtout ses derniers morceaux, avec Wayne Coyne des Flaming Lips à la baguette. De Wrecking Ball à The Soft Bulletin, il n’y a qu’un pas.

Enfin quand même une petite découverte, To Die in L.A.. Ambiance 80’s qui met à l’aise.