Pétrole et cinéma de genre : Hollywood, catastrophes et Deepwater Horizon
Deuxième partie d'une série de trois articles qui s'attardent sur la place et la représentation du pétrole, de son industrie et de ses implications dans le cinéma et les séries. Traduits avec grâce et précision par Isabelle Chelley. Vous trouverez la version originale, en anglais, plus bas.
Lorsque sur une affiche figure le nom de Mark Wahlberg, star hollywoodienne connue pour des films d’action comme Les Infiltrés (Martin Scorsese, 2006) et Du sang et des larmes (Peter Berg, 2013), cela signifie en général qu’il faut s’attendre à un film catastrophe, un thriller ou un film de guerre. Il s’avère que Deepwater (Peter Berg, 2016) est tout et rien de cela à la fois.
Quand je suis récemment allée voir Deepwater, traitement hollywoodien des événements menant à l’un des pires désastres écologiques de l’industrie pétrolière, ce n’était pas sans une certaine appréhension. Le film doit son nom à Deepwater Horizon, plateforme pétrolière offshore semi-submersible gérée par Transocean pour BP dans le golfe du Mexique, qui explosa et prit feu le 20 avril 2010. Comme L’Odyssée du Hindenburg (Robert Wise, 1975), Apollo 13 (Ron Howard, 1995) voire Titanic (James Cameron 1997), le titre du film évoque un désastre imminent. Ce type de longs métrages, présentés comme des drames « d’après une histoire vraie » font souvent référence à leur homonyme du monde réel par le biais de photos ou de scènes basées sur des images d’archives bien reconnaissables pour le spectateur. Sans être toujours réalistes, ces films catastrophes « d’après une histoire vraie » reposent sur un niveau de réalisme et de drame, poussant le spectateur à se demander non pas s’il, mais quand il y aura du sang.
L’explosion de Deepwater Horizon est entrée dans l’histoire comme la pire catastrophe écologique de l’industrie pétrolière. Onze ouvriers ont été tués par la déflagration qui a détruit et fait sombrer la plateforme et a endommagé, au fond de l’océan, le puits Macondo qui déversa du brut dans le golf du Mexique pendant quatre-vingt-sept jours, jusqu’à ce qu’il soit enfin cimenté le 15 juillet 2010. Environ 4,9 millions de barils de pétrole se déversèrent dans l’océan, avec des effets dévastateurs sur la faune marine, ainsi que sur les habitants des côtes de Louisiane, du Mississippi, d’Alabama et de Floride. Malgré des tentatives de dégazage et de limitation des dégâts sur l’environnement, la pollution résultante décima des habitats côtiers et marins, l’industrie de la pêche et contamina l’eau et le corps des résidents du golfe du Mexique. Le ton optimiste des campagnes médiatiques de BP, destinées à assurer aux Américains que les régions touchées avaient été remises en état dans les années qui suivirent, n’a fait que donner une idée fausse des effets à long terme de la marée noire.
Le puit de Macond :
La propagande de BP :
La marée noire de Deepwater est un excellent exemple de ce que l’universitaire américain Rob Nixon qualifie de « violence lente ». Elle se caractérise par la façon dont l’industrie moderne et les systèmes économiques créent des conditions dangereuses ou des risques qui sont dispersés dans le temps et l’espace et deviennent menaçants pour la santé humaine et l’environnement par leur lente accumulation. Ce type de violence se normalise tout particulièrement parce qu’elle n’est pas spectaculaire, mais se produit au quotidien. Cette agression progressive –pollution de l’eau, désertification ou exposition aux radiations – et ses effets sur la vie humaine ou non humaine ne peut pas être représentée par un bref extrait sonore, une phrase sur Twitter ou une photo. Bien que spectaculaires, les images de la plateforme Deepwater Horizon en feu ne représentent pas les conséquences sociales et écologiques à long terme de la marée noire – ni la culture de négligence industrielle et gouvernementale qui provoqua l’accident.
En contraste avec cette violence lente, Deepwater et son budget de 156 millions de dollars se présente comme un film de genre pour acteurs célèbres tels que Mark Wahlberg, Kate Hudson et le héros culte, Kurt Russell. Là, la violence progressive du forage pétrolier offshore est brutalement accélérée, accompagnée de tous les effets spéciaux numériques dont Hollywood sait nous bombarder.
Et pourtant, en tant que film catastrophe, Deepwater traite bien son public. Avec des gros plans serrés sur l’ouvrier de la plateforme Mike Williams (Wahlberg), le contremaître Jimmy Harrell (Russell) et la spécialiste de la navigation Andrea Fleytas (Gina Rodriguez), le film entraîne le spectateur dans les espaces réduits et le désastre imminent de ce puits infernal. Le cadrage oppressant des personnages interagissant à bord de l’hélicoptère de transport et sur la plateforme traduit efficacement leur fragilité au sein des énormes rouages de l’industrie pétrolière. Ces stratégies formelles, associées au fait que les personnages sont basés sur les survivants du véritable Deepwater Horizon, créent un film incroyablement attachant et plein de suspens. Compte tenu de la complexité technologique du forage offshore, plusieurs scènes ont aussi des vertus pédagogiques, informant le spectateur sur le mécanisme derrière l’explosion d’un puits – une éruption incontrôlée d’hydrocarbures provoquée par les pressions naturelles de la croute terrestre – et les erreurs à bord de la plateforme qui ont accéléré le désastre. L’une de ces scènes au début du film, par exemple, propose une analogie avec un Coca-Cola sous pression pour expliquer comment les ouvriers injectent de la boue dans les tubes de forage dont ils stabilisent la pression pour éviter ce type d’accident. Si la fille de Williams, Sydney (Stella Allen), utilise cette comparaison pour un exposé à l’école, le dispositif annonce clairement l’explosion que le public sait imminente. Ce genre de séquences, ainsi que l’affichage de titres identifiant la plateforme et d’autres lieux, renseignent bien le spectateur sur les procédés du forage offshore et peuvent même être une source principale d’informations pour ceux qui ne sont pas déjà familiers avec Deepwater Horizon ou cette industrie.
Si Deepwater est un film plaisant, il doit aussi être évalué de manière critique en tant que produit culturel. Comment fonctionne le pétrole au sein du cinéma de genre commercial ? En tant que « biopic » catastrophe, Deepwater a toutes les caractéristiques du genre : des stars séduisantes plongées en plein drame humain (amour, camaraderie), luttant pour survivre dans des circonstances extrêmes, sur lesquelles ils n’ont aucun contrôle ; une esthétique réaliste et crue donnant un sentiment d’authenticité ; et la revendication de précisions technologiques et biographiques par le biais d’interviews avec des survivants comme Mike Williams et des spécialistes de l’industrie pétrolière consultés par la production. Le spectateur doit se poser des questions sur ce qu’implique de tourner, consommer et apprécier ce type de films dont l’essence est la catastrophe naturelle et l’orgueil humain. Ces films de genre sont-ils des moyens de célébrer et d’éprouver rituellement notre fragile place dans le monde ? Ou bénéficient-ils à l’industrie du spectacle aux dépends des survivants ? Ne sont-ils que des distractions qui échappent à toute réflexion critique ? De manière plus significative, que disent ces récits sur les explosions de plateforme pétrolière, les missions spatiales ratées ou les naufrages catastrophiques sur l’énergie et la modernité de notre ère de l’hydrocarbure ?
Le genre n’est pas statique : il émerge et s’adapte aux formes culturelles en réaction aux circonstances sociales, politiques et économiques dans lesquelles nous vivons. Il est déterminé et déterminant culturellement parlant. Le développement du genre « catastrophe écologique » est un exemple de la façon dont les conventions cinématographiques évoluent en fonction des conditions socio-environnementales et des goûts du public. Ce cinéma est en partie issue des films de catastrophes naturelles tels que The Wave (Bølgen, de Roar Uthaug, 2015), dont je parle dans mon article précédent. Cependant, des fictions comme Le Jour d’après (de Roland Emmerich, 2004) réagissent expressément à notre prise de conscience croissante du réchauffement climatique et à nos angoisses sur ce que seraient ses conséquences désastreuses. Certains critiques et professeurs de cinéma demandent une nouvelle appellation pour ce style, la « fiction climatique » (ou « cli-fi » en anglais). Même avant l’émergence de ce genre, les films d’horreur et de science-fiction (en particulier ceux qui ne venaient pas d’Hollywood) ont toujours réagi et tiré profit de circonstances socio-politiques, économiques et environnementales. Les films de monstres de l’ère atomique, ceux d’horreur sur l’inconnu psycho-sexuel et les spectacles ethnographiques exprimant la peur coloniale de résistance et de revanche ont défini et façonné ces genres dès le début.
Mais, quid du pétrole ?
Même si Deepwater est un film catastrophe, il ne porte pas sur le désastre écologique ou le changement climatique. Les conséquences environnementales de l’explosion du puits Macondo ne sont pas montrées à l’écran, mais l’histoire de Deepwater Horizon était, bien entendu, une catastrophe causée par l’homme. A l’inverse de The Wave, la violence ne venait pas de la tectonique des plaques. En fait, en plaçant la responsabilité de l’explosion et de la mort des onze ouvriers sur la négligence et la cupidité de BP (illustrée dans le film par un sinistre représentant joué par John Malkovich), Deepwater écarte toute culpabilité individuelle et sociale pour ce type de marée noire. La plupart d’entre nous, vivant dans des pays riches du nord, jouissons d’un style de vie reposant sur les moyens de transport, de production et de communication offerts par les énergies fossiles. En l’état, nous sommes aussi impliqués dans les systèmes de forage qui alimentent ces démocraties économiques et libérales. Les catastrophes comme celles de Deepwater Horizon devraient donc nous rappeler que ces infrastructures pétrolières sont situées au sein d’un réseau complexe d’intérêts industriels, gouvernementaux et sociaux et qu’en tant que consommateurs nous participons aussi des conditions régissant ces systèmes.
Sous certains points, le récit laisse la porte ouverte à l’exploration de ces questions de responsabilités corporate et/ou sociale, en établissant le pétrole comme condition préalable de la vie américaine (et moderne). De nombreux plans d’infrastructures pétrolières peuplent le film, du côté de l’extraction – comme les tubes de forage de Deepwater Horizon – mais aussi de celui de la consommation. Alors que les ouvriers de la plateforme se rendent au travail, plusieurs séquences les montrent sur la route. Felicia Williams (Kate Hudson) se rend en voiture avec son mari jusqu’à l’aéroport, s’arrêtant en chemin pour remplir le réservoir de leur gros camion. Alors que Mike est à la pompe, Felicia marmonne qu’on achète de l’essence pour aller au travail et pour rentrer chez soi et qu’on travaille pour acheter de l’essence. De la même façon, Andrea Fleytas est étroitement liée à sa voiture, dont elle parle en détail avec Mike et d’autres collègues, comme s’il s’agissait d’un membre de la famille. Des gros plans, en apparence sans motif, des employés de l’aéroport alimentant en carburant l’hélicoptère qui emmène les ouvriers sur la plateforme, rappellent aux spectateurs la nécessité du pétrole dans les moyens actuels de transport et d’industrie. Les travailleurs, ainsi que l’industrie pétrolière, sont montrés autant comme des consommateurs d’hydrocarbures que des producteurs.
Pourtant, malgré tout, Deepwater ne critique jamais la logique du forage offshore, de capitalisme appliqué aux ressources ou la logique de la consommation illimitée. Même si la nature inique de la négligence de l’entreprise est insinuée, l’histoire se concentre sur la lutte pour la survie collective et courageuse des ouvriers. Ce faisant, le film argumente en faveur de la régulation des pratiques des entreprises pour la protection des travailleurs et la culpabilité juridique de BP – mais il n’incite pas le spectateur à se demander pourquoi nous continuons à chercher de nouvelles ressources pétrolières à exploiter, sans se soucier des coûts sociaux et écologiques croissants.
Néanmoins, il montre comment les ouvriers de la plateforme se retrouvent pris dans le même mécanisme de violence lente que les habitants et les écosystèmes des régions touchées par la marée noire. Les corps de ces travailleurs de classe moyenne (blancs pour la plupart) sont tout aussi vulnérables que ceux des oiseaux couverts d’hydrocarbures, images devenues emblématiques dans la couverture médiatique de cette catastrophe et d’autres du même type. (Ces oiseaux mazoutés font aussi une brève apparition marquante dans Deepwater, quand un oiseau, éclaboussé par le pétrole de l’explosion, s’écrase sur un navire de transport proche.)
Cependant, tout type de solidarité entre les groupes de blessés par l’explosion et la pollution est coupé court par le récit – et ne parlons pas de solidarité entre les humains touchés et l’impact non-humain de la marée noire. Le film met l’accent sur les travailleurs au premier plan de ce désastre. Une histoire importante à raconter, certainement, mais qui ne se penche pas sur les problèmes structurels plus grands dans sa narration. Et en les ignorant – ainsi que toute critique sur la place du pétrole dans la culture américaine – le film évite toute discussion inconfortable sur le changement climatique et la responsabilité de l’industrie des énergies fossiles. En tant que spectateurs, nous devons donc nous demander ce que la production de films de genre commerciaux sur le pétrole comme Deepwater et leur soin à éviter certains sujets politiques plutôt que d’autres (le travail et l’industrie au lieu de l’environnement) signifie à notre époque de réchauffement de la planète et d’appétit infini pour l’énergie bon marché.
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Oil and Genre: Part 2
Hollywood, Disaster and the Deepwater Horizon
When a film poster is blazoned with the name of Mark Wahlberg, a Hollywood star known for combative films like The Departed (dir. Martin Scorsese, 2006) and Lone Survivor (dir. Peter Berg, 2013), typically this means that one is faced with a disaster film, a thriller, or a war film. As it turns out, Deepwater Horizon (dir. Peter Berg, 2016) is both all and none of these.
When I recently went to see Deepwater Horizon, Hollywood’s treatment of the events leading up to one of the oil industry’s most horrific environmental disasters, I did so with some trepidation. The film is named for the Deepwater Horizon, a semi-submersible mobile offshore oil drilling platform operated by Transocean for BP in the Louisiana Gulf Coast, which exploded and caught fire on April 20, 2010. Like The Hindenburg (dir. Robert Wise, 1975), Apollo 13 (dir. Ron Howard, 1995) or even Titanic (dir. James Cameron 1997), the very title of this film invokes impended disaster. These types of movies, marketed as dramas “based on a true story,” often reference their real-world namesakes through images or scenes based on media footage that would be recognizable to viewers. While not always realistic, these “true story” disaster films depend upon a level of realism and drama, provoking the viewer to wonder not if there will be blood, but when.
The Deepwater Horizon explosion became infamous as one of the worst environmental disasters in the history of the petroleum industry. Eleven rig workers were killed in the blowout, which caused the platform to explode and sink, exposed the Macondo wellhead on the ocean floor subsequently gushed crude oil into the Gulf of Mexico for eighty-seven days, until it was finally caped on July 15, 2010. An estimated 4.9 million barrels of oil leaked into ocean, with devastating effects on marine life as well as the people who lived along the coast in Louisiana, Mississippi, Alabama, and Florida. Despite attempts to clean up the spill and limit the environmental damage, the resulting pollution decimated coastal and marine habitats, decimated shellfish harvests, and infected Gulf coast residents’ water and bodies. The optimistic tone of BP’s glossy media campaigns, aimed at reassuring Americans that the affected regions had been restored in the years that followed, only belies the ongoing effects of the spill.
Video of the Macondo Well:
BP Corporate Propaganda Film:
The Deepwater Horizon oil spill is a powerful example of what American literary scholar Rob Nixon calls “slow violence.” Slow violence characterizes the way that modern industries and economic systems create dangerous conditions or hazards that are dispersed across space and time, become threatening to human and environmental health through their slow accumulation. This type of violence becomes normalized specifically because it is not spectacular. Instead, it occurs on the level of the everyday. This incremental violence—such as water pollution, desertification or radiation exposure—and its effects on human and nonhuman life cannot be represented in a brief sound bite, Twitter post or photograph. While images of the burning Deepwater Horizon rig are certainly spectacular, they fail to capture the long-ranging social and environmental consequence of the oil spill—nor the cultures of corporate and governmental negligence that caused the accident.
In sharp contrast to this slow violence, Deepwater Horizon promises a $156-million dollar (approximately €142,194,000) genre vehicle for well-known actors like Mark Wahlberg, Kate Hudson, and cult hero Kurt Russell. Here, the incremental violence of offshore oil extraction is cranked up into hyper-speed, complete with all the digitally rendered special effects that Hollywood could throw at it.And yet, as a disaster film, Deepwater Horizon serves it audiences well. With tightly framed close-ups of rig worker Mike Williams (Wahlberg), supervisor Jimmy Harrell (Russell) and navigation specialist Andrea Fleytas (Gina Rodriguez), the film draws the viewer into the tight spaces and impending disaster on this “well from hell.” The claustrophobic framing of the characters’ interactions aboard the helicopter transport and aboard the offshore rig itself effectively conveys their fragility within the larger mechanisms of oil industry. These formal strategies, combined with the fact that these characters are based on the survivors of the real Deepwater Horizon, creates an incredibly affective and satisfyingly suspenseful film. Given the technological complexities of offshore oil extraction, several sequences also serve pedagogical functions, effectively ‘teaching’ the viewer about the physics behind a well blowout—an uncontrolled eruption of oil caused by natural pressures within the Earth’s crust—and what went wrong aboard the offshore platform to accelerate that disaster. One such sequence early in the film, for instance, offers the analogy of a pressurized Coca-Cola to explain how rig workers pump mud into the drill pipes and stabilize pressure on the pipes to prevent such an eruption. While the Williams’ daughter Sydney (Stella Allen) ostensibly uses this analogy for a school project, the device also clearly foreshadows the blowout that audiences know will be coming. Scenes like this, along with the film’s imposition of titles to identify the oil platform and other key locations, effectively teach the viewer about the processes behind offshore oil development and might even be the primary source of information for viewers not already familiar with Deepwater Horizon or the industry.
However satisfying Deepwater Horizon is as a film, as a cultural product designed to sell, it must be evaluated critically as well. How does oil function within commercial film genres? As a ‘bio pic’ disaster film, Deepwater Horizon has all the hallmarks of the genre: attractive stars engaged in human drama (romantic love, camaraderie) struggling to survive in dire circumstances beyond their control; a gritty, realist aesthetic which conveys a sense of authenticity; and claims of technological and biographical accuracy through interviews with survivors like Mike Williams and oil industry specialists consulted by the production team. As spectators, we need to ask ourselves about the politics of making, consuming, and enjoying these kinds of films whose currency is natural disaster and human hubris? Are these genre films ways to commemorate and ritualistically experience our own fragile place in the world? Do they serve to profit entertainment industries at the expense of survivors? Are they mere forms of entertainment that resist critical reflection? Most significantly, what do genre narratives about oil well blowouts, aborted space missions, or catastrophic failures of ships that ‘could not sink’ say about energy and modernity in our age of oil?
Genre is not static; it emerges and adapts across cultural forms in response to the social, political, and economic circumstances that we live in. It is culturally determined, and also determining. One example of how cinematic genre conventions are adapting to meet shifting socio-environmental conditions and audience tastes is the development of the ‘environmental disaster’ genre. Environmental disaster films have emerged in part from natural disaster films, which includes films like The Wave (Bølgen, dir. Roar Uthaug, 2015) which I discuss in my previous article. However, environmental disaster films like The Day After Tomorrow (dir. Roland Emmerich, 2004) are specifically responding to the public’s growing recognition of global warming, and anxieties about what the catastrophic consequences might be. Some critics and film scholars are calling for a new name for this genre of “climate fiction,” or “cli-fi” for short. Even before the emergence of environmental disaster or cli-fi genres, science fiction and horror films (particularly those coming out of Hollywood) have always responded to and profited from socio-political, economic and environmental circumstances. Atomic-age monster films, horror films of the psycho-sexual unknown, and ethnographic spectacles expressing colonial fears of resistance and revenge have defined and shaped these genres from the beginning.
But what of oil?
Although Deepwater Horizon is a disaster film, it is not an environmental disaster or climate change film. Not only are the ecological consequences of the Macondo blowout not represented in the film, but Deeptwater Horizon was, of course, a manmade disaster. Unlike The Wave, this violence was not caused by the physics of plate tectonics. In fact, in allocating responsibility for the blowout and eleven workers’ deaths to negligence and greed on the part of BP (represented in the film by a sinister BP rep played by John Malkovich), Deepwater Horizon absolves all individual or societal responsibility for these sorts of oil leaks. For most of us living in wealthy northern countries, we are beneficiaries of a way of life dependent upon the modes of travel, production, and communication that fossil fuels enable. As such, we are also implicated in the systems of oil extraction which fuel these economics and liberal democracies. Disasters like that of the Deepwater Horizon should therefore serve to remind us that these oil infrastructures are located within a complex web of corporate, governmental, and social interests, so we as consumers are also participants within the conditions shaping these systems.
In some ways, the film’s narrative opens the door to explore these kinds of questions of corporate verses social responsibility, by establishing oil as a precondition for American (and modern) life. There are numerous shots of oil infrastructures throughout the film, not only on the extraction end—such as the drilling pipes of the Deepwater Horizon itself—but also on the side of oil consumption. As the rig workers commute to work, there are several sequences showing how they will get there. Felicia Williams (Kate Hudson) drives with her husband to the airport, stopping along the way to put gas in their large truck. As Mike pumps gas, Felicia mutters under her breath about how we buy gas to drive to work, we buy gas to drive home, and we work to buy gas. Andrea Fleytas, similarly, is closely associated with her car, which she discusses at length with Mike and other workers as if it is an intimate member of the family. There are also seemingly unmotivated close-ups of airport workers fueling the helicopter used to transport rig workers to the offshore platform, which only serve to remind viewers of the necessity of oil to our contemporary forms of transportation and industry. The workers, along with the oil industry, are shown to be consumers of petroleum products just as much as they are producers.
Yet despite all this, Deepwater Horizon never critiques the logic of offshore fossil fuel extraction, resource capitalism, or the logic of limitless consumption. Although the iniquitousness of corporate negligence is hinted at, this story focuses on the workers’ collective and courageous struggle to survive. In doing so, the film mounts an argument for the regulation of corporate practices for workers’ protection and the legal culpability of BP—but it does not challenge viewers to reflect upon why we continue to search for new oil reserves to develop, regardless of the intensifying social and ecological costs.
Nevertheless, it’s still possible to see how oil workers become caught up in the same mechanisms of slow violence as the residents and ecosystems located in regions affected by oil spills. The bodies of these middle class (mostly white) workers are just as vulnerable as those of the oil-soaked seabirds, images of which became iconic in media-coverage of this and other oil spills. (These oily seabirds also make a brief but shocking appearance in Deepwater Horizon, in which a flock of birds, showered with oil from the blowout, smash into a nearby transport ship.)
At the same time, however, any type of solidarity between groups of people harmed by blowout and oil pollution is foreclosed by the film’s narrative—let alone solidarities between affected humans and animals. The movie’s emphasis is on the workers who were on the frontline of this disaster. Certainly an important story to tell, but one that avoids reflecting upon larger structural problems in its telling. And by ignoring these structural problems—and any critical reflection upon oil’s place within American culture—the film avoids uncomfortable discussions about climate change and the fossil fuel industry’s participation in it. As viewers, we must therefore ask ourselves what the production of commercial genre films about oil like Deepwater Horizon, and their avoidance of certain political subjects over others (labour and industry, instead of environment), mean in our era of global warming and ever-expanding thirst for cheap energy.
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