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Dans la brume, du québécois Daniel Roby, s’appuie sur un pitch aussi simple qu’excitant : Mathieu (Romain Duris) et Anna (Olga Kurylenko) sont les parents de Sarah (Fantine Harduin), une jeune fille de 12 ans souffrant d’une maladie génétique qui l’empêche de respirer l’air naturel et la condamne à vivre dans une bulle stérilisée. Lorsqu’un gaz mystérieux surgit des tréfonds de la terre et recouvre la surface, engloutissant les immeubles de quatre étages et asphyxiant quiconque le respire, Mathieu et Anna n’ont d’autres solutions que de se réfugier chez leurs voisins du 5ème, un couple de personnes âgées, en laissant Sarah prisonnière de la brume, à l’abri dans sa prison de verre.

Une adéquation parfaite entre son sujet et ses moyens financiers

La force première du film est son adéquation parfaite entre son sujet et ses moyens financiers, tant il ne sonne jamais fauché ou ostentatoire. Plutôt que de s’éparpiller et d’essayer de créer l’illusion d’un film clinquant, Daniel Roby concentre sa capacité à produire des effets spéciaux sur quelques scènes clefs. Les plans montrant la brume numérique – qu’elle soit statique ou qu’elle ravage tout sur son passage – sont peu nombreux, mais particulièrement réussis, conférant à l’ensemble un gage de maîtrise et de crédibilité. Pour le reste, le manque de moyens est compensé par des scènes inventives, où le simple fait de voir les personnages évoluer avec des masques à gaz dans des décors ocres suffit à générer l’idée d’un univers où l’on suffoque.

Dans la brume fait preuve de finesse et ne surligne que discrètement ses points de vue. L’action ne se déroule pas dans le présent – les légères évolutions technologiques, comme l’ordinateur d’Anna et l’utilisation de la VR le prouvent –, mais dans un futur si proche, qu’il est impossible de savoir si l’on à faire à de l’anticipation ou à une catastrophe potentiellement imminente. En brouillant les repères temporels, le jeu sur l’époque où se déroule le film détruit les frontières entre les genres.

En brouillant les repères temporels, le jeu sur l’époque où se déroule le film détruit les frontières entre les genres

Bien que s’imposant sur un terrain peu fréquenté par les réalisateurs francophones, celui du film catastrophe et du post apo, Dans la brume réussit en parallèle à imposer des personnages bien construits qui détonnent avec les archétypes du genre. Le cataclysme et la nécessité de sauver sa fille ne révèlent pas Romain Duris en héros à même d’encaisser les chocs de la réalité. Chaque choc reçu, qu’il s’agisse d’une brulure ou d’une chute, amenuit ses forces et allourdit son corps. Quand la tragédie arrive, il n’y aura pas de retournement de situation, ou de sauvetage inespéré. Par ailleurs, une attention particulière est portée sur le couple de petits vieux qui, loin d’être ridicules, s’avèrent touchants.

Quand Mathieu évoque l’idée que la société est peut-être arrivée à un point de non retour, qu’il y a un moment où il y a trop de morts pour que tout redevienne comme avant, Daniel Roby indique que le film entre totalement dans une ère post-apocalyptique. Les interrogations sur les origines de la brume – phénomène naturel ou catastrophe écologique – disparaissent. Il ne reste que la question de la survie de la prochaine génération, avec l’idée que les plus faibles d’hier seront peut-être les mieux préparés pour affronter le monde de demain.