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NATHAN FOURNIER

DJ Koze – « Pick Up (Extended Disco Version) »
Extrait de Pick Up – 2018 – Banger
Bill Evans Trio – « Nardis »
Extrait de The Last Waltz – 1980 – Jazz
St. Vincent – « Happy Birthday, Johnny »
Extrait de MassEducation – 2018 – Belle chanson

Parce que je n’avais pas grand chose d’autre à faire en 2018, j’ai beaucoup trop écouté de musique, j’en ai fait, j’en ai produit, j’y ai trop pensé et réfléchi pour la première fois depuis que j’avais peut-être 17 ans. Alors voici ce que j’ai écouté le plus, je pense, et ce qui m’a stimulé le plus.

Dès la première note de ce « Pick Up » de DJ Koze (que j’admire plus que je ne l’aime), ce titre a été décrété bande son de mon été, puis de mon automne, puis de mon hiver. Rarement un titre a mêlé pour moi cette nostalgie, ce romantisme, cette mélancolie omniprésente de la house avec un beat aussi simple et efficace. DJ Koze a réussi à définir ce que j’attends souvent dans la musique que j’écoute.

« Nardis » est un titre fascinant. Écrit par Miles Davis, pour Canonball Adderley, mais que Miles n’a jamais enregistré. Bill Evans s’en est emparé et c’est devenu l’étalon de la santé mentale et de la créativité de Bill Evans. C’est aussi un exemple formidable pour étudier l’évolution de son jeu. Les versions des années 60 (avec le miraculeux Scott LaFaro) sont pures, convaincantes et vont droit au but. Les années suivantes, notamment une grande partie des années 70, Bill Evans – notamment à cause de la cocaïne – la joue trop vite. Et, en 79 et 80, juste avant sa mort, « Nardis » s’étend et devient près de 20 minutes de bravoure et d’improvisation. Evans a eu besoin de 20 ans pour exprimer l’essence d’une composition. La version présentée ici est une des dernières versions de « Nardis » enregistrées.
Je vous invite d’ailleurs à lire ce papier fantastique de Steve Silberman sur Evans et « Nardis ».

Je ne sais pas encore trop quoi dire sur cette chanson. Si ce n’est que c’est le truc le plus beau que j’ai entendu depuis des années.

 

MARC MINEUR

Thousand – « Le Nombre de la Bête »
Extrait de Le Tunnel Végétal – 2018 – Chanson Française
The National – « Squalor Victoria (Live In Brussels) »
Extrait de Boxer Live In Brussels – 2018 – Rock épique
Get Well Soon – « Martyrs »
Extrait de The Horror – 2018 – Pop Symphonique

Cela fait maintenant plus de 15 ans que j’ai cette étrange habitude d’écrire pour la musique. Après plus de 2000 articles, il existe ce second souffle, où la quasi-certitude qu’aucun bouleversement majeur n’interviendra n’atténue nullement le plaisir continu et renouvelé de la découverte. Une nouveauté et deux compagnons de longue date (tous masculins, c’est un pur hasard) pour n’en retenir que trois parmi tant d’autres.

2018 est une année de retours attendus pour ceux qu’on suit depuis si longtemps en chanson française comme Dominique A, Jean-Louis Murat, Miossec ou Barbara Carlotti. Mais la vraie satisfaction vient d’ailleurs, de ceux qu’on n’attendait pas parce qu’on ne les connaissait pas. Ce sont Kùylarsen, Miegeville, Ravages et surtout Thousand. Il est venu de nulle part avec une personnalité tellement unique que les ressemblances qu’on tente (Bashung, ce genre) n’en sont pas vraiment. Ce nombre de la bête est un de mes morceaux de l’année que j’emporterai dans les suivantes…

Si ma vie nouvelle me permet d’écouter autant de musique, les concerts se sont singulièrement réduits. Pourtant, j’étais là, ce soir de novembre 2017, pour ce concert de rattrapage dans ce tellement impersonnel Forest National qui a le mérite d’être au bout de ma rue. J’ai été soufflé que la formation si chère à nos coeurs commence par jouer tout l’album Boxers qui fêtait ses dix ans dans l’ordre et en intégralité. C’était forcément parfait, et j’ai choisi ce qui n’est peut-être pas le morceau le plus emblématique mais qui claque particulièrement. (la version ci-dessous provient d’un autre concert, celui de Bruxelles est sorti en vinyle pour le Record Store Day).

Il faut du temps pour qu’on passe au-dessus d’un premier album parfait, pour qu’on suive sereinement l’évolution d’une des meilleures formations de l’époque. Get Well Soon a complètement réussi sa longue mue et sa pop symphonique n’a rien à envier au Divine Comedy des grands jours, version romantisme allemand. La vidéo est un des court-métrages mettant en scène des morceaux de l’album.

 

BENJAMIN FOGEL

Nine Inch Nails – « God Break Down the Door »
Extrait de Bad Witch – 2018 – Indus
Blawan – « Careless »
Extrait de Wet Will Always Dry – 2018 – Electro
Mass Hysteria – « Derrière la foudre »
Extrait de Maniac – 2018 – Metal

2018 a été une année de gestation. Plein de choses initiées en 2017 – un projet d’enfant, la publication d’un second roman et de nouveaux enjeux professionnels – ont pris forme dans l’optique d’éclore en 2019. Il s’agit de périodes étranges, à la fois hyper excitantes et inquiétantes, où l’impatience côtoie la peur que les choses n’aboutissent pas, le tout n’étant peut-être qu’une simple extrapolation de ce qu’est la vie en général : de l’espoir et des craintes. Si je devais citer une chanson qui me parait incarner cette dualité, ce serait « God Break Down the Door » sur le merveilleux dernier EP de Nine Inch Nails.

Alors que je pensais en avoir fini avec ces conneries, 2018 a encore été une année de boulimie culturelle et d’écoutes d’albums compulsives, parfois jusqu’à l’écœurement. Les années passent et l’inflation se poursuit. Chaque jour, à chaque endroit du monde, quelqu’un peut écrire une chanson incroyable qui arrivera à nos oreilles dès le lendemain. Je crois que j’ai rarement découvert autant de nouveaux projets que cette année, et ce en particulier sur les scènes électroniques où chaque visite sur Boomkat ou Resident Advisor débouche sur l’écoute d’un nouveau truc passionnant,  comme par exemple l’album de Blawan.

Ce n’est pas évident de l’admettre, mais 2018 a aussi été l’année où j’ai souvent cru que j’allais craquer sous la pression du travail, où j’ai pensé que cette fois j’étais allé au bout de mes capacités et que j’allais maintenant m’effondrer. Sans surprise, cela a eu pour effet d’accroitre ma consommation de métal et de hardcore, de musiques revigorantes qui donnent envie d’ancrer les pieds dans le sol et de trouver des solutions. Plus étonnant, l’un des disques à grosses guitares que j’ai le plus écouté cette année est peut-être le nouveau Mass Hysteria, un album dont je n’attendais rien et en faveur duquel je serais peut-être même incapable de fournir un argumentaire explicitant mon enthousiasme. Dans ce cas précis, il s’agit d’une constatation factuelle : des chansons comme « L’antre ciel ether », « Chaman acide » ou encore ce « Derrière la foudre » me font vraiment du bien.