Aa
X
Taille de la police
A
A
A
Largeur du texte
-
+
Alignement
Police
Lucinda
Georgia
Couleurs
Mise en page
Portrait
Paysage

01. Foxwarren – « Everything Apart » (Christophe Gauthier)
Extrait de Foxwarren – 2018 – Indie truc
Andy Shauf ne fait rien comme les autres. Le Canadien sort depuis quelques temps sous son nom de jolis disques sous son nom, pastoraux et bien arrangés, rappelant le Neil Young calme de Harvest ou les premières oeuvres de The Band. Sauf qu’à la base, Andy Shauf avait monté un groupe il y a une dizaine d’années, Foxwarren, et qu’il a attendu d’avoir avec un peu de reconnaissance (avec l’album The Party en 2016) pour faire aboutir ce projet. On y retrouve les titres lents et contemplatifs auxquels on est désormais habitué, ainsi que quelques exceptions, comme « Everything Apart », construit sur un beat hypnotique, recouvert d’harmonies vocales solaires et d’un soupçon de distorsion. Et c’est bien aussi.

 

02. Radiohead – « Ill Wind » (Erwan Desbois)
Single – 2019 – Super Face B
Pour cette première playlist de l’année, j’avais tout d’abord pensé à un des morceaux du génial album Hunter d’Anna Calvi – mais je l’ai rattrapé avec un tel retard qu’il a déjà été cité dans deux playlists. Et puis Radiohead a officiellement diffusé un des titres non retenus lors de la sortie de l’album A Moon Shaped Pool, Ill Wind. Il est aussi beau que l’illustration qui l’accompagne, aussi bouleversant que le reste du disque. C’est loin d’être la première fois que le groupe laisse de côté des pépites, avant de les ressortir finalement plus tard. Ça ne devrait pas être la dernière fois non plus.

 

03. Sharon Van Etten – « I Told You Everything » (Isabelle Chelley)
Extrait de Remind Me Tomorrow – 2019 – balade parfaite
“Assise au bar je t’ai tout raconté. Tu as dit, putain, tu as failli mourir” C’est par cette phrase que débute le nouvel album de Sharon Van Etten. On pourrait s’attendre à une confession douloureuse sur une relation toxique, mais l’Américain préfère évoquer les réactions à ses confidences de son interlocuteur que la teneur desdites confidences. Et c’est sans doute ce voile de mystère, cette demi-pudeur qui rend le morceau aussi fascinant. Ça et l’ambiance sombre, avec ces premières notes de piano qui ébauchent la mélodie, la voix de Sharon Van Etten et son faux détachement, la montée en puissance qui ne donne lieu à aucun climax spectaculaire, mais laisse la chanson se dérouler de façon poignante. Un bijou qui ne donne qu’un aperçu d’un album riche en surprises.

 

04. Kadhja Bonet – « Remember the rain » (Thomas Messias)
Extrait de The Visitor – 2016 – Mise à jour
Depuis des années, une bonne résolution vient ponctuer mes mois de janvier : essayer d’écouter plus de musique, des choses différentes, sortir de l’ornière dans laquelle je me complais depuis si longtemps. Cela ne dure jamais longtemps, par manque de temps et de persévérance. Mais je réessaie quand même l’année suivante.
Parmi les titres sur lesquels je suis tombé au gré de mon exploration de début 2019, je suis tombé amoureux de ce titre de Kadhja Bonet, qui n’est pas la fille de Lisa Bonet (dont je suis amoureux depuis la sortie du film High Fidelity en 2000). Manque de chance, le titre date de 2015 et figure en tant que bonus track sur un EP de 2016. Comme tentative de recoller avec l’actualité musicale, on a fait mieux.

 

05. Maes – « Avenue Montaigne » (Guillaume Augias)
Extrait de Pure – 2018 – Bas du bloc
Le rappeur a beau venir de la même ville que Kaaris, Sevran, il n’opte pas du tout pour les mêmes armes. Son flow est frêle et rentré, sa plume directe mais quelque peu désuète (« J’suis pas sûr de voir le jour demain / Mais j’suis sûr du prix du litron »). Dans ce morceau qui le propulse en plein Triangle d’Or tel un Benjamin Franklin en PLS (« Ils ont pris mon temps, argent comptant / Avenue Montaigne, ils voient plus mon teint »), Maes ose une ballade non loin de la Lauryn Hill d’Ex-Factor (« Toi t’étais où quand j’étais pas demandé ? » vs “Where were you when I needed you?”). Les meilleurs auspices, en somme, pour une cure de jouvence.

 

06. Dylan Howe – « Subterraneans » (Arbobo)
Extrait de Subterranean. New designs on Bowie’s Berlin – 2014 – V2 pacifique
Avant la mort de David Bowie, des compilations de reprises avaient fleuri, notamment dans la collection de Béatrice Ardisson. Sur son ultime album, Bowie assumait plus que jamais son goût pour le jazz. C’était la première fois qu’on pouvait rattacher un disque de lui au jazz sans vraiment mentir. Un anglais avait bien perçu cela, un jazzman qui a réuni les instrumentaux de la fameuse “trilogie berlinoise”. Fidèles tout en étant réappropriés, ces morceaux prennent un nouveau visage et une cohérence plus éclatante que jamais. Du grand art. Le plus surprenant, c’est que fin janvier 2019 le pressage original n’est pas épuisé et toujours disponible à la commande via le bandcamp de Howe.

 

07. Miegeville – « La Fin Des Combats » (Marc Mineur)
Extrait de Longue Distance – 2018 – Chanson française
La chanson française est un terrain miné. Miné par le grand écart entre une recherche de modernité hérité de la variété anglophone et d’encombrants maîtres anciens. Fort heureusement, il reste la possibilité de créer de grands morceaux et une des bonnes surprises de l’année écoulée est ce Matthieu Miègeville en a déjà quelques uns sur son premier EP. Issu des musiques dures, il a en tout cas le bagage pour donner des atours bien seyants à ces chansons touchantes.

 

08. Mono – « Nowhere, Now Here » (Benjamin Fogel)
Extrait de Nowhere Now Here – 2019 – Post Rock
Alors que le premier mois de 2019 a été marqué par les nouveaux albums de Deerhunter et de James Blake, c’est le onzième disque de Mono que j’aurai le plus écouté. Groupe de post rock japonais, Mono était face à un double enjeu : ne pas se répéter après 10 albums, le tout dans un style déjà naturellement empreint de répétitions. Si les cordes et les voix sont là pour donner de l’aspérité, ce sont les titres les plus post-rock et les plus évidemment monoïen qui impressionnent par leur manière de sonner neuf sans le moindre effet de manche, sur la simple foi de super riffs, de progressions stimulantes et de couches emmenant peu à peu l’auditeur encore plus loin, comme sur le très beau « Nowhere, Now Here ».

 

09. Zazie – « Speed » (Esther)
Extrait de Essenciel – 2018 – Chanson française 
Cela fait plusieurs années que j’avais arrêté d’écouter Zazie dont les derniers albums étaient, à mon sens, très décevants. Certaines de ses chansons ont pourtant accompagné des moments très importants de ma vie et je les réécoute toujours avec tendresse. C’est notamment le cas de la très belle “Sur toi” ou même de “Rue de la paix” qui a rythmé ma première année d’université il y a…17 ans. Je suis tombée un peu par hasard sur Speed à la faveur des caprices de l’algorithme de Spotify et il m’a semblé retrouver un peu de ce que j’avais aimé il y a longtemps : une mélodie entraînante, des paroles qui restent en tête, un morceau simple mais efficace. Je n’avais besoin de rien de plus. Et ces mots là : “Réveille-toi, fais pas le mort, L’univers ne s’arrête pas, Parce qu’on n’a plus voulu de toi” ont résonné en moi d’un écho troublant mais salutaire.

10. James Blake – « Where’s The Catch? (feat. André 3000) » (Alexandre Mathis)
Extrait de Assume Form – 2018 – Electro pop
On n’allait tout de même pas faire cette playlist de janvier sans rendre les honneurs au nouvel album de James Blake. Le petit génie de l’electro-pop infuse son univers de teintes plus r’n’b qu’à l’accoutumée. Dans Where’s the Catch, il invite André 3000, devenu décidément un adepte des univers chics d’auteurs après sa performance dans le High Life de Claire Denis. En résulte un morceau efficace, presque radiophonique, si ce n’est que le featuring qui doit faire monter la sauce intervient tôt dans la chanson et que les ruptures rappellent qu’on est dans l’univers très envoutant de Blake. Le premier grand album de 2019.

11. DJ Metatron – « 2 The Sky » (Nathan)
Extrait de 2 The Sky – 2016 – Rêve d’ado
Il y a environ 12-13 ans, l’ado que j’étais s’ennuyait à mourir. À base de Garage Band, de guitares et de nombreux moyens de créer des bruits, j’enregistrais et publiais des trucs un peu bordéliques, jamais trop réfléchis. Je superposais des samples non clearés, j’essayais de créer le patchwork de la musique de mes rêves. C’était maladroit, mal enregistré, mal produit mais c’était quelque chose. Et il y a quelques semaines, en écoutant les productions de Traumprinz aka DJ Metatron aka Prince of Denmark aka DJ Healer aka Prime Minister of Doom, il m’était impossible de mettre le doigt et d’expliquer pourquoi cette musique me parle tant, me parait si intime; un sentiment étrange. Pourquoi cette musique m’émeut autant. Puis, au moment de ce cri dans “2 The Sky”, j’ai réalisé: c’est exactement la musique dont l’ado que j’étais a toujours rêvé. Comme si quelqu’un d’autre avait décodé ces envies de création nourries par l’ennui.