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01. Joan as police woman – “Hearts a mess” (Arbobo)
Extrait de Hearts a mess – 2020 – Pop de chambre 
Joan Wasser est toujours aussi sympa sur les réseaux sociaux, et ma foi toujours inspirée (je l’avais perdue de vue avec son coup de mou du trop mal nommé The Classic). Le deuxième volume de reprises qu’elle va sortir fait déjà saliver. En l’occurrence, sa reprise de Hearts a mess de Gotye figurait au départ sur une compilation dont les bénéfices ont aidé l’Australie dévastée par les flammes en 2019. On jurerait pourtant qu’elle vient d’être enregistrée en plein confinement, la nuit pour ne pas capter les bruits du voisinage, en sourdine dans la chambre pour ne pas réveiller le reste de la maisonnée. Et puis avoir les sentiments un peu en bordel, ça décrit plutôt bien notre quotidien actuel, n’est-il pas ?

 

02. The Poppy Family – “Where Evil Grows” (Erwan Desbois)
Extrait de Poppy Seeds – 1971 – Détournement de film pour enfants
Début mars, quand on pouvait encore aller au cinéma, je suis allé voir Sonic avec mon fils. C’était loin d’être extraordinaire (lui pense différemment), mais il y a dans le film une pépite, qui en amène une autre. Jim Carrey interprète avec son génie habituel le maléfique Dr. Robotnik, et au cours d’une scène de mise en œuvre d’un nouveau plan machiavélique, il accompagne ses préparatifs d’une chanson que je n’avais jamais entendue : Where Evil Grows, du groupe canadien The Poppy Family. Pendant quelques minutes le récit s’arrête, laissant la place à un numéro chorégraphié de Jim Carrey qui prend littéralement le pouvoir sur le film, tandis que les paroles de la chanson en subvertissent l’ambiance : « Evil grows in cracks and holes / And lives in people’s minds / Evil grew, it’s part of you / And now it seems to be / That every time I look at you / Evil grows in me. »

 

03. Basia Bulat – “Are You In Love” (Marc Mineur)
Extrait de Are You In Love? – 2020 – Folk Canadien
Cette étrange période est vraiment peu propice à l’écoute pour moi. Vraiment pas. Mais ce sont les raisons pratiques qui expliquent ce relatif silence d’un mois, inédit depuis 2003, date à laquelle j’ai commencé à publier des critiques. Alors on se replonge avec un plaisir certain sur des compilations du passé, groupées par date de sortie. C’est rafraîchissant et permet de jeter un œil sur le chemin parcouru, voir en filigrane l’évolution des modes et de mes goûts. Cependant, certaines sorties viennent titiller les oreilles et prennent une résonance particulière. Je me souviens donc que c’est le 2 janvier 2007 que j’ai découvert Basia Bulat, via le vibrant Snakes and Ladders. Je la suis depuis, fidèlement et je n’ai jamais été déçu. On retrouve sur son dernier album cet héroïsme discret, cette propension à ne pas en faire trop de sa formidable voix, et on a envie de faire passer le bon plan. On aimait déjà Basia, on se rend compte qu’on a besoin d’elle.

 

04. Andrea Laszlo De Simone – “Mistero” (Guillaume Augias)
Extrait de Immensità – 2020 – Intime condition
Un orchestre symphonique restitué avec l’écho d’une chambre de bonne : n’est-ce pas là une parfaite métaphore de l’agrégat d’isolements qui est l’apanage de la moitié de la planète depuis plus d’un mois ? Vent cosmique et air siffloté accompagnent cette ballade délicate et secrète, le cocon idéal dans lequel lover son esprit. On pense au premier Dominique A et au groupe Beirut du Californien Zach Condon, pour les influences, mais oublions ce mot d’influence et espérons qu’il fera partie de ceux qui n’auront plus cours, « après » ; le mot après en fait d’ailleurs aussi partie…

 

05. Bright Eyes – “Persona Non Grata” (Nathan)
Extrait de Persona Non Grata – 2020 – Conorisme 
Un retour de Bright Eyes était une des dernières choses à laquelle je m’attendais cette année. Les mauvaises langues diraient qu’on a déjà assez souffert en 2020. Mais moi je m’en moque parce que la voix et les chansons toujours sur le bord du ridicule, les métaphores un peu ratées et les mélodies simplettes de Conor m’émeuvent toujours. Conor Oberst est ma caution emo. Tant qu’il publie des chansons comme ça, je sens une certaine validation: j’ai le droit d’être toujours ado après 30 ans.

 

06. Pearl Jam – “Who Ever Said” (Benjamin Fogel)
Extrait de Gigaton – 2020 – Indie Rock 
Certains mois, j’hésite, je ne sais pas quel titre choisir pour notre playlist mensuelle, compte-tenu du nombre de disques excitants qui sortent et que j’ai envie de mettre en avant. Ce mois-ci, tout est plus simple puisque mon groupe préféré depuis le jour où j’ai commencé à écouter de la musique – c’était avec la chanson « Go » – vient de sortir un nouvel album. Les années passent et les émotions sont intactes, avec un bel équilibre entre les titres à guitares, les chansons folk portée par le chanteur Eddie Vedder et les morceaux plus expérimentaux, rappelant No Code, album mal aimé du groupe. Il s’agit d’un disque collectif où chaque membre peut s’exprimer, où chaque musicien a son grand moment, le tout avec des textes sur l’écologie et le monde d’après. Un disque fédérateur sur lequel s’appuyer en cette période complexe.

 

07. Måneskin – “Morirò da re” (Thomas Messias)
Extrait de Il ballo della vita – 2018 – Défouloir transalpin
Plus rien à foutre. Si danser et hurler en yaourt sur du rock FM italien me fait du bien, pourquoi je me priverais. Plus rien à foutre.