À l’écoute compulsive des sons puissants de la Lyonnaise de 26 ans installée à Londres, on est d’emblée tenté de parler d’influences. De l’incidence lourde des prods de la drill d’outre-Atlantique et d’outre-Manche, mais aussi de celle plus proche de chez nous, disons davantage Hamza que feu Pop Smoke. Mais aussi de l’empreinte du flow – en français, anglais ou les deux – d’une 070 Shake d’Hoboken, aperçue notamment chez Kanye West. Et puis la marque d’une sensualité rarement ressentie à ce point d’exarcerbation depuis “Blonde” de Frank Ocean.
On entend dire que la pléthore de producteurs et de featurings divers dont s’est entourée Mélanie Crenshaw alias Lala &ce est arrivée au détriment du talent brut tel qu’il s’exprimait dans son premier opus, “Le Son d’après”. Ce genre de raisonnement reviendrait à se couper de diamants comme celui que constitue Travis Scott, au prétexte qu’il est partout, mais partout indispensable, avec Rosalia, Kid Cudi, Future ou qui sais-je encore.
Éprouver son univers au contact de propositions sonores variées permet au contraire de l’affirmer d’autant plus. Cela peut également faire figure d’épreuve du feu, de cap intimidant. À ce jeu-là, bien sûr, la marque du temps prendra pleinement son rôle mais en attendant on ne peut que saluer la plasticité d’expression de Lala &ce, son aptitude à se fondre dans de nombreux décors pour mieux les sublimer.
On sent au long des projets et des réussites de Lala &ce un goût pour la mélancolie autant que pour l’excellence. Paradoxe ? Elle aurait, paraît-il, tourné le dos à une carrière plus ou moins heureuse dans la finance pour se consacrer à sa musique. Qui sait, son destin était peut-être celui d’une as des thunes, mais elle nous aurait laissés sans son atout dans la scène française actuelle.