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Comptine pour la dissolution du monde : à travers les failles

Publié aux éditions Rivages, et traduit de l’anglais (américain) par Jonathan Baillehache

Par Benjamin Fogel, le 17-07-2024
Littérature et BD

Une fratrie abandonnée dans des places obscures, un voyageur de l’espace condamné à la solitude, un cinéaste à la recherche du silence parfait, un homme dont les possessions se volatilisent de manière inexpliquée, des lunettes qui matérialisent l’indicible… autant d’histoires qui composent Comptine pour la dissolution du monde, recueil de 22 nouvelles, qui alternent entre le fantastique, la science-fiction, le thriller et l’horreur – parfois en mélangeant les genres entre eux –, avec toujours en ligne de mire, et pour dénominateur commun, le souhait de provoquer malaise et angoisse. Malgré la variété des styles et des approches, il s’agit néanmoins d’un livre admirablement cohérent qui creuse la question de l’altération des perceptions.

Un livre admirablement cohérent qui creuse la question de l’altération des perceptions

Chaque texte nourrit l’ensemble, tout en possédant sa personnalité propre. Chaque fois – que ce soit à cause de la noirceur des hommes ou des mystères de l’existence, le monde se délite un peu plus, et le sol s’ouvre sous nos pieds. Ultra inventif, Brian Evenson guette les signes de la détérioration du réel et révèle les présences fantomatiques. La souillure, les tâches et les trous servent en général de passerelles vers les Enfers, mais c’est avant tout dans les lieux d’habitations les plus banals qui soient – un appartement en ville, une maison à la campagne – que se manifestent nos peurs les plus intenses.

Pessimiste et flamboyant

Brian Evenson marche dans les pas de Philip K. Dick par sa vision d’un monde en train de se dissoudre, tout en s’inscrivant dans la lignée horrifique de H. P. Lovecraft, avec ses monstres et entités maléfiques, cachés dans les recoins sombres de nos cités. C’est un explorateur des futurs possibles, des couches de réalité imperceptible, et des failles temporelles, dont les personnages sont inexorablement happés par l’inconnu, souvent résigné à leur destin, baissant les bras face au mal. Pessimiste et flamboyant.