La Baronne Perchée de Delphine Bertholon : les vestiges de l’enfance

Billie, pas encore 13 ans, fugue dans l’espoir de provoquer un électro-choc chez Léo, son père qui l’éduque seul, et la délaisse souvent pour la bouteille ou des soirées dans les bars. Après plusieurs semaines de préparation, elle se réfugie dans une cabane, au cœur d’un parc d’acrobranche abandonné, ruine qui symbolise les illusions perdues, mais aussi la possibilité de vivre au sein de la nature dans les vestiges de la civilisation. Billie opère ainsi un double mouvement. Du haut de son arbre, elle s’isole du monde pour mieux cerner les liens qui comptent, tout en prenant de la hauteur afin de changer de perspective.

Avec La Baronne Perchée, Delphine Bertholon continue d’interroger l’adolescence et la manière dont la vérité et le mensonge s’y confrontent – les adolescents y mentent et conspirent, tout en étant en quête de vérité absolue sur leur famille. L’autrice creuse admirablement les difficultés de communication, les non-dits et les impasses dans lesquelles on s’engouffre en voulant surprotéger les siens.

Rares sont les romancier•ères capables d’aussi bien analyser ce point de bascule entre l’enfance et l’adolescence que sont les douzièmes et treizièmes années de nos vies. Une lucidité qui passe énormément par la langue, celle-ci qui trouvant toujours le ton juste : une approche adulte, mais avec l’enthousiasme et la spontanéité de la jeunesse.

Une histoire touchante qui fonctionne parfaitement grâce à l’absence totale de cynisme de l’autrice, dont chaque mot et chaque regard soulignent l’affection sincère qu’elle éprouve pour ses personnages.