Iron Man 2 n’a rien à raconter. La fin du premier opus où l’homme en armure révèle son identité a tué dans l’œuf toute logique de développement en contraignant son héros à vivre dans un monde où la starification et la gestion du positionnement social imposent de consacrer plus de temps aux à-côtés qu’au coeur du combat. Bref, une histoire morte-née. Ainsi dès le départ, ce second volet s’enlise dans des scènes obligées privilégiant la plausibilité du récit aux axes dramatiques. Tony Stark inaugure des salons, Tony Stark va au tribunal, Tony Stark fête son anniversaire, Tony Stark pisse dans son armure. Le scénario est réduit à une succession de sketchs, à des scènes plus ou moins parodiques plus proches de Charlie’s Angel que du monde des comics.
Jon Favreau n’a rien à raconter. Réalisateur de seconde zone, il peine à tenir les rênes de son film. Les scènes d’action manquent cruellement de fluidité, et les scènes d’émotions de justesse. Les armures s’entrechoquent avec autant de légèreté que dans Transformer 2. Le spectateur a l’impression d’assister à un show télé ou de se balader dans un futurospcope peuplé de gens qui parlent trop fort. Lorsqu’il sort de cette routine, l’américain est complètement perdu et reste incapable de produire des ambiances. Les passages en Russie sont ainsi tragiquement râtés. Il y a ici un je m’en foutisme qui avait été habillement masqué dans le premier épisode.
Les acteurs n’ont rien à raconter. Alors qu’on attendait énormément de la rencontre des deux écorchés vifs revenus des enfers, Robert Downey Jr. et Mickey Rourke nient toute la force de la symbolique : le premier cabotine, tandis que le second pleure, comme une chèvre dans un slasher, la mort de son père. Jon Favreau prouve combien il est indigent de pavaner alors que tout reste à faire derrière la caméra. Don Cheadle est réduit à un side-kick en forme de faire-valoir tandis que Sam Rockwell en fait des tonnes afin d’essayer de justifier sa place au générique.
Personne n’a rien à raconter. Tout le monde se complait dans la médiocrité cinématographique et c’est pour cela que Iron Man 2 est un très bon film ! Oui en se débarrassant de tous les codes, en refusant de faire ne serait-ce que le minimum syndical, en tournant sans scénario, en niant toute direction d’acteur, en bâclant les scènes clefs, en oubliant de montrer la douleur du héros, en abandonnant l’objectif de faire un film, Iron Man 2 devient un anti-blockbuster, une sorte de cours de récréation où les acteurs ne pensent qu’à chamailler en dansant frénétiquement autour de leurs meilleures blagues. Il n’y a tellement pas d’enjeux ici que le film en devient incroyablement libre. Tony Stark nargue le monde bien au delà de la pellicule.
Jon Favreau oublie qu’il est à la tête d’une machine de guerre et réalise un film dans le plaisir de l’instant, plus occupé à penser à l’avenir et à aplanir le terrain pour The Avenger de Josh « Buffy » Whedon qu’à s’inquiéter de la pérennité de ses plans. C’est naïf, enfantin et direct comme un épisode inutile du comics. Iron Man 2 est une série B tellement objectivement attaquable qu’elle en devient débilement jouissive.
Note : 7/10
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