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CARIBOU – Swim

Par Benjamin Fogel, le 20-04-2010
Musique

Parce que Daniel Victor Snaith est issu d’une famille de mathématiciens, parce qu’il possède lui-même un doctorat en maths, parce que deux batteries trônaient sur la scène de chaque concert, parce qu’on en sortait hypnotisé, Caribou s’est toujours manifesté aux yeux du monde sous la forme d’un groupe particulièrement rythmique, qui jouait avec les temps et avec les couches. Sur « Milk Of Human Kindness », « Bees » laissait s’échapper des envolées enchanteresses sous fond de krautrock, tandis que sur « Andorra », « After Hours » berçait l’auditeur via un rock psychédélique qui s’alternait avec la pop revigorante pour un résultat proche du Beta Band. Comment allait évoluer le projet Caribou sur « Swim » ?

« Niobe » Le dernier titre de « Andorra » contenait déjà la réponse. Le travail sur les rythmiques allait parfois s’effacer pour laisser place à une electro-pop envoûtante et dansante. Caribou allait jouer de toutes ses cordes pour renaître sous une forme plus homogène où l’équation à X inconnues serait solutionnée par le nombre d’or.

Relayées au second plan, les percussions sont celles d’une boite à rythme sur « Kaili » et c’est la trompette qui prend le lead de la thérapie hypnotique dans la deuxième partie. Mais celles-ci continuent de vivre dans l’ombre et profitent de la moindre brèche pour se réaffirmer (« Bowls »). Et c’est bien lorsque l’ancien régime tient à reprendre le pouvoir que Caribou se fait le plus incisif et le plus passionnant ; un titre comme « Hannibal » arrivant à côtoyer les sommets de Four Tet. Malgré une voix attrayante, Dan Snaith a l’intelligence de ne jamais étouffer ses compositions, il a la retenue nécessaire pour savoir se taire lorsque les chansons l’imposent.

On le savait déjà avec « Melody Day » mais il y a chez Caribou, une véritable volonté d’écrire des hymnes déstructurés, des parfaites pépites pop qu’on aurait tordues dans tous les sens afin de les faire rentrer dans les formats bizarroïdes de l’anglais. « Odessa » illustre parfaitement ces intentions. Si le titre peut s’avérer catchy, il ne s’abaisserait jamais à représenter des matrices trop communes.

Pourtant, on sent bien qu’à force de trop vulgariser les équations, celles-ci ne donnent plus le tournis comme avant. C’est toujours le théorème de Bienaymé-Tchebychev mais il est trop explicité pour en conserver tous ses mystères. « Swim » souffre du syndrome de la recherche de la perfection. Caribou a définitivement voulu livrer l’album electro-pop parfait, aussi bien en terme de mélodies qu’en terme de textures. Le résultat est parfois à l’image de « Leave House » : la démonstration est parfaite, les hypothèses ont bien été exposées, la résolution cite les théorèmes dans leur intégralité, aucune erreur dans les combinaisons probabilistiques et Dan Snaith conclut fièrement par un « Ce qu’il fallait démontrer ». C’est mathématiquement divin mais c’est musicalement légèrement trop froid. De la part de l’émotion dans les mathématiques…

Note : 7/10

>> A lire également, la critique de B2B sur Chroniques Electroniques et la critique de Marc sur Esprits Critiques