[Attention Spoilers] De par sa brillante cohésion scénaristique, la saga God Of War aura donc réussi à imposer dans le monde du gaming un terme qui avait jusqu’à maintenant toujours été brandi pour de basse raisons numérologiques : “trilogie” ! Non pas dans le sens de trois épisodes qui se succèdent mais bien dans le sens d’un tout cohérent où les épisodes se répondent les uns aux autres. L’histoire du fantôme de Sparte est un véritable mythe moderne qui livre une reinterprétation du thème du héros grec.
Récit de la vengeance d’un guerrier sans âme qui n’a que faire du destin des autres, God Of War est une épopée peuplée des figures de la mythologie grecque et fourmillant de personnages emblématiques (Pandore, Les sœurs du Destin, Gaia) : D’abord, serviteur d’Harès (le Dieu de la guerre), recouvert des cendres de sa femme et de sa fille suite à de villes manipulations divines, Kratos ne tardera pas à détrôner son maître et à devenir le premier humain à acquérir sa place au sein de l’Olympe. Quelques années plus tard, congédié par Zeus et accablé par ses propres souffrances, il se lancera alors dans une guerre désespérée et sans pitié pour mettre un terme au règne des Dieux.
Au niveau du gameplay, les puristes retrouveront leur lot de sensations fortes via des combats d’une rare intensité qui ne connaissent aucun temps morts. A bien des égards God of War 3 ne dépareille pas avec ses 2 prédécesseurs au point que malgré le changement de machine, on peut affirmer que le gap technique est plus grand entre le 1 et le 2 qu’entre le 2 et le 3. Hors ce qui pourrait passer pour un defaut et un raté en terme d’évolution joue ici en faveur de la trilogie en s’assurant de jouer la carte de l’uniformité. Seul le système des magies a été modifié, celles-ci étant dorénavant liées aux armes qu’arbore Kratos. Les concepteurs ont également eu la bonne idée de conserver les objets acquis comme la toison d’or ou les ailes d’Icare.
Le jeu n’est ensuite qu’une succession de scènes anthologiques d’une rare fluidité et surtout d’une incroyable brutalité. Comme souvent alors que le moindre film violent recueille les foudres des bien-pensants, le jeu vidéo inaccessible aux détracteurs est globalement épargné (malgré l’interdiction au moins de dix-huit ans, il n’y a aucun doute sur la diffusion du jeu). Ici Kratos arrache les jambes d’Hermes, sacrifie des soupirantes pour bloquer des mécanismes et baise Aphrodite pour récolter des orbes. On se souviendra aussi longtemps de cette scène traumatisante où la fin du combat contre Poséidon est vu du point de vue de l’ennemi, donnant ainsi l’impression étrange de se frapper soi même et se terminant sur deux doigts plantés dans les yeux suite à une simulation du geste via L3 + R3.
Pas à une perfection près, God Of War 3 offre un level design qui illustre avec brio l’intelligence que requiert l’exercice, l’intégralité du jeu pouvant avec du recul être considéré comme un seul et même niveau. Il est également sous ses airs d’Ultimate Beat’em All un brillant jeu d’aventure aux énigmes bien mieux pensées que les quelques leviers à actionner dans un Uncharted. Au fond sans le vouloir God Of War repose sur des bases qui conviendraient parfaitement à un Zelda Like.
Après avoir réglé ses comptes aussi bien avec Kronos que Zeus, Kratos regardera Athéna dans les yeux et lui fera comprendre que la cause de tous les malheurs réside en partie au fond de son propre être. Tel une figure mythique, il hurlera alors « Ma vengeance s’achève ici » et se plantera une épée à travers l’abdomen ! Un jeu vidéo qui se clôture sur le suicide de son héros, remettant ainsi en cause toutes ses velléités guerrières, voilà bien une conclusion ambitieuse digne des plus grandes œuvres.