Lorsqu’un groupe d’electro pop ambiante se met à faire de l’eurodance, c’est comme lorsqu’un groupe d’Epitaph signe sur une major ou qu’un groupe de hip hop inclut soudainement des refrains R’n’B : ça sent la trahison au point de faire ressurgir de sombres instincts de rebelles de bas étages. C’est sûrement puéril mais mieux vaut se comporter comme un enfant que de tomber amoureux de ce nouveau Goldfrapp.
Entendre Alison Goldfrapp entonner niaisement un “Oh oh oh i got a rocket”, c’est un coup à aller mettre au coffre votre édition limitée de « Felt Mountain » de peur qu’elle ne soit corrompue par tant de trivialité. C’est malaisé, à la limite de l’impolitesse. D’autant plus que « Believer » enfonce le clou avec des “Yeah Yeah” à susurrer bêtement dans le creux de l’oreille de la première pimbêche alpaguée en club à l’aide d’une coupe de champagne dont l’ivresse s’avère aussi superficielle que les chansons de ce nouvel album. La boucle est déjà bouclée.
Bien sûr, tout est ici aguicheur et punchy. Les beats font mouche et quelque gimmicks sont particulièrement sucrés. Mais comment se dépêtrer de ces claviers honteusement eighties et de ces mélodies piquées à la dance italienne (« Alive ») ? Non très clairement l’écoute de ce « Head First » ne sera tolérée que dans des cas extrêmes, et sous dérogation de votre médecin traitant. Effectivement une accumulation trop rapide de graisse au niveau des cuisses pourrait vous amener à écouter « Shiny And Warm » et à porter des collants moulants roses fluo tout au long de séances de stretching reconstructives, tandis qu’une trop grande frustration sexuelle pourrait vous amener à vous dandiner sur « I Wanna Life » dans l’espoir de chopper la première provinciale fauchée fraîchement débarquée dans une des pires boites de la capitale. Et vous qui pensiez que regarder « Flash Dance » avec votre conjointe en vous goinfrant de guimauve était le dernier stade de la régression humaine, comment pouviez-vous une seule seconde imaginer ce que Goldfrapp vous infligerait avec le titre « Head First ».
En fait Alison Goldfrapp est un peu à la musique ce que Peter Jackson est au cinéma, une artiste anciennement talentueuse qui perd son inspiration au fur et à mesure qu’elle perd des kilos.
Note : 2/10
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