Afin de faciliter l’approche et l’adhésion, afin d’éviter les à priori, il ne faudrait dans un premier temps ne parler que des textes et des poèmes disponibles sur le blog de Cheval Blanc. Pourtant je ne peux pas m’empêcher de faire un lien avec les origines du bonhomme, origines qui ont forcément un écho tout particulier chez moi. Car avant d’être Cheval Blanc et de jouer les chevaliers servants pour la chanson française de qualité, Jérôme-David Suzat a été le bassiste de No One Is Innocent lors de la période hargneuse du groupe (« Utopia »). Son évolution vers des strates plus littéraires n’en est selon moi que plus touchante tant j’ai toujours aimé les écorchés vifs qui passent de la rage pure à la plume éthérée.
« Révélations » est la première partie d’un diptyque intitulé « The Art of the Démo » et dont la seconde partie « Révolutions » ne verra le jour que dans la seconde partie de l’année.
Dès « Les criminelles », la richesse du chant d’exploration linguistique émeut tandis que la ligne mélodique fait le pont entre Leonard Cohen et Jean-François Coen. Cheval Blanc y tient guitare, piano, batterie et clavier et offre un morceau fleuve sans dépasser les 3 minutes 30. « A la mort du monde » est une magnifique chanson sur l’apocalypse incroyablement pessimiste tout en étant chargée de l’espoir d’un renouveau lointain.
En fait Cheval Blanc représente simultanément les deux versets de la chanson française qui me touchent le plus : en amont la profondeur instrumentale et textuelle de Dominique A (« Le Baiser »), en aval la sincérité émotionnelle d’Alex Beaupain (« Viens dans mes bras »).
« Il n’y pas dans tes yeux ma couleur préférée ». Ce n’est pas grave, ce n’est pas ce que je cherchais. Contre-pied à Arnaud Fleurent-Didier et Erik Arnaud, Cheval Blanc devrait marquer au fer rouge ceux qui ont été élevés par Silvain Vanot.
Note : 7,5/10
>> L’album est en vente sur Bruit Blanc