Les disques sont comme des rêves trop réels. Chaque nuit vous vivez à leurs côtés milles et une histoires, des aventures féeriques, des drames psychologiques, des courses effrénées où l’on fuit devant des riffs offensifs. Puis on se réveille en sueur, l’âme rassasiée ou effrayée. Des images restent, d’autres disparaissent. On joue avec les mots, on joue avec les envies. Légitimement, on finit par tout remettre en cause. La réalité devient flou et s’efface avec le temps. Tous ces disques sont des souvenirs, certains nous accompagnent pour toujours, d’autres ont besoin d’une piqure de rappel.
« Palimpse » est donc la bande originale d’un nouveau voyage. Tout n’y est que velours instrumental. La guitare et les nappes réinventent la folktronica (« In The Forest At Night »), les crépitements prennent nos doutes dans leur bras (« Wreckage ») et des voix lointaines nous guident à travers l’obscurité (« Kissing Disease – First Version »).
Si le discours a changé, si la recette a été revue de fond en comble, il reste chez Melodium cette évidence du songwriting, comme si les chansons étaient écrites, jouées et enregistrées dans la foulées avec une naturelle évidence (« German Voice »). Il ne suffit de pas grand-chose, d’une ligne de guitare tout au plus pour permettre aux chansons de trouver leur chemin (« Guitare Theme »).
Au final, le seul vrai défaut de « Palimpse » tiendrait presque dans son manque de velléités commerciales. A chaque fois que Melodium tient une grande mélodie, on dirait qu’il fait tout pour la garder jalousement et éviter d’en faire une chanson qui pourrait séduire un public plus largue. Dommage par exemple qu’il se refuse sur certains titres à laisser intervenir des invités vocaux qui auraient transcendé les chansons (« Landscapes »).
Une fois de plus, on se réveille en sueur, l’âme rassasiée et effrayée. Rassasiée par l’exquise tenue, par l’insondable cohérence de l’œuvre ; effrayée par ces chansons qui auraient pu être encore plus.
Heureusement, « Palimpse » se clôt sur « Insomnia », une chanson monde qui du haut de sa demi-heure aurait pu être un album à elle toute seule. Avec elle c’est l’assurance de ne plus redormir, de ne plus laisser les états vaporeux cacher sous la brume des albums si importants.
Note : 7/10
>> L’album est en écoute sur le site de Melodium
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