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Retrouver Xiu Xiu après le magique « Women As Lovers », c’est comme aller chercher votre ami d’enfance à l’aéroport après une trop longue absence. Vous ne savez pas dans quel état vous allez le récupérer, magnifié ou ravagé. Mais l’appréhension ne gâche en rien votre excitation. Que peut-il arriver de grave ? A chaque fois que vous avez été séparés, vous l’avez retrouvé complètement changé et votre amitié n’en a été toujours que renforcée. Non il ne peut rien arriver.

Dès « Gray Death », vous vacillez tant vous avez du mal à reconnaître votre ancien camarade de jeu. Il possède bien les mêmes attributs physiques, les mêmes yeux, les mêmes cheveux, la même voix, mais sans même vous rapprocher, vous savez déjà que ce n’est plus le même homme. La guitare folk qui virevolte autour de ce riff dévastateur dévoile une assurance nouvelle, les gimmicks electro et l’instantanéité sont caractéristiques des périodes où il est affable et bien dans sa peau, tandis que le texte prouve que sous la légèreté de l’apparence il a encore gagné en profondeur. Vous vous demandez si l’on peut tomber amoureux de son ami d’enfance. Charmant, raffiné, cultivé, lettré, virile, vulnérable, généreux, ironique… Ne vaut-il pas mieux un homme parfait qu’une femme imparfaite ? Oui Xiu Xiu fait partie de ces rares personnes capables de susciter chez vous les questions les plus absconses.

Que lui est-il arrivé là bas ? Qu’a-t-il trouvé qui le rende si serein ? Comment a-t-il pu devenir si ouvert sur les autres en seulement 2 ans (« Chocolate Makes You Happy ») ? Qui change si vite ? Dès la première poignée de main et la franche accolade fraternelle qui s’en suit, vous réalisez que malgré sa nouvelle métamorphose, votre amitié est intacte, toujours fondées sur les mêmes bases (« Apple for a Brain », « Hyunhye’s Theme »).

Tant de choses ce sont passées pendant ses deux ans. Il n’a pas écrit, pas donné de nouvelles, juste quelques cartes postales où il affichait avec fierté ses nouvelles conquêtes (les splits High Places et Parenthetical Girls). Comment les gens peuvent-ils se réinventer si brusquement. Qu’a-t-il traversé de si intense pour se métamorphoser si vite ? Il a pleuré, il a joui, il est tombé amoureux (« this too shall pass away (for freddy) »).

Dans ses bagages, plein de souvenirs, de trouvailles, des choses exotiques comme du matériel qu’on ne trouverait plus en France : des beats vintage qui n’ont jamais peur du ridicule fournis avec des coupures célestes (« Dear God, I Hate Myself »), des Game Boy d’époque (« Secret Motel ») et des trains électriques (« Cumberland Gap »). Mais surtout et c’est probablement le trésor dont il est le plus fier, il revient de cet étrange contrée avec des mélodies féeriques (« the fabrizio palumbo retaliation »). Il sourit en vous dévoilant tout cet or spirituel. Fier comme un coq que je vous disais !

Tout cela vous semble surréaliste, mais il faut pourtant vous rendre à l’évidence ! Avec ce « Dear God, I Hate Myself », Xiu Xiu revient transformé à la limite de l’imperfectible. Un unique point gâche ses retrouvailles, un sentiment qui vous ronge de l’intérieur, une émotion que vous combattez vivement mais qui est pourtant bien là, l’impression de vous détester vous-même. Comment s’aimer quand on doit partager son temps avec une entité aussi parfaite que votre meilleur ami ?

Note : 9/10

>> A lire également, la critique de Mathieu sur Random Songs