Trio entre deux âges originaire de l’Idaho, The Very Most publie une réinterprétation pop des « Quatre saisons » de Vivaldi. « A Year With The Very Most » compile effectivement les quatre EP sorti par le groupe l’année dernière à la fin de chaque saison et portant les noms bienséants de « Spring », « Summer », « Autumn » et « Winter ». Si le concept peut paraître galvaudé, les chansons le légitiment dès la première écoute.
D’un côté, il y a « Today it’s even better », un titre d’une instantanéité pop qui puise son pouvoir d’attraction au sein de toute votre initiation musicale, un titre qui condense en deux minutes toute la rhétorique des Beatles. De l’autre, il y a « April is the kindest month », une balade transcendée par l’émotion du futur, un songwriting proche de celui de Damon Albarn dans lequel on aurait injecté une bonne dose de fraîcheur. Et ainsi très vite, on se dit que ce découpage temporel va bien au-delà qu’une simple division par saison : The Very Most s’impose spatialement à travers les âges de la pop !
Pour ceux qui comme moi considère comme un axiome la nécessité d’unicité d’œuvre et porte une attention particulière à l’homogénéité de la production entre les titres, « A Year With The Very Most » ne décevra pas. Bien qu’enregistré en quatre fois, il transpire de la vision des membres du groupe. Tout concorde ici et la décomposition temporelle n’a pour but que de laisser l’inspiration se faire corrompre par de nouvelles ambiances. Il en résulte un album qui va quatre fois à l’essentiel, qui ne s’autorise aucun remplissage.
The Very Most me donne envie de me laisser aller, de me rattacher à des métaphores clichesques : Le printanier « The Only pretty ring time » marque bien la renaissance, l’envie de retomber amoureux ; l’estival « A Mid-80s Lower-Middle Class Family Summer Road Trip » sent la mer, les romances sur la plage et le soleil qui brûle les pages des livres ; l’automnal « Autumn Air » traduit l’épiphanie évoquée dans « Cendrillon » d’Eric Reinhardt : l’hivernal « It’s the best thing » donne envie de se blottir dans le cocon familial, d’hiberner et de recommencer le cycle.
The Very Most est ainsi un compagnon de chaque instant. « Away in a manger » c’est Belle & Sebastian délesté de tout poids, c’est le retour à l’innocence folk, c’est simple et décomplexé tout en étant ultre-recherché. Il y a ici une vraie capacité à écrire des pépites avec trois fois rien. « Firewoks » c’est de l’electro-pop enchantée écrite dans une chambre à partir de boucles retrouvées au fond d’un vieux tiroir. Ecouter The Very Most, c’est réécouter de la pop pour la première fois. C’est redécouvrir le plaisir de découvrir.
« A Year With The Very Most » et plus si affinité.
Note : 8,5/10
>> L’album est en écoute intégrale ici
>> A lire également, l’article de Thierry sur Jazz Blues & Co ; Merci l’ami pour la découverte :)