Dans ma chronique de l’excellent « Max et les Maximonstres » de Spike Jonze, j’ai volontairement omis toute référence à la musique du film persuadé d’y revenir incessamment sous peu, puis le temps à filer, les volontés se sont dissolues. Il faut pourtant bien rappeler combien les chansons de ces Kids menés par Karen O font partie intégrante du succès de l’adaptation cinématographique de l’œuvre de Maurice Sendak.
Dès la pop barrée de « All is Love », on devine que « Where The Wild Things Are » sera plus qu’une simple BO ou qu’un obscure side-project. Il y a une vraie volonté dedans d’imposer un univers, de transgresser le travail attendu. Les lignes de piano soulignent l’esseulement de Karen O (« Worried Shoes ») et sa voix colle à merveille aux émotions du jeune Max. On ressent un vrai plaisir à redécouvrir cette nouvelle facette de la voix de la chanteuse des Yeah Yeah Yeahs. Elle dévoile une vraie sensibilité sur des folk songs qui comme « Hidaways » ne se déroberaient pas devant Cat Power. Rarement le monde de l’enfance n’aura été si bien retranscrit par la musique. On y sent l’imaginaire (« Animals »), on se frotte à sa fougue juvénile (« Capsize »), on se plonge dans ce monde fait de cocons et de cabanes (« Cliffs »)
Evidemment, le carcan visuel qui oblige à adapter les compositions à un scénario ne joue pas toujours le rôle de la « contrainte artistique », cette contrainte qui permet habituellement de pousser l’auteur dans ses derniers retranchements et de tire le meilleur de lui-même. De ce fait, il arrive parfois que l’album soit tellement au service de Spike Jonze qu’il en oublie sa propre indépendance et néglige sa durée de vie et le plaisir du spectateur (« Rumpus »). De même, l’aspect « thème », passage obligé de l’exercice, impose des variations superflues à des chansons qui vivaient bien leur vie toute seule (« Building All is Love »). Cela peut comme souvent conférer un aspect remplissage que ne démentira pas des interludes comme « Lost Fur ».
Léger mais angoissant, fourmillant de sonorités rugueuses et inattendues, « Where The Wild Things Are » révèle une nouvelle Karen O bien plus profonde que ne le laissait entrevoir le fade « It’s Blitz ».
Note : 7,5/10
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