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Suite à la réussite transverse de « Dark Night Of The Soul », on comprend bien ce qui a motivé Danger Mouse a renouveler l’expérience de la trinité songwritter + dj Producteur + concept. Le problème c’est que James Mercer des Shins n’est pas Sparklehorse et que l’idée des anagrammes cliquables est cent fois plus anecdotique que les visuels de David Lynch.

Broken Bells est à mes yeux une erreur de casting. La patte de Danger Mouse et ses sonorités chaloupées (« The Ghost Inside ») sont indéniablement présentes mais s’accordent mal avec les mélodies un peu convenues de James Mercer (« The High Road »). La coopération manque de rugosité et ressemble sans surprise à la somme de ses parties sans réelle plus value. On peut être content que le talent ne se dilue pas ; on peut aussi attendre plus de ce genre de projet qu’une simple addition.

Un songwriting impersonnel (« Citizen »), des chansons dont le classicisme finissent par tuer l’ambition (« Your head is on fier »), quelques touches forcées de rock anglais (« October »), Broken Bells, sans être désagréable, a tendance à tourner à vide

Alors bien sûr, nous ne sommes pas non plus en présence d’un duo de bras cassés, et Broken Bells offre évidemment son lot de sucreries pop. Le clavier vintage et les harmonies vocales de « Vaporize » se tirent mutuellement vers le haut, « Sailing to Nowhere » a des choses à raconter et « Trap Doors » propose une version organique des trips spatiaux de Air, une sorte d’épopée galactique sensuelle. On peut même dire que lorsque chacune des deux parties se laisse un peu aller, les personnalités s’opposent et se confrontent provoquant ainsi un tourbillon de frissons comme sur le albarnien « Mongrel Heart » ou sur l’électronique « The Mall land Misery ».

Malgré une jolie collection de chansons à l’effet immédiat, Broken Bells laisse cependant à plusieurs moments la désagréable impression de voir un groupe appliquer une recette, un sentiment qui nuie à l’appropriation sans retenue des chansons.

On me reprochera de ne pas très objectif parce que je déteste The Shins ; on aura pas tout à fait tort.

Note : 6/10

>> A lire également, la critique de Thibault sur La Quenelle Culturelle