L’édition 2015 de l’Austin Psych Fest aurait pu être un énième festival pour freaks et néo-hippies défoncés à l’acide dilué. Mais cette année, le rassemblement à l’affiche soignée (Flaming Lips, The Jesus & Mary Chain, Thee-Oh-Sees, Tame Impala…) peut se targuer d’accueillir un événement très spécial : la reformation, pour un concert unique, des 13th Floor Elevators. Ou du moins des membres survivants de ce groupe mythique, pilier du garage rock et pionnier du psychédélisme. L’histoire courte et torturée des Elevators est indissociable de celle de leur label texan, International Artists. IA pour les intimes. Une petite maison de disques régionale, basée à Houston et dont la trajectoire, émaillée de mauvaises décisions et de quelques coups de chance, devrait être présentée dans les écoles de commerce comme un magnifique contre-exemple en matière de gestion d’entreprise.
International Artists démarre modestement en 1965 : Fred Carroll, jeune entrepreneur cherchant à se faire un nom dans le monde de la musique, crée une petite maison de disques pour sortir le premier single d’un quintette d’Austin, The Coastliners. Alright est du frat rock de bonne facture, le genre de morceau sur lequel on peut brailler en chœur durant des soirées étudiantes bien chargées en alcool. Sauf que le 45 tours ne se vend pas et Fred Carroll se désintéresse très vite de sa création. Début 66, il revend International Artists à un quatuor composé de deux avocats, un ancien propriétaire de studio d’enregistrement, et un homme d’affaires dont l’unique volonté est de se faire rapidement de l’argent sur le dos de petits groupes. Montant de la transaction : 35 $ (soit environ 240 € actuels). Les nouveaux propriétaires du label, inexpérimentés, publient ensuite une série de 45 tours alternant country (Tom Harvey), pop façon Tom Jones (Johnny Williams) ou Petula Clark (Kathy Clarke, un nom prédestiné)… et enchainent les flops. Avant d’entendre parler du single d’un groupe d’Austin qui commence à bien marcher localement : You’re Gonna Miss Me des 13th Floor Elevators. International Artists obtient le droit de diffuser le titre sous licence, puis signe un contrat en bonne et due forme avec le groupe. Qui, dans un Texas ultraconservateur et farouchement anti-drogues, prône l’usage de la marijuana et du LSD, et ne joue jamais la moindre note sans être « chargé ». You’re Gonna Miss Me est un titre brutal, porté par la voix et les hurlements sauvages d’un gamin de 19 ans, Roky Erickson, et agrémenté des bruits uniques produits par Tommy Hall, qui souffle dans une cruche puis amplifie et déforme les sons produits. Les jeunes gens straight et propres sur eux du Texas n’en reviennent pas.
Ce disque, c’est un tournant pour le label. Le single, à partir de mai 66, commence à bien se vendre dans tout le Texas. Les patrons d’IA sentent qu’ils peuvent faire de ce titre un succès national et cherchent donc quelqu’un avec un carnet d’adresses suffisamment épais pour parvenir à leurs fins. Ils le trouvent à Los Angeles en la personne de Lelan Rogers. Créateur de plusieurs labels au début des années 60, il a déjà une certaine expérience du monde de la production musicale, contrairement à ses employeurs : il a par exemple œuvré au retour de la chanteuse soul Esther Phillips (avec une reprise du standard country Release Me, n°8 en 1962). Accessoirement, il est le frère ainé de Kenny Rogers, future star de la country et qui est, à cette époque-là, sur le point de percer avec son groupe The First Edition. Rogers chouchoute les Elevators : il les fait tourner en dehors du Texas, notamment en Californie où leur musique et leurs penchants mystiques font mouche ; il leur décroche des passages à la télé dans des émissions nationales, particulièrement American Bandstand de Dick Clark ; il leur fait enregistrer un album pour bénéficier de l’élan créé par You’re Gonna Miss Me, qui figure dans un paquet de top 10 locaux et qui grimpe à la 55e place du Billboard. The Psychedelic Sounds Of The 13th Floor Elevators sort ainsi en novembre 66. Un disque remarquable autant pour sa pochette trippante que par ses notes de pochette, qui fait ouvertement mention de l’usage de drogues pour « s’ouvrir l’esprit ». Le contenu est impeccable : les Elevators restent un groupe garage féroce, mais contrairement à leurs comparses de l’époque, ils ne font pas de remplissage avec des reprises de groupes de la British Invasion. Et le son de la cruche électrique, loin d’être un simple gimmick, devient la marque de fabrique du groupe. Ces efforts paient et les Elevators deviennent la machine à cash d’International Artists. Mais Lelan Rogers ne veut pas que tout le poids du label repose uniquement sur ses poulains. Il veut donner une cohérence au catalogue mais ne sait pas vraiment comment.
Il la trouvera grâce à The Red Crayola, trio avant-gardiste qu’il découvre un samedi après-midi dans un centre commercial (« Ils ne savaient pas jouer de leurs instruments, le public était fasciné, je me suis dit qu’il y avait un marché pour ce qu’ils faisaient », racontait Rogers). Lorsque le groupe lui présente le projet de pochette pour son premier album The Parable Of Arable Land, énigmatique, bigarrée et psychédélique, ça fait tilt : International Artists va devenir un refuge pour les freaks de l’état du Texas, un laboratoire sonore en phase avec les courants musicaux qui émergent. Le LP de Red Crayola alterne ainsi des passages purement bruitistes (les free-form freak outs, produits par une cinquantaine de non-musiciens amassés dans un studio) et les morceaux plus traditionnels, dont le son tient du croisement improbable entre le Pink Floyd de Syd Barrett, les Byrds et la musique concrète de Pierre Henry. Dans la foulée de Red Crayola, Rogers signe d’autres groupes moins radicaux mais creusant le sillon du psychédélisme cannabico-lysergique, comme Lost & Found, Golden Dawn ou The Chayns.
Mais il y a un souci de taille : après You’re Gonna Miss Me fin 66, International Artists ne produit aucun autre succès. Reverberation, le deuxième single des Elevators, n’a pas fait de grosses vagues (6000 exemplaires vendus en un peu plus de deux mois, 129e au Billboard). Le premier album du groupe est resté underground : 40 000 exemplaires vendus, pas de quoi le faire apparaître parmi les meilleures ventes au niveau national. Roky Erickson et sa bande sont régulièrement la cible des forces de l’ordre qui, au fait de leurs penchants pour les substances illicites, cherchent à les coincer. Précédemment arrêtés pour détention de stupéfiants, ils ne peuvent plus tourner en dehors du Texas. Et la gestation de leur deuxième album, Easter Everywhere, est laborieuse. Même si c’est un chef d’œuvre et qu’il est bien plus abouti et raffiné que son prédécesseur (il suffit d’écouter les 8 minutes du fantastique morceau d’ouverture Slip Inside This House pour s’en convaincre), ce disque pâtit du même mal qui touche la quasi-totalité des sorties d’International Artists : un manque flagrant de promotion. Certes, des exemplaires promo de chaque disque sont régulièrement envoyés aux programmateurs radio et à la presse. Mais le label ne fait aucun effort supplémentaire pour soutenir ses poulains. Les albums de Lost & Found et de Golden Dawn, pourtant d’excellente qualité, passent ainsi inaperçus. Et ça a le don d’agacer Lelan Rogers, qui n’obtient pas les moyens d’y remédier : les caisses sont en train de se vider. Après avoir convaincu le vieux bluesman texan Lightnin’ Hopkins d’enregistrer un album pour le label, Rogers se brouille une dernière fois avec les patrons du label et se fait éjecter en février 1968, 18 mois après son arrivée.
IA, qui a toujours besoin d’un hit pour renflouer les caisses, met du temps à se relever de ce départ. Fred Carroll, le créateur du label, est rappelé, secondé pour les tâches de production par Ray Rush. La quête désespérée du succès pousse même IA à sortir un faux live des Elevators (réputés pour leurs concerts furieux), assemblé à partir de chutes de studio sur lesquelles sont ajoutés des applaudissements et des cris… mais le public n’est pas dupe. Et c’est alors que l’improbable se produit. Début 1969, sans raison apparente, un single se met à grimper dans les classements nationaux : Hot Smoke and Sassafras de Bubble Puppy. Du heavy psychédélique impeccable, gorgé de guitares fuzz, d’harmonies vocales subtiles et de ruptures rythmiques. Le 45 tours atteint la 12e place du Billboard et le LP du groupe, produit dans l’euphorie, pointe à la 176e place du classement des albums, faisant de Bubble Puppy le groupe le plus vendeur du label.
Pour d’autres maisons de disques, ce succès inespéré aurait permis de repartir sur des bases saines. Las, avec IA, c’est tout le contraire. L’argent touché grâce à Hot Smoke and Sassafras permet certes de régler les dettes, mais il est aussi utilisé pour racheter une usine de pressage de disques (comme s’il n’y avait pas d’autres priorités…). Surtout, les dirigeants du label passent à côté d’opportunités fabuleuses. La légende veut qu’ils aient refusé de céder les droits du hit de Bubble Puppy à Apple (oui, la maison de disques des Beatles) pour une diffusion en dehors du territoire américain, voulant garder la main sur toute la distribution… alors qu’ils n’en avaient ni les moyens, ni les compétences en interne. La manne s’épuise donc vite. Un dernier album des Elevators assemblé de bric et de broc, un autre du bluesman blanc Dave Allen, un dernier du groupe Endle St. Cloud (dans lequel joue un ex-Lost & Found), une poignée de 45 tours disparates ou opportunistes (comme le curieux Battle Of The Moon / Poor Planet Earth du chanteur de cabaret Sonny Hall, sorti quand les missions Apollo battaient leur plein)… et International Artists met la clé sous la porte au début de l’année 1971, après avoir publié 12 albums et 39 singles en 6 ans.
L’histoire aurait pu s’arrêter là ; elle ne cessera de connaître des rebondissements, jusqu’à aujourd’hui. Quand Lenny Kaye élabore la mythique compilation garage Nuggets en 1972, il y inclut You’re Gonna Miss Me, ce qui ravive l’intérêt pour les Elevators. Une reformation sur scène est même organisée en 1973, incluant John Ike Walton à la batterie, Ronnie Leatherman à la basse, et Roky Erickson. Dont le cerveau a été en partie grillé par l’acide, la paranoïa due à la pression policière, et les séances d’électrochocs suite à son internement volontaire. Deux ans plus tard, le fanzine garage américain Not Fade Away crée un fan club International Artists, qui offre à ses membres une reproduction de l’unique 45 tours des Spades, version préliminaire des Elevators, qui comporte des versions primitives de You’re Gonna Miss Me et de We Sell Soul (retitré Don’t Fall Down sur The Psychedelic Sounds). Puis à partir de 1978, International Artists renaît de ses cendres. En Angleterre, le label Radar ressort les albums des Elevators et de Red Crayola ; aux Etats-Unis, Lelan Rogers, plusieurs fois interviewé au sujet de ses années IA et conscient de l’intérêt renouvelé pour les disques sortis sur le label, décide de relancer la maison de disques, en rééditant sous forme d’un coffret les 12 LP produits dix ans auparavant.
Mieux, partir à la recherche des bandes de ces albums lui permet de retrouver des enregistrements inédits, pépites oubliées qu’il rassemble dans le 13e album d’International Artists, la compilation Epitaph For A Legend sortie en 1980. Disque singulier puisqu’au lieu de retracer la courte histoire du label en l’agrémentant d’une poignée d’inédits, il prend le chemin inverse, un maximum d’inédits pour quelques titres déjà sortis. La construction est particulière aussi : la face A propose un mélange de titres enregistrés par des groupes mineurs du label, la face B est en grande partie consacrée à des démos de Red Crayola, la face C s’intéresse aux bluesmen ayant enregistré pour le label et la face D est entièrement dévolue aux 13th Floor Elevators. En se focalisant sur la période 1965-68, Epitaph For A Legend est tout autant un disque à la gloire d’IA qu’à celle de Lelan Rogers, dont une longue interview figure à l’intérieur de la pochette double.
À l’écoute de cet album, un constat désolant : IA a mobilisé des moyens pour faire enregistrer des morceaux phénoménaux (comme le beatlesien A Part Of You de Thursday’s Children ou le monstre garage I Tried So Hard des Chaparrals), pour finalement ne pas les sortir et leur préférer à l’époque des titres bien inférieurs ou sans intérêt. Poursuivant dans la grande tradition des albums International Artists, Epitaph For A Legend ne connaît qu’une diffusion restreinte. Et Lelan Rogers, vite lassé, lâche l’affaire : il charge le label anglais Charly de rééditer le catalogue IA, avant de le lui céder pour de bon dans les années 90. Charly n’a pas fait que du bon travail : les premières rééditions en CD étaient tout simplement réalisées à partir de transferts des vinyles d’époque avec force réduction de bruit, les bandes masters étant introuvables. Mais depuis 2008, ces enregistrements ont fait l’objet de rééditions soignées, réalisées autant que possible à partir des bandes originales, sous forme de CD-livres à couverture rigide en édition limitée. International Artists, dont les disques ont influencé un nombre incalculable de musiciens, méritait bien cela.
Et donc, en ce début 2015, on apprend que l’Austin Psych Fest accueillera en mai prochain l’unique reformation des membres originaux des 13th Floor Elevators, pour un concert qui marquera le 50e anniversaire du groupe – mais aussi celui d’International Artists. Roky Erickson, revenu des institutions psychiatriques et correctement soigné, va aujourd’hui beaucoup mieux. Tommy Hall, après des années de recherches mystiques, a retrouvé sa cruche électrique pour l’occasion. La section rythmique John Ike Walton (batterie) / Ronnie Leatherman (basse) va rejouer ensemble pour la première fois depuis plus de 40 ans. Stacy Sutherland, guitariste et artisan du 3e album du groupe Bull Of The Woods, est excusé pour cause de décès en 1978 ; il faudra pas moins de deux musiciens pour couvrir son absence, Fred Mitchim et Eli Southard. Inutile de s’attendre à un show incendiaire comme en 1966 de la part de gars de plus de 70 ans au cerveau partiellement grillé, mais Roky Erickson a prouvé, ces dernières années, qu’il avait encore de la ressource sur scène. Le groupe dégage toujours la même aura. International Artists aussi.
The 13th Floor Elevators : The Psychedelic Sounds of The 13th Floor Elevators (IA LP #1, 1966)
Pochette lysergique, texte mystique et contenu sauvage : le premier album des Texans est un mélange détonant, ponctué par les hurlements de Roky Erickson, les riffs bruts de Stacy Sutherland et le son entêtant de la cruche électrique de Tommy Hall. Un premier album historique pour le groupe et pour le label.
The Red Crayola : The Parable Of Arable Land (IA LP #2, 1967)
Des morceaux avant-gardistes et répétitifs, entrecoupés d’improvisations bruitistes concoctées par une cinquantaine d’amis du groupe (surnommés The Famiiar Ugly). Hurricane Fighter Plane, le premier morceau audible du disque, sonne comme un titre oublié du Pink Floyd de Syd Barrett. L’album préfigure le mouvement no wave, 10 ans en avance.
Lost & Found : Forever Lasting Plastic Words / Everybody’s Here (IA LP #3, 1967)
Du rock psychédélique de facture classique à base de guitares fuzz, concocté par des fumeurs de joints déclarés (les inspirations très sonores au début de la parodie dylanienne Everybody’s Here en témoignent). Grosse influence des Elevators, avec une reprise de Don’t Fall Down et la présence occasionnelle de la cruche de Tommy Hall .
The Golden Dawn : Power Plant (IA LP #4, 1967)
Autre album très cannabique, il suffit de regarder la pochette. À l’intérieur, deux faces d’acid rock remplies de duels de guitares sur lesquels se pose la voix haut perchée de George Kinney, ami d’enfance de Roky Erickson. Cet album très soigné a longtemps été prisé des collectionneurs de rock psyché, qui dépensaient des sommes folles pour acquérir le rarissime pressage original de ce disque.
The 13th Floor Elevators : Easter Everywhere (IA LP #5, 1967)
Le premier album des Elevators était novateur ; le second est un aboutissement, un monument du rock psychédélique qui s’ouvre sur les huit minutes hypnotiques de Slip Inside This House (repris par Primal Scream et The Shamen). Plus loin, She Lives (In A Time Of Her Own), Earthquake et (I’ve Got) Levitation sont autant de sommets. Sans oublier une fabuleuse reprise de Dylan, It’s All Over Now Baby Blue.
Lightnin’ Hopkins : Free Form Patterns (IA LP #6, 1968)
C’était un rêve de Lelan Rogers : convaincre Lightnin’ Hopkins d’enregistrer pour lui. Pour l’accompagner, il convoque la section rythmique des Elevators. Durant la session, entre chaque morceau joué, il laisse tourner les bandes et interroge le vieux grigou sur sa vie et sa carrière. La première édition de l’album n’utilise quasiment pas ce dialogue ; la réédition CD de 2011 ajoute deux disques entiers présentant cette conversation ainsi que des morceaux inédits.
The Red Krayola : God Bless The Red Krayola And All Who Sail With It (IA LP #7, 1968)
Plus de Familiar Ugly, plus de longues plages de bordel : le deuxième LP de Red Krayola (qui a dû modifier son nom suite à des menaces de poursuites par le fabricant de crayons) est foncièrement minimaliste, de sa pochette à son contenu. Des morceaux concis (trois minutes maximum, le plus court ne durant que quatre secondes), des mélodies atonales, des rythmes déstabilisants : encore une fois, un disque qui a quinze ans d’avance.
The 13th Floor Elevators : Live (IA LP #8, 1968)
Pour tenter de renflouer les caisses, les dirigeants d’IA misent sur la réputation scénique des Elevators et décident de sortir un live. Problème, ils n’ont pas de bande exploitable à leur disposition. Qu’importe : ils prennent quelques chutes de studio, mixent par dessus le bruit d’une foule surexcitée (enregistrée paraît-il durant un match de boxe), et obtiennent un vrai-faux album live navrant.
The 13th Floor Elevators : Bull Of The Woods (IA LP #9, 1969)
En 1968 les Elevators sont au bord de l’implosion : troubles mentaux pour Roky Erickson, consommation de LSD hallucinante pour Tommy Hall, héroïne pour Stacy Sutherland. C’est dans cette ambiance délétère que le groupe tente d’enregistrer un 3e album. Erickson et Hall sont initialement écartés des séances, Sutherland prenant les rênes. Le résultat est déroutant, moins inspiré que les précédents albums, mais pas sans charmes. Et le cotonneux May the Circle Remain Unbroken est une épitaphe parfaite pour le groupe.
Bubble Puppy : A Gathering Of Promises (IA LP #10, 1969)
Hot Smoke And Sassafras, le premier single du groupe, a redressé la situation du label. L’album produit dans la foulée poursuit sur la voie tracée par le morceau : du heavy rock à belles guitares et harmonies travaillées, complété par quelques titres plus folk, le plus souvent concis à l’exception de I’ve Got To Reach You qui frôle les 8 minutes.
Dave Allen : Color Blind (IA LP #11, 1969)
La pochette fait peur : avec son jeu de mots servant de titre et l’énorme mention « Blues » dégoulinante dans le coin supérieur gauche, IA fait comprendre à l’auditeur sans aucune subtilité qu’il a dans les mains un album d’un bluesman blanc. C’est sympathique, joliment joué, mais ça reste un bon cran en-dessous d’un Johnny Winter ou d’un John Mayall.
Endle St. Cloud : Thank You All Very Much (IA LP #12, 1970)
Le dernier album sorti par IA durant son existence originelle est une curiosité. Chaque morceau est précédé d’une courte intro théâtrale au piano ; le disque mélange allègrement les genres : acid rock, country rock, pop, heavy rock. Le groupe a ajouté à son repertoire deux reprises de Lost & Found (dans lequel a joué le guitariste Peter Black), Professor Black et Come Through. Singulier.
Epitaph For A Legend (IA LP #13, 1980)
Et International Artists, sous l’impulsion de Lelan Rogers, ressuscita près de dix ans après la banqueroute. Au lieu de réaliser une simple compilation pour raconter l’histoire du label, il plonge dans les archives et assemble un double album de raretés, démos, prises différentes et inédits. Les fans des 13th Floor Elevators et de Red Krayola sont à la fête ; les amateurs de garage ont aussi de quoi se mettre sous la dent.
Deezer propose l’ensemble du catalogue IA : les treize albums présentés ci-dessus, ainsi que la compilation en 3 CD Never Ever Land, qui rassemble une bonne partie des singles sortis sur le label. Spotify, en revanche, ne propose plus cette compilation passionnante, ni le faux live des Elevators, ni l’album de Lightnin’ Hopkins.