Sur le papier, Beak>, groupe formé en ce début d’année par Geoff Barrow (Portishead) avec Bill Fullet (Fuzz against Junk) et Matt Williams (Team Brick), avait tout du projet excitant, d’autant que les premiers retours concerts étaient des plus satisfaisants.
Au départ, la dynamique de « I know » s’impose immédiatement, comme s’il s’agissait d’un titre de Fugazi qu’on ne souhaiterait ne jamais voir décoller ; Beak> y canalise la pression. Dommage que la voix soit en retrait car la batterie mène le jeu avec brio. Tout de suite après « Iron Action » concrétise les objectifs du groupe en affirmant l’affiliation avec Can.
Cependant, dans un style qui se veut emprunt de rythmiques martiales, de sonorités minimalistes, et de constructions hypnotiques, il faut savoir savamment doser les mélodies pour maintenir l’attention de l’auditeur. Chaque chanson doit posséder son petit plus, son éclair de génie qui lui permettra de transcender le genre pour ne pas sombrer dans l’oubli d’une musique où la marge de manœuvre est parfois assez faible, et à l’écoute de « Ham Green », on se dit que ce n’est pas forcément le cas. Ainsi, on commence doucement à s’ennuyer sur « Ears have ears », on attend en vain que « Blagdon Lake » débouche sur une autre chose qu’un accroissement du mur de guitare, et on voudrait que « Battery Point » ressemble à autre chose qu’un banal titre de post rock comme il en court sur les albums de Mogwai, Mono et Explosion In The Sky. La qualité ne fait pas défaut au groupe, c’est juste qu’il faut aujourd’hui plus pour s’imposer.
Malgré le mystique « Dundry Hill » et le sinueux « Flax Bourton », on en arrive indéniablement à la conclusion que Beak> possède le talent mais pas les chansons. Ce premier album est parfaitement honorable mais n’apportera absolument rien à un style qu’on espérait voir revenir sur le devant de la scène. Non définitivement si vous souhaitez avoir votre dose annuelle de Krautrock il faudra vous tourner du côté de Turzi.
Note : 5,5/10