Pétrole et cinéma de genre : Politique et avenir du pétrole dans les séries télévisées et le cinéma norvégiens contemporains
Première partie d'une série de trois articles qui s'attardent sur la place et la représentation du pétrole, de son industrie et de ses implications dans le cinéma et les séries. Traduits avec grâce et précision par Isabelle Chelley. Vous trouverez la version originale, en anglais, plus bas.
Le pétrole est à la base de la vie moderne. Il permet à nos voitures de rouler, ses sous-produits fertilisent une grande partie de la nourriture que nous mangeons et il graisse les moteurs et les roues de la plupart de nos modes de transport (des bicyclettes aux voitures en passant par les trains). Pourtant, les infrastructures de l’extraction et du transport du pétrole tels que pipelines, raffineries et plateformes offshore ne sont que rarement représentées dans les divertissements grand public. Même si les films glorifient les biens de consommation et les modes de vie qu’il rend possible – dont les billets d’avion bon marché, la culture des voitures, le plastique jetable, internet – ils ne dépeignent pas en général les lieux, les infrastructures et les pratiques de la production pétrolière. Au lieu de quoi nous ne trouvons que des allusions à son omniprésence dans nos vies : remplir le réservoir de la voiture, allumer une cuisinière à gaz ou prendre un avion pour un autre pays. Ce genre de gestes est directement ou indirectement réalisable grâce à une essence accessible et bon marché, au gaz naturel et aux produits dérivés du pétrole.
Pourtant, si nous dépendons de l’essence, la recherche de nouveaux gisements et leur exploitation demeurent controversées dans le monde. Les importantes industries pétrolières du Canada et des États-Unis, par exemple, sont impliquées dans des polémiques autour de projets comme le Dakota Access Pipeline (contesté par les communautés des Premières Nations et les activistes du Dakota du Nord) et les sables bitumeux d’Athabasca dans le nord de l’Alberta. Ces sites d’extraction et les luttes contre leur développement sont rarement représentés hors des bulletins d’information, des documentaires et des films militants comme Petropolis: Aerial Perspectives sur les sables bitumeux d’Alberta (Peter Mettler, 2010). Typiquement, les médias grand public évitent ces sujets et ces lieux pour diverses raisons commerciales, politiques et narratives. Certains films sur l’environnement, comme le documentaire de Jennifer Baichwal, Manufactured Landscapes (2006) sur le photographe Edward Burtynsky, ont infiltré la culture mainstream et le circuit des festivals, mais cela reste une relative exception.
Chose intéressante, il y a eu ces dernières années plusieurs productions norvégiennes, bien financées, qui ont choisi le pétrole comme sujet de leur récit. La série télévisée à succès, Okkupert (Occupied, 2015), réalisée par Erik Skjoldbjærg, d’après un concept de Jo Nesbø, est sans doute l’exemple le plus connu de ces drames baignant dans l’essence. La première saison – production la plus chère de la télévision norvégienne en date, avec un budget de 90 millions de couronnes soit 10 millions d’euros – a été diffusé dans son pays d’origine en octobre 2015 et est désormais disponible sur Netflix. Okkupert, avec la coproduction norvégienne et européenne Pionér (Pioneer, d’Erik Skjoldbjærg, 2013) et Bølgen (The Wave, de Roar Uthaug, 2015) – qui représenta la Norvège aux Oscars en 2015 – parlent de la place du pétrole dans l’économie et la société contemporaines du pays.
Depuis les années 1970, la Norvège est devenue un acteur-clé dans le développement des réserves pétrolières de la Mer du Nord et un important producteur d’hydrocarbures. Des gisements de pétrole et de gaz naturel sous-marins ont été découverts dans la Mer du Nord (qui se situe à peu près entre le Royaume-Uni, la Norvège et les Pays-Bas) dans les années 1960. Si l’exploration et le développement ont continué au cours de la décennie suivante, ce n’est que dans les années 1980 que de nouvelles technologies ont été mises au point pour une extraction et un transport sous-marin plus fiables. Même si l’extraction pétrolière offshore est devenue plus sûre pour les ouvriers, cette pratique reste très risquée, avec de nombreux exemples de fuites et de catastrophes industrielles affectant l’environnement et les hommes.
Okkupert, Pionér et Bølgen sont toutes des productions commerciales et grand public : les deux premières sont des thrillers politiques et la troisième, un film catastrophe. Chacune utilise notamment l’importance géopolitique du pétrole comme base de son histoire, mais lutte aussi à des degrés divers contre son implication dans les intrigues politiques et les combats individuels du récit. Drames bien écrits et captivants, ces trois productions soulèvent la question du fonctionnement des cultures et de la politique du pétrole au sein du cinéma et de la télévision de genre. Qu’apporte le pétrole à ces films ? Une toile de fond pour l’action, un outil pour la critique sociale ou simplement un cadre réaliste ? Dans ces œuvres, le pétrole (ainsi que les industries et les infrastructures socio-politiques nécessaires à sa production) opère-t-il en tant que présence spectrale ou fondation pour le potentiel du récit ?
Les plateformes pétrolières de la Mer du Nord étant offshore, il peut être relativement simple – en particulier pour les non-Norvégiens regardant Okkupert et ces films – de considérer que ces infrastructures sont « loin des yeux, loin du cœur ». Situées à des kilomètres au large, comment leur présence se traduit à l’écran et dans la narration ? Cette question est spécialement pressante dans une série comme Okkupert. La première saison (la deuxième est prévue pour 2017) commence dans un futur proche, sur l’idée que l’âge du pétrole facile touche à sa fin. Comme l’annonce le générique de début :
Les Etats-Unis sont autosuffisants en termes d’énergie. Des guerres civiles ont arrêté la production pétrolière dans la péninsule arabique. L’Europe est au bord d’une crise énergétique.
Pourtant, au milieu de tout cela et face à des tempêtes de plus en plus graves à cause du changement climatique, la Norvège élit des écologistes au parlement. Le gouvernement du premier ministre Jesper Berg (Henrik Mestad) adopte rapidement une loi visant à cesser la production de pétrole et de gaz naturel norvégiens, fermant toutes ses plateformes et ses raffineries avant d’adopter des réacteurs nucléaires au thorium.
Bien que soutenue par les électeurs et les militants climatiques, cette volonté d’instaurer un nouveau système énergétique post-pétrole est très controversée au sein du reste de l’Europe, dont les gouvernements et les économies dépendent toujours sur les réserves pétrolières de la Norvège. Le titre de la série – Occupied – et son statut de thriller politique deviennent clairs dans le pilote lorsque la Russie, avec un mandat de l’Union Européenne pour faciliter la réouverture de ces raffineries de pétrole et de gaz, est l’instigatrice d’une invasion diplomatique de la Norvège. Sans divulguer les rebondissements dramatiques, le reste de la saison retrace l’escalade de l’occupation russe et ses ramifications dans l’économie, la psyché nationale et la politique norvégiennes. Elle le fait au moyen de plusieurs récits entrecroisés : celui du premier ministre Berg et de son cabinet ; du policier norvégien Hans Martin Djupvik (Eldar Skar) et sa femme juge, Hilde (Selome Emnetu) ; d’Irina Sidorova (Ingeborga Dapkūnaitė), ambassadrice russe en Norvège et actrice majeure dans l’occupation ; de Bente Norum (Ane Dahl Torp), restauratrice dont les affaires reprennent grâce à cette invasion ; et de son époux, Thomas Eriksen (Vegar Hoel), journaliste d’investigation qui critique la collaboration du gouvernement avec les forces russes.
Si Okkupert aborde la question des sentiments anti-Russes en Europe depuis son agression récente et bien réelle de l’Ukraine et son annexion de la Crimée en 2014 – et des fantômes de l’occupation durant la deuxième guerre mondiale – l’importance de la série repose sur sa façon de parler de pétrole et de genre. Okkupert est l’une des rares séries télé grand public (ou de films, d’ailleurs) qui ose se demander à quoi pourrait ressembler la fin de sa domination. Et la réponse qu’elle offre n’est pas optimiste. En se tournant vers la drame politique de l’occupation, le terrorisme intérieur et la montée du nationalisme sous la forme de Fritt Norge (Norvège Libre), Okkupert nous montre que l’âge du pétrole ne s’achèvera pas dans le calme. Le thriller politique est donc au service d’un but critique : nous prouver que le pétrole est une dépendance à laquelle les gouvernements d’Europe, malgré leur sentiment d’être des figures de démocratie libérale, de liberté et de progrès technologique, n’ont pas envie de renoncer.
En même temps, Okkupert faillit à son principe potentiellement radical quand l’intrigue de l’occupation et du terrorisme intérieur prend le dessus, mettant de côté les thèmes plus provocants des effets du réchauffement climatique sur la politique européenne et la possible fin du pétrole. En se focalisant sur les multiples combats pour le pouvoir entre les factions gouvernementales en Norvège, les forces d’occupation russes, une population de plus en plus mécontente et un courant nationaliste grandissant, la série ne s’attarde pas sur les vraies implications politiques, sociales, économiques et environnementales du passage à d’autres sources d’énergie. Les conséquences écologiques d’un programme nucléaire ne sont jamais abordées – bien que les craintes internationales et domestiques sur la fermeture des raffineries de pétrole et de gaz sont traduites, en termes économiques, par une montée du chômage dans le pays et l’instabilité de la bourse dans le pilote. De façon plus significative pour un thriller politique, cependant, on notera l’absence de lobbies industriels et d’autres intérêts institutionnels dans les luttes politiques pour l’avenir – et le pétrole – de la Norvège. Compte-tenu de la force diplomatique et économique des compagnies nationales et multinationales de pétrole et de gaz (et l’alignement historique des intérêts pétroliers et des gouvernements démocratiques autant que despotiques), il est surprenant que l’intrigue politique d’Okkupert n’inclue pas de représentant de l’industrie. Si toutes les plateformes offshore et les raffineries étaient fermées, cela ne provoquerait-il pas un raz-de-marée métaphorique dans l’industrie pétrolière mondiale ? Et quid de Statoil, la multinationale de gaz et de pétrole basée à Stavanger en Norvège et plus grand opérateur dans ses avoirs en Mer du Nord ? En 2013, le gouvernement norvégien détenait la majorité des parts dans la compagnie (dirigée par le ministère du pétrole et de l’énergie) et même si l’entreprise a des exploitations dans plusieurs pays, cesser la production intérieure aurait vraisemblablement de graves conséquences pour Statoil et ses actionnaires. Cet angle aurait été intéressant dans la série, particulièrement en lien avec la façon dont les multinationales et la finance internationale interagissent (et façonnent) les luttes de pouvoir entre l’Union Européenne, la Norvège et la Russie.
Ne pas montrer à quoi ressemblerait la fin du pétrole dans la vie quotidienne est une autre occasion ratée. Même si Okkupert est un thriller politique, la série prend son temps pour explorer certains des impacts de l’occupation et la montée des tensions politiques sur les espaces domestiques et le travail de la population. L’un des lieux clé d’activité politique et de tension intérieure, par exemple, est le restaurant de Bente Norum. En faillite jusqu’à ce qu’elle saisisse l’occasion de s’adresser à l’élite russe et aux dignitaires en visite, son établissement devient le cadre d’intrigues politiques, de tentatives d’assassinat et de drames familiaux. Pourtant, malgré la base spéculative de la série, nous n’avons pas l’opportunité d’imaginer ce que le restaurant – ou d’autres lieux et activités quotidiennes dépeintes – serait sans pétrole bon marché.
Okkupert évoque l’idée de l’arrêt de la production de pétrole, mais n’examine pas en détail ce qu’il signifierait au niveau de nos multiples dépendances au pétrole et au gaz naturel (au-delà du carburant que nous mettons dans nos voitures ou utilisons pour nous chauffer). Comment l’agriculture moderne et, par extension notre alimentation et des restaurants comme celui de Norum, changerait-elle sans fertilisants à base de pétrole ? Pour prendre un autre exemple plus évident de sa présence au quotidien, pensons à l’importance des voitures dans Okkupert. De nombreuses séquences reposent sur elles, en particulier cette poursuite en ouverture où Djupvik suit un hélicoptère russe transportant le premier ministre enlevé à travers la campagne norvégienne. Dans ces scènes, nous pouvons rationaliser l’idée de la série – le remplacement du pétrole par du thorium – en spéculant que la voiture est électrique ou que le changement d’énergie n’a pas été encore achevé (laissant certains véhicules à essence encore fonctionner). Il est plus difficile, mais pas impossible, d’imaginer quel carburant utilise l’hélicoptère. Cependant, nous, les téléspectateurs, restons face au problème des moyens invisibles et ordinaires dont les produits dérivés du pétrole peuplent notre vie quotidienne. Réimaginer l’énergie pour un monde plus vert ne se limite pas simplement à remplacer un système par un autre. Nous aurions plutôt besoin de remettre radicalement en question nos habitudes de voyage, de consommation, d’économie et de déchets au quotidien. Si puissante et distrayante qu’est Okkupert, la série ne parvient malheureusement pas à examiner en détail les implications politiques, environnementales et sociales au sens large de son idée de base de « fin du pétrole ».
Néanmoins, Okkupert est une série importante à regarder – et pas seulement pour ses qualités en tant que divertissement. Okkupert, en particulier lorsqu’on l’aborde avec des films norvégiens récents comme Pionér et Bølgen, souligne la place significative du pétrole en Norvège. Un rappel visuel humoristique de ce rôle central dans Okkupert et le pays est l’utilisation des vrais locaux de Statoil à Fornebu, en Norvège, en guise de bureau fictionnel du premier ministre. L’appropriation sympathique de ce site de richesse nationale et mondiale et de pouvoir rappelle aux téléspectateurs (qui saisissent la référence) le rôle poussé du pétrole dans la politique. Pionér et Bølgen abordent aussi la place majeure qu’il tient dans la Norvège contemporaine, mais de manière sensiblement différente. Bølgen est un film catastrophe classique qui utilise la menace réelle d’un raz-de-marée gigantesque, provoqué par des glissements tectoniques dans les montagnes du pays – pouvant détruire rapidement les fjords voisins – pour raconter le combat d’une famille pour survivre à un tsunami s’abattant sur sa ville. Si le film ne porte pas ostensiblement sur le pétrole, son extraction hante le récit. Le protagoniste Kristian Eikjord (Kristoffer Joner) est un géologue qui surveille une montagne instable près de Geirangerfjord, une destination touristique populaire. Lui et sa femme Idun Eikjord (encore Ane Dahl Torp) décident de s’installer à Stavanger lorsqu’il est embauché par une compagnie pétrolière. Si Stavanger, la capitale pétrolière de la Norvège, n’est mentionnée qu’en passant, le film fait de nombreuses allusions à cette énergie fossile.
Dans le générique de début du film, Kristian fait le plein dans une station-service Statoil – un plan qui présage à la fois de son nouvel emploi dans le secteur pétrolier et nous rappelle l’omniprésence de l’essence et ses dérivés dans le quotidien. A l’inverse du film catastrophe hollywoodien récent, Deepwater (sujet de mon article suivant dans cette série), le désastre dans Bølgen n’est pas provoqué par l’explosion d’un puits de pétrole. Pourtant, la capacité des personnages à survivre aux vagues vient en grande partie de la formation de géologue de Kristian et de son obsession d’une possible manifestation sismique imminente qui semble venir en partir de son aversion psychologique à quitter Geirangerfjord et la montagne pour Stavanger. Si le pétrole n’est pas fondamental à l’intrigue du film comme dans Okkupert, il le hante toujours ainsi que la vie de ses habitants.
À l’instar de Bølgen, Pionér révèle aussi des qualités obsédantes, mais emploie le véhicule du thriller politique pour explorer la façon dont le pétrole s’est de plus en plus ancré dans la politique, la société et l’économie de la Norvège, avec sa découverte et son extraction en Mer du Nord. Pionér – l’une des premières productions d’Erik Skjoldbjærg avant Okkupert – est un thriller inspiré par la collaboration réelle, durant le boom pétrolier au début des années 1980, entre des compagnies de plongeurs norvégiennes et américaines cherchant à établir la viabilité de pipelines sous-marin pour transférer le pétrole des zones d’extraction offshore aux côtes. Petter (Aksel Hennie) et son frère Knut (André Eriksen) sont des plongeurs en eaux profondes embauchés par le gouvernement norvégien pour participer à une expédition expérimentale et poser un pipeline sur le fond marin. Cependant, ce partenariat fragile tourne vite au tragique lorsque Petter cause accidentellement la mort de Knut durant une plongée sur leur lieu de travail. En quête de réponses, Petter sombre dans un complot politique entre des membres du gouvernement du pays et de l’espionnage impliquant des scientifiques norvégiens et d’autres, employés par la firme américaine, Deepsea Divers. Science, industrie et gouvernement deviennent tous des collaborateurs enthousiastes et des rivaux dans la course pour prétendre et tirer profit des énormes gisements pétroliers sous-marins.
À l’instar d’Okkupert, Pionér se sert du thriller politique pour explorer au plan émotionnel une gamme particulière de problèmes liés à la production pétrolière. Il utilise ce genre pour raconter une histoire sur la capacité du pétrole à corrompre les individus et de puissants systèmes et la réalisation grandissante de Petter de sa place dans ce complot. Pionér est également truffé d’images de la véritable infrastructure employée pour extraire et transporter le pétrole, ce qu’assez peu de films commerciaux font aujourd’hui. Les expéditions de plongeurs, par exemple, sont chargées de poser des segments de tuyaux et la plupart des scènes clé ont lieu sous l’eau ou dans des espaces en lien avec elle, comme la chambre de décompression. Les images récurrentes de la plateforme pétrolière offshore sont encore plus frappantes et encadrent le drame émotionnel de Petter. Au début de Pionér, ce dernier rencontre un fonctionnaire gouvernemental sur les docks et une plateforme en partie construite se dessine à l’arrière plan. On la revoit à plusieurs reprises au cours du film, jusqu’à ce qu’elle soit enfin remorquée vers la mer, tandis que Petter conduit sur l’autoroute. D’un côté, la plateforme cherche clairement à nous évoquer l’infrastructure pétrolière en développement en Norvège et l’industrie offshore rendue possible par des travailleurs comme Petter. Sa construction est analogue à la prise de conscience grandissante de l’intrigue politico-industrielle dans laquelle Petter est pris au piège, ainsi qu’à la réussite douteuse des expéditions de plongée.
Mais nous pouvons aussi nous demander si la plateforme offshore est vraiment là. Sa présence est souvent inexpliquée ou n’est pas commentée, si bien qu’il pourrait s’agir d’une projection de la conscience abîmée de Petter. Dans la dernière scène – où Petter rend visite à la veuve de Knut, Maria Salatzar (Stephanie Sigman) et à son jeune fils – la plateforme fait une apparition finale incroyable par la fenêtre de la maison de Maria. Cette image se dessine et vacille dans la brume du soleil de l’après-midi. Comme un mirage dans le désert, la plateforme pétrolière pourrait aussi bien attirer Petter vers une guérison psychologique et une vie dans la classe moyenne avec la famille de Knut ou n’être rien d’autre qu’une illusion flottant dans l’air. L’infrastructure, comme le pétrole, obsèdent Petter et, à travers lui, l’avenir de la Norvège. Quel est, demandent ces images, l’avenir que promet le pétrole ? Richesse et sécurité ? Ou divisions politiques et éruptions de violence ? Le pétrole de la Mer du Nord peut-il apporter l’indépendance énergétique pour certains et le désastre écologique pour tous ? Malgré leurs bases spéculatives, aucune de ces productions ne suggère une réponse. Pourtant, les trois offrent de précieuses réflexions sur la façon dont le pétrole s’infiltre dans nos vies et nos futurs imaginés. Ce faisant, elles formulent aussi la question du rôle que le cinéma et les séries de genre peuvent jouer dans notre estimation contemporaine des hydrocarbures et du réchauffement climatique mondial.
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Oil and Genre: Part 1
The Politics and Futures of Oil in Contemporary Norwegian Film and Television
Oil underpins modern life. It powers the cars we drive, its byproducts fertilize much of the food we eat, and it greases the engines and wheels of most transportation systems (from bicycles to cars to trains). Yet the infrastructures of oil’s extraction and transportation such as pipelines, refineries, and offshore oil platforms are only infrequently depicted in mainstream entertainment media. Even as films celebrate the consumer products and ways of life that petroleum enables—including cheap flights, car culture, disposable plastics, the Internet—they don’t usually depict the actual spaces, infrastructures, and practices of oil production. Instead, we can only find hints of oil’s pervasiveness in our lives. Pumping gas into a car, lighting a gas stove, or catching a flight to another country. These kinds of actions are all directly and indirectly made possible by cheap and accessible oil, natural gas, and petroleum-based byproducts.
Yet even as we depend upon oil, the search for oil reserves and their exploitation remains contentious across the world. Both Canada and the United States, for instance, have large-scale oil industries which are embroiled in controversies around projects such as the Dakota Access Pipeline (which is being protested by First Nations communities and activists in North Dakota) and the Athabasca tar sands in northern Alberta. Moreover, these sites of oil extraction and struggles against development are rarely depicted outside of the evening news, documentary cinema, and activist films like Petropolis: Aerial Perspectives on the Alberta Tar Sands (dir. Peter Mettler, 2010). Mainstream commercial media typically avoids these subjects and spaces, for a variety of commercial, political, and narrative reasons. Some environmentalist films, like Jennifer Baichwal’s documentary Manufactured Landscapes (2006) about photographer Edward Burtynsky, have made it into mainstream culture and film festival circuits, yet these remain relatively few and far between.
Interestingly, there have been several well-funded Norwegian productions in recent years that take up the subject of oil as the basis for the narratives’ drama. The acclaimed television show Okkupert (Occupied, 2015), directed by Erik Skjoldbjærg and based on a concept by Jo Nesbø, is probably the most well known example of these oil-soaked dramas. The first season—the most expensive Norwegian television production to date with a budget of 90 million kroner or $11 million US—premiered in Norway in October 2015, and is now readily available on Netflix. Okkupert, along with the Norwegian/European coproduction Pionér (Pioneer, dir. Erik Skjoldbjærg, 2013) and Bølgen (The Wave, dir. Roar Uthaug, 2015)—Norway’s submission to the 88th Academy Awards in 2015—speak to oil’s place within contemporary Norwegian economy and society.
Since the 1970s, Norway has become a key player in the development of oil reserves in the North Sea and a leading oil-producing nation. Underwater oil and natural gas deposits were discovered in the North Sea (which roughly lies between the United Kingdom, Norway, and the Netherlands) in the 1960s. While exploration and development continued throughout the following decade, it was only in the 1980s that new technologies were developed to more reliably extract and transport oil deep below the sea. Although offshore oil extraction has become safer for human workers, it is still a highly risky practice, with numerous instances of oil leaks and industrial disasters affecting environments and workers.
Okkupert, Pionér, and Bølgen are all mainstream, commercial genre productions: the first two are political thrillers, and the third, a natural disaster film. Notably, each uses the geopolitical significance of oil as a foundation for their stories, but each also wrestles to varying degrees with the implications of oil to the plots’ political intrigues and individual struggles. As well written, engrossing dramas, all three productions raise the question of how the cultures and politics of oil function within genre television and film. What does oil provide these films—a backdrop for narrative action, a tool for social critique, or just a realistic setting? Does oil (and the industries and socio-political infrastructures with produce it) function as a spectral presence in these films, or as the foundation for the narrative’s possibility?
Because North Sea oil platforms are located offshore, it can be relatively simple—particularly for non-Norwegian viewers of Okkupert and these films—to consider these oil infrastructures as ‘out of sight out of mind.’ Located miles offshore, how does their presence get translated to screen and dramatic narrative? This question is particularly pressing for a television show like Okkupert. The first season (the second season is slated for release in 2017) begins in the near future, with the premise that the era of easy oil is at its end. As the opening titles state:
The US is self-sufficient in energy. Civil wars have halted oil production on the Arabian Peninsula. Europe is on the verge of an energy crisis
Yet amidst all this, and facing worsening storms as a result of climate change, Norway elects the Green Party to Parliament on an environmentalist platform. The government, lead by Prime Minister Jesper Berg (Henrik Mestad), quickly signs a bill to stop all Norwegian oil and natural gas production, closing down all oil platforms and refineries in the country in order to transfer to a thorium nuclear energy program.
This move to instate a new post-oil energy system, while supported by the party’s constituency and climate activists, is highly controversial within the rest of Europe, whose governments and economies still rely upon Norway’s oil reserves. The show’s title—Occupied—and status as a political thriller becomes clear in the pilot when Russia, with a mandate to facilitate the reopening of these oil and gas refineries from the European Union, instigates a diplomatic invasion of Norway. Without divulging all the dramatic twists and turns, the rest of the season traces the escalation of Russian occupation and its ramifications on the Norwegian economy, national psyche, and politics. It does this through several entwined narratives: that of Prime Minister Berg and his cabinet; Norwegian policeman Hans Martin Djupvik (Eldar Skar) and his wife Hilde (Selome Emnetu), a judge; Irina Sidorova (Ingeborga Dapkūnaitė), the Russian ambassador to Norway and key actor within the occupation; Bente Norum (Ane Dahl Torp), a Norwegian restaurateur whose business is resuscitated by the occupation; and her husband Thomas Eriksen (Vegar Hoel), an investigative journalist who is critical of the government’s collaboration with the Russian forces.
While Okkupert certainly raises questions of anti-Russian sentiments in Europe following Russia’s recent real-world aggression towards Ukraine and its annexation of Crimea in 2014—and ghosts of Europe’s occupation during World War II—the show’s real importance is how it speaks to oil and genre. Okkupert is one of the few mainstream television shows (or films for that matter) which dares to ask what the end of oil’s dominance might resemble. And the answer it gives is not an optimistic one. By turning to the political drama of occupation, and homegrown terrorism and rising nationalism in the form of Fritt Norge (Free Norway), Okkupert shows us that the era of oil will not end quietly. Here, the political thriller therefore serves a critical purpose: to show us that oil is an addiction that the governments of Europe—despite their self-perception as beacons of liberal democracy, freedom, and technological progress—will not willing give up.
At the same time, Okkupert falls short of its own potentially radical premise when the drama of occupation and domestic terrorism takes over the show—effectively sidelining the more provocative themes of climate change’s effects on European politics and the possible end of oil. By focusing on the multiple struggles for political power within Norway between government factions, the occupying Russian forces, an increasingly disgruntled populace, and growing nationalist movement, the show fails to dwell on the real political, social, economic and environmental implications of switching from petroleum to other energy sources. The environmental consequences of a national nuclear energy program are never raised—although international and domestic fears about the closing of oil and gas plants are translated into economic terms in the country’s rising unemployment and the stock market’s instability in the pilot episode. Most significantly for a political thriller, however, are the absence of industry lobbies and other corporate interests in the political struggles for Norway’s—and oil’s—future. Given the political and economic strength of national and multinational oil and gas companies (and the historical alignment of oil interests with democratic and despotic governments alike), it’s surprising that Okkupert’s political intrigue doesn’t include any industry representatives. If all offshore oil platforms were closed down, and oil and gas refineries shuttered, wouldn’t that create a metaphorical tidal wave across the global oil industry? And what of Statoil, the multinational oil and gas company based in Stavanger, Norway and the largest operator in Norway’s North Sea holdings? As of 2013, the government of Norway was the majority stockholder in the company (managed by the Ministry of Petroleum and Energy), so while the corporation has operations in numerous other countries, closing down all Norwegian oil productions would presumably have grave implications for Statoil and its shareholders. This would have been an interesting angle to explore in the show, particularly in relation to how multinational corporations and international finance interact with (and shape) power struggles between the European Union, Norway, and Russia.
Another lost opportunity is what the end of oil might actually look like in everyday life. Although Okkupert is a political thriller, the show still takes the time to explore some of the impacts of occupation and rising political tensions on people’s domestic spaces and work. One of the key spaces of both political activity and domestic tension, for instance, is Bente Norum’s restaurant. A failing restaurant until she seizes the opportunity to market it to visiting Russian elite and political dignitaries, the restaurant becomes the site of political intrigue, attempted assassinations, and family drama. Yet despite the show’s speculative premise, we’re not given the opportunity to imagine what the restaurant—or any of the places and daily activities depicted—might be like without cheap oil.
Okkupert takes up the idea of stopping oil production, but it doesn’t think through the implications of what this would mean for all the other ways in which we depend upon oil and natural gas (beyond the fuel we put in our cars or use to heat our homes). How would modern industrial agriculture, and by extension our diets and restaurants like Norum’s, change without petroleum-based fertilizers? To take another, more obvious example of oil’s presence in everyday life, we can think about the importance of cars in Okkupert. Numerous sequences rely upon cars, most notably the pilot’s opening car chase in which Djupvik pursues a Russian helicopter bearing the kidnapped prime minister through the Norwegian countryside. In these scenes, we can rationalize the show’s premise of replacing oil with thorium by speculating that the car is electric, or the energy shift hasn’t been fully completed yet (leaving some gas guzzling cars still in use). What powers the helicopter is a little more difficult to rationalize, but it can still be done. However, we as viewers are still left with the problem of all the unseen, ordinary ways that petroleum byproducts inhabit our everyday lives. Reimagining energy for a greener world requires more than simply replacing one system of energy with another. Instead, we would need to radically challenge our everyday practices of travel, consumption, economics, and waste. As powerful and entertaining as Okkupert is, unfortunately the show fails to think through the larger political, environmental, and social implications of its own premise of ‘the end of oil.’
Nevertheless, Okkupert is an important show to watch—and not only for its entertainment value. Okkupert, especially when taken together with recent Norwegian films like Pionér and Bølgen, reminds us of oil’s important place within Norway. One humorous visual reminder of oil’s centrality to Okkupert and the country is the use of Statoil’s real-life offices in Fornebu, Norway as the fictional offices of the prime minister in the show. This playful appropriation of this site of national Norwegian and global oil wealth and power reminds viewers (who get the reference) of oil’s profound participation within politics.
Pionér and Bølgen also take up oil’s embedded place in contemporary Norway, although in markedly different ways. Bølgen is a classical disaster film which uses the real-life threat of massive tidal waves caused by the tectonic shifts in the country’s mountains—which can quickly destroy nearby fjord towns—to tell a story of a family’s struggle to survive a tsunami bearing down on their city. Although the film is not ostensibly about oil, oil extraction nevertheless haunts the narrative. The protagonist Kristian Eikjord (Kristoffer Joner) is a geologist who monitors a geologically instable mountain near Geirangerfjord, a popular tourist destination. He and his wife Idun Eikjord (Ane Dahl Torp, again) decide to move to Stavanger when he gets hired away by an oil company. While Stavanger, the oil capital of Norway, is only mentioned in passing, the film consists of lots of these allusions to oil.
In the film’s opening credits, Kristian is depicted pumping gas at a Statoil gas station—a shot which both foreshadows his new job in the oil sector, and reminds us of oil’s ubiquity within everyday life. Unlike the recent Hollywood disaster film Deepwater Horizon (the subject of my next article in this series), Bølgen’s disaster is not caused by an oil well blow out. Yet the characters’ ability to survive the wave comes in large part from Kristian’s training as a geologist, and his obsession with the possibility of an impending seismic event that seems to stem in part from his psychological reluctance to leave Geirangerfjord and the mountain for Stavanger. Although oil is not foundational to the film’s plot as it is in Okkupert, oil still haunts it and the lives of its inhabitants.
Like Bølgen, Pionér also reveals oil’s haunting qualities but it uses the vehicle of the political thriller to explore how oil has become increasingly entrenched within Norwegian politics, society, and economy with the discovery and extraction of oil in the North Sea. Pionér—one of Erik Skjoldbjærg’s earlier productions before Okkupert—is a thriller inspired by the actual collaboration between Norway and American diving firms during the oil boom in the early 1980s, which sought to establish the viability of undersea pipelines to transfer oil from offshore extraction zones to shore. Petter (Aksel Hennie) and his brother Knut (André Eriksen) are working class deep-sea divers who are hired by the Norwegian government to participate in an experimental diving expedition to lay pipeline along the seafloor. However, this tenuous partnership quickly turns deadly when Petter accidently causes Knut’s death during a dive in a workplace accident. Seeking answers, Petter sinks deeper into a political conspiracy between members of the Norwegian government, and scientific espionage involving both Norwegian scientists and American doctors hired by the American firm, Deepsea Divers. Science, industry, and government all become willing collaborators and competitors in the race to lay claim to—and profit from—massive undersea oil reserves.
Like Okkupert, Pionér uses the political thriller genre to emotionally explore a particular range of issues related to oil production. In this sense, it uses the genre to spin a story of oil’s ability to corrupt both individuals and powerful systems, and Petter’s increasing awareness of his place within the conspiracy. At the same time, Pionér is bathed in imagery of the actual infrastructure used to extract and transport petroleum, in a way that comparatively few commercial films today do. The diving expeditions, for instance, are tasked with laying segments of oil pipes, and most of the key scenes take place during the undersea expeditions or in related spaces like that of the decompression chamber. Even more prominent are the recurring images of the offshore oil rig, which bookend Petter’s emotional drama. In the beginning of Pionér, Petter meets with a government official at the docks, and a partially constructed offshore platform looms in the background. This rig appears at several other moments throughout the film, until it is finally shown being towed out to sea as Petter drives along the highway. On the one hand, this rig clearly seeks to remind us of Norway’s developing oil infrastructure and the offshore industry that workers like Petter made possible. Its construction parallels Petter’s growing awareness of the political/industrial intrigue in which he is ensnared, as well as the dubious success of the diving expeditions.
On the other hand, we might ask ourselves whether the offshore rig is ever actually there at all. Its presence is often unexplained or uncommented upon, making one wonder if it isn’t a projection of Petter’s own damaged consciousness. In the closing scene—in which Petter is visiting Knut’s widow Maria Salatzar (Stephanie Sigman) and young son—the platform makes one final, incredible appearance in the window of Maria’s home. This apparition looms and flickers in the haze of the afternoon sun. Like a mirage in the desert, the oil platform could either be beckoning Petter to a middle class life with Knut’s family and psychological renewal, or it could be nothing more than an illusion hanging in the air. The offshore oil rig, like petroleum itself, haunts Petter and through him, Norway’s future. What, these images ask, are the futures that oil promises? Economic wealth and middle class security? Or political divisions and erupting violence? Can North Sea oil bring energy independence for some, or environmental disaster for all? Despite their speculative premises, none of these productions suggest an answer yet all three offer valuable reflections on how oil seeps into our lives and our imagined futures. In doing so, they also formulate the question of what roles genre film and television might play in our contemporary reckoning with oil and global climate change.
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