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Le moindre DJ en a conscience, un bon set est un set qui monte peu à peu en puissance, avec beaucoup de subtilité et quelques moments d’accalmies afin d’emporter sur ses dernières minutes l’adhésion totale et immodérée du floor. Il semblerait que pour son nouvel opus, Dizzee Rascal ait décidé de réaliser un anti-set. Après un « Maths + English » qui ouvrait déjà largement l’electro-hip hop du MC anglais, « Tongue N’ Cheek » s’avère être un fourre-tout dont la qualité décroît à chaque titre. Heureusement l’album part de très haut avec « Bonkers », une bombe dancefloor, produite par Armand van Helden qui convie à la fête l’univers de Prodigy.

Sur « Road Rage », Dizzee Rascal fait une démonstration de la technicité de son flow. Rageux et viscéral, il invoque la puissance de « Boy in da corner ». « Dance Wiv Me » démare comme un titre R’n’B mais c’est pour mieux y glisser son beat malicieux. « Freaky Freaky » est le premier titre qui fait baisser la température tant l’anglais s’y auto-caricature sans conviction. « Can’t Tek Me No More » baisse encore un peu le niveau en essayant de digérer des influences mal maitrisées.

La très easy-listening de « Chillin Wiv Da Man Dem », sans être désagréable, interroge. Où Dizzee Rascal veut-il en venir ? Qui cible-t-il avec ce « Tongue N’ Cheek» ? Tout le monde et n’importe qui ? Oui c’est peut être le problème. Du coup « Dirtee Cash » et son « Everybody want to be famous » trouvera un certain echo. Le titre est évidemment parfaitement produit, le flow accroche, mais l’ouverture est trop massive et les aspirations trop évidentes pour tromper l’auditeur. Au contraire, monté sur une boucle un peu old-school, « Money Money Money » regarde du côté des racines electro hip hop du sieur. D’une chanson à l’autre, l’anglais change complètement de style et ce n’est pas faire de la diffamation que de dire qu’il essaye clairement de bouffer à tous les râteliers.

« Leisure » est plus intéressant mais ne tarde pas à ennuyer. Dizzee Rascal y semble essoufflé, fatigué, à bout de force, à moins que se ne soient les productions de Cage qui ne sachent pas lui insuffler la vie. Histoire de retrouver les auditeurs perdus depuis « Dirtee Cash », « Holiday » retrouve le chemin du dancefloor et se pare avec assez peu de finesse d’un refrain qui peine à arriver à la hauteur de Kanye West. Le supplice de la deuxième partie de l’album prend fin avec « Bad Behaviour » qui est anecdotique au point de passer pour une bonus track. Dizzee Rascal répète à nouveau « Money Money Money » et on envie de lui dire que c’est bon, qu’on a saisi le message.

Grosse déception de la part d’un des MC les plus talentueux d’Angleterre : Dizzee Rascal a choisi la voix du succès de masse et a perdu sa singularité dans le transfert. Si « Tongue N’ Cheek » ne manque pas (principalement dans sa première partie) de titres ambitieux, l’album dévoile rapidement un insoutenable défaut d’âme. Après je vous l’accorde, mieux vaut entendre ça dans les clubs que des remix du dernier Jay Z. Bref, tant mieux pour eux, tant pis pour nous.

Note : 4,5/10