Une chanteuse qui ne cache pas ses formes et qui prouve qu’elles n’ont pas l’apanage de la sensualité, des concerts électriques où le groupe convoque énergie et folie dans le grand chaudron d’un garage rock qui déborde d’envie, des influences soul et funk qui nourrissent des riffs punks pour enfanter une rage passionnelle… oui il en aura fallu de peu pour que The Bellrays arrive à se hisser au plus haut et partage le podium avec Gossip. Nul doute que Lisa Kekaula aurait su convoquer les foules et s’adresser d’une main de fer à des Bercy ployant sous la force de ses discours fédérateurs.
Mais voilà la montée en puissance qui se confirmait avec le tonitruant « The Red, White & Black » a été stoppée par ces changements de line-up qui cassent ces dynamiques qui ne pouvaient relever que de la magie. Lorsque Tony Fate, le guitariste épileptique et incontrôlable, quitte le groupe c’est le désastre à double effet : non seulement, The Bellrays perd sa machine à rugir, mais en plus Bob Vennum (fondateur originel avec Lisa Kekaula) se voit obliger de reprendre son poste initial et de déléguer la basse qu’il dirigeait pourtant d’un doigté infernal à un autre (comment oublier la ligne de « Remember » en 2005 ?). En se séparant d’un membre, le groupe en perdait en fait deux. Mis devant le fait accompli, deux solutions s’offraient à lui : faire comme si de rien était et continuer en moins bien ou profiter de l’occasion pour tourner un peu la roue (et ainsi masquer combien l’absence de Tony Fate aurait pu se faire sentir). C’est la seconde option qui fut choisi et « Have A Little Faith » cacha l’absence de riffs puissants sous une production qui ne les auraient de toute façon pas laissé s’épanouir tandis que « Hard Sweet and Sticky » souligna lui plus justement les influences soul. Deux albums, c’est probablement le temps qu’il fallait à Bob Vennum pour redevenir le brillant capitaine qu’il était.
« Black Lightning » est une poussée de fièvre, un typhon rock’n’roll qui emporte AC/DC sur son passage ! Ca crie, ça riffe, ça jouit ! On se fiche alors si le piano et les chœurs de « Sun Comes Down » en font des tonnes, on s’accroche à la trainée virtuelle que laisse « On Top » en détruisant tout sur son passage et on se laisse gagner par la moiteur ancestrale d’une musique qui évacue le poids de l’Histoire par les pores. The Bellrays a toujours sérieusement envie d’en découdre.
Qu’il soit bêtement punk (« Power to burn ») ou délicieusement pop-soul (« Anymore »), le groupe n’a rien perdu de sa sensualité et de sa bonté. Oui chaque titre rappelle combien ce groupe nous veut du bien ; et en contrepartie nous sommes prêts à lui pardonner ses fautes de goûts et ses compositions parfois approximatives.
Pas de soucis, nous sommes toujours prêts à faire du bruit.
Note : 6,5/10
>> « Black Lightning » est en écoute sur Deezer