Ouvrir les volets le samedi midi, laisser le soleil rentrer et l’esprit sortir. Se sentir dans le monde, le trouver accueillant. Avoir l’impression de renaitre. Et en arrière fond entendre le bourdonnement du sèche-cheveux qui vous rappelle qu’elle est là , à vos côtés. Quelques billes résonnent sur le sol, peut-être ses perles qui ont glissé sur le carrelage (« Little Houseboat ») mais je n’y prends pas garde. Les choses matérielles peuvent bien tomber, les choses matérielles peuvent bien sombrer ; je ne suis déjà plus là .
La nuit passée n’a laissé aucune séquelle, un moment hors du temps où je n’étais plus vraiment moi-même, où je dansais non par pour imiter les gens présents et me sentir normal, mais parce que c’était la chose évidente à faire (« Durian ») ; un moment sans calcul, un moment si rare. La douleur faciale qui accompagnait habituellement toujours ces états ne s’est pas manifestée. Peut-être que mon crâne résonne différemment mais l’heure n’est plus à l’analyse du corps et de ses ressentis (« Wood Face »). Les sons jaillissent, se substituent au monde réel et les objets réagissent en fonction (« Alang Beach »). Qu’ils vivent leur vie, je vivrai la mienne. La cafetière me toise, nous jouons un jeu dangereux (« Bou »).
Jatoma, la nouvelle signature du label Kompakt, disperse ses influences, de Matthew Herbert à Four Tet en passant par DJ Koze, du dub à la house. Les clefs fument, elles semblent brulantes. Je n’arriverai pas à m’en emparer. Je retourne prêt de la fenêtre et réitère fictivement le geste qui ouvre les fenêtres. Elle est sortie de la douche. Se sentir dans le monde, le trouver accueillant, avoir envie de danser comme la veille (« Paper Lights »).
Note : 7/10