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PS’Playlist octobre 2017

Par Collectif, le 01-11-2017
Musique

01. Grace Jones – Love is the drug (Laura)Grace-Jones-Warm-Leatherette
Extrait de “Warm Leatherette” – 1980 – New wave
Découvrir Grace Jones, c’est un choc esthétique à la fois pour les yeux et pour les oreilles. Car la simple apparence de la top model jamaïcaine est en soi une performance, et sa musique une bizarrerie qui sait être immédiatement efficace, mais dont la complexité sonore donne envie d’y revenir encore et encore.

orelsan-fete-finie02. Orelsan – La fête est finie (Thomas Messias)
Extrait de “La fête est finie” – 2017 – Dilemme
Six ans après son dernier album, Orelsan revient, encore plus désabusé que ce qu’il laissait assez brillamment entrevoir dans le film Comment c’est loin. À 95%, l’album tient la route. Le rappeur de l’Orne livre des textes sombres et lucides sur ses cinq premières années de trentenaire et sur un star-system qui lui colle à la semelle comme un vieux chewing-gum. C’est percutant, incisif, parfaitement déprimant. Mais j’ai toujours ce problème de morale : faut-il écouter un mec qui invitait une jeune femme à se faire « marie-trintigner » et qui, s’il affirme avoir changé, continue à affirmer son envie de faire boire des filles trop jeunes pour les ramener chez lui ? Pas simple. Pas basique.

03. Le Klub de Loosers – Fantômes (Benjamin Fogel)Le_Chat_et_autres_histoires
Extrait de “Le Chat et autres histoires” – 2017 – Hip Hop
Entre le troisième album du Klub de Loosers, Sarah la nouvelle pépite de Hyacinthe, et l’annonce du retour d’Abstrackt Keal Agram, octobre est un grand mois pour le hip hop français féru de musiques électroniques. Dans Le Chat et autres histoires, le Klub des Loosers creuse son sillon, en étoffant le travail de composition. Fuzati continue de grandir en tant que producteur, proposant des mélodies et des développements qui semblent pour la première fois aussi importants que ses mots et son désenchantement.

8693a1edc321169ba577b6ea8bcff7f1.1000x1000x104. St. Vincent – New York (Isabelle Chelley)
Extrait de “Masseduction” – 2017 – pop belle à pleurer
Amusant comme certains, à la sortie de cette chanson, se sont précipité pour en décrypter les paroles. On leur souhaite bon courage pour découvrir ce qui se passe dans la tête d’une artiste énigmatique et planquée derrière tant de concepts et de masques qu’elle ferait passer David Bowie pour un p’tit gars tout simple. Et au fond, peu importe si cette chanson est, comme elle a pu l’expliquer, une compilation de textos envoyés à des amis, une histoire de rupture, un hommage à Prince et Bowie ou sa recette du clafoutis. Elle est d’une beauté à tomber, poignante et lyrique sans sombrer dans le pathos ou le too much, petit bijou sur un album décrit par son auteur comme parlant de “sexe, de drogue et de tristesse”. Un programme auquel il est difficile de résister…

05. Lomepal – Yeux disent (Guillaume Augias)images
Extrait de “FLIP” – 2017 – Geste technique
En un tweet : “Suspendue à mi-hauteur entre Camille Bazbaz et David Boring, la nonchalance de Lomepal n’a d’égale que son obsession pour le mot qui claque” (d’accord, un seul tweet c’est peut-être réducteur et expéditif mais à la vérité, l’écoute de l’album entier fait pour ainsi dire ressortir l’éclat de ce titre où tout sonne juste, où l’ensemble est porté d’un bout à l’autre, bien balancé comme disent les darons et dont on ressort avec une impression poisseuse et nécessaire à la fois, à l’instar des sentiments).

The-Natural-Bridge-1475176860-640x63006. Silver Jews – Pretty Eyes (Nathan)
Extrait de “The Natural Bridge” – 1996 – Musique universelle
La voix de David Berman a toujours un soupçon d’ironie. Comme si le poète avait ce complexe de l’imposteur, qui se court-circuitait pour ne pas avoir à répondre du romantisme de sa chanson. Comme s’il se protégeait. Mais David Berman ne devrait pas avoir à se protéger tellement ses vers sonnent juste. Et sincère. Le dernier couplet de “Pretty Eyes” est d’une beauté aussi ridicule qu’absolue.

dd8358f87985996c9ec37bf12b9ac140.1000x1000x107. A. Savage – Ladies From Houston (Thierry Chatain)
Extrait de “Thawing Dawn” – 2017 – rock érudit
J’ai failli prendre peur. Une année sans nouvelles des prolifiques Parquet Courts, sans doute les plus protéiformes représentants actuels du rock new-yorkais post-punk ? Et puis voilà que paraissent coup sur coup “Milano”, collaboration avec Daniele Luppi (et Karen O des Yeah Yeah Yeahs), et le premier album solo d’Andrew Savage, leader du groupe. Au fil des années, ce dernier a accumulé des compos cadrant mal avec ses diverses formations, Parquet Courts donc, mais aussi Real Cool Kids et Fergus & Geronimo. Des titres flirtant avec l’Americana pour certains, et d’autres renouant avec un certain rock anglais excentrique des années 70 qu’il affectionne – ce qui est plus cohérent à l’écoute que sur le papier. C’est nettement du côté anglophile que penche “Ladies From Houston”, à mi-chemin entre la nonchalance d’un Kevin Ayers qui aurait un peu trop picolé avec Leonard Cohen et la pop ostinato de Brian Eno pré-ambient, pour une évocation oblique de la terre natale du chanteur en forme de galerie de portraits pas loin d’un freak-show dans la grande tradition du Sud. Au final, une chanson obsédante, qui prend tout son temps pour distiller son venin et s’achève comme on rentre dans un mur.

Goldlink - At what cost08. Goldlink feat. Steve Lacy – Some Girl (Christophe Gauthier)
Extrait de “At What Cost” – 2017 – Hip hop moderne
J’avais déjà choisi un morceau de Goldlink il y a quelques mois pour une précédente playlist. J’en remets une couche parce que ce mec pond des trucs de qualité avec du beau linge comme Kaytranada, Badbadnotgood, ou encore Steve Lacy. Pas le saxophoniste de jazz (qui de toute façon est déjà mort), mais son homonyme, ex-bassiste de The Internet désormais reconverti dans la soul lo-fi captée sur iPhone. Goldlink emprunte un peu de cette esthétique sur Some Girl : un beat chelou (qui n’est pas sans rappeler celui du morceau Doncha de The Internet), une production spartiate, et la voix chaude de Steve Lacy qui vient s’intercaler entre ses raps monocordes. Ça, c’est pour la première partie du titre, parce qu’à deux minutes de la fin, tout change et ça devient limite flippant…

Pierre Lapointe - 15009. Pierre Lapointe – La Science du Coeur (Marc Mineur)
Extrait de “La Science du Coeur” – 2017 – Chanson Française
Un pied dans le présent, un autre dans un passé étrangement daté, Pierre Lapointe trace comme toujours sa propre route, et on trouvera sur son dernier album en date quelques morceaux qui vont nous accompagner pour toujours. Comme cette sublimement désespérante plage titulaire, crescendo qui ne peut laisser la place qu’au silence, qu’à l’acceptation de ce qu’on vient d’entendre. Le Canadien maîtrise en tous cas toujours autant son sujet, ses mélodies et la communication de ses sentiments. Un grand artiste, quoi…

la-bien-querida_fuego10. La bien querida – Lo veo posible (Arbobo)
Extrait de “Fuego” – 2017 – Pop español
Le label espagnol Elefant reste une valeur sûre. Se côtoient dans cette écurie des artistes qui brossent une pop chantée tantôt en espagnol tantôt en anglais, sans que l’idiome soit forcément lié au genre musical. Ana Fernández-Villaverde sort un 5e album hétéroclite, dont la moitié la plus sombre est sans doute la plus réussie (et quel final !). Lo veo posible… je crois aussi que c’est très possible d’accrocher à La bien querida.

Sabotage_single11. The Beastie Boys – Sabotage (Erwan)
Extrait de “Ill Communication” – 1994 – Hip Hop
Parce que la chanson est parfaite ; et parce qu’elle fait le lien entre Génération Propaganda (le clip a été réalisé par Spike Jonze, qui a débuté chez Propaganda Films) et J. J. Abrams ou l’éternel recommencement (le morceau accompagne la réjouissante séquence d’introduction du personnage de Kirk dans le Star Trek d’Abrams).