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FRINGE – Saison 1

Par Benjamin Fogel, le 20-08-2009
Cinéma et Séries
[Attention spoilers] J.J. Abrams est tout de même un personnage étrange. Effigie geek, touche à tout suractif, il est difficile de définir son champ d’action. A la fois créateur de série, scénariste, réalisateur et producteur, il semble jouer avec les univers apportant sa patte à des projets puis la retirant aussitôt, sans que personne ne connaisse jamais son niveau d’implication. Quelle est aujourd’hui sa cote de crédibilité ? D’un côté, il y a « Alias » et « Lost », deux séries qui ont à leur façon apporté une pierre décisive dans l’acceptation des séries comme véritables œuvres. Si « Alias » a plutôt mal fini, il faut se rappeler des deux premières saisons, des épisodes réalisés par Quentin Tarantino, de la mythologie Rambaldienne, de sa galerie de personnages complexes (Sloane et Jack Bristow en tête). Quant à « Lost », je pense que nous sommes nombreux à s’accorder sur le fait qu’il s’agit à l’heure actuelle de La série ultime. De l’autre côté, il y a deux films, « Mission Impossible 3 » et « Star Trek ». Deux grosses licences, deux films où J.J. Abrams s’est lamentablement planté.

« Fringe », sa dernière série en date (co-crée avec Alex Kurtzman et Roberto Orci), va-t-elle éclaircir notre vision du personnage ? Est-ce une confirmation de son talent ou bien une révélation de l’imposture ? Clairement, la réponse est : ni l’un ni l’autre.

« Fringe » navigue toujours entre deux eaux. La narration s’inspire clairement de celle de « Alias », à savoir que les épisodes sont relativement autonomes les uns des autres tout en s’inscrivant chacun comme les pièces d’un puzzle qui ne nous ait révélé qu’au compte-goutte. Du coup, tournant autour des thématiques des expériences biologiques et bactériologiques, du dépassement des limites de la science, et du surnaturel, la série est dans ses meilleurs moments un « X-Files » auquel on aurait filé un sacré coup de jeune, et dans ses pires un mauvais stand alone des « Experts ».

Pourtant, il ne faut pas mentir : j’ai enchaîné les 20 épisodes de cette première saison en un seul week-end (je ne suis pas un no-life, j’avais juste décidé de ne pas dormir, lol). Si l’on évite de sombrer dans le mauvais esprit, le casting est plutôt réussi, et ce même si le personnage de Walter Bishop aurait mérité d’être plus intriguant, plus brutal, plus fou et moins attachant. En fait, là où le bat blesse le plus clairement, c’est au niveau du scénario qui laisse un peu la même désagréable impression que la saison 1 de « Lost », celle de se faire mener en bateau par des scénaristes qui ne savent pas trop où ils vont et qui disséminent ici ou là plusieurs questions qui resteront dans la majorité (pour l’instant) sans réponse. On aurait aimé que le « Pattern » soit plus clarifié, en connaître les différents acteurs, et surtout qu’Olivia Dunham pète un câble lorsqu’elle n’obtient pas les réponses de personnages qui ne sont là que pour manager le suspens. Difficile tout au long des épisodes de comprendre qui est le méchant, d’où les organisations tirent leur financement, bref qui fait quoi. En revanche lorsque la saison se termine sur le passage de l’agent Dunham dans l’autre monde où elle est accueillit par William Bell interprété par Leonard « Spock » Nimoy, le regain d’intérêt pour la série est inévitable. On se dit alors que comme pour « Lost », il faut laisser le temps à « Fringe » de déployer son intrigue.

Vraiment dommage que J.J. Abrams ait décidé de se lancer dans une série plus facile à suivre et dont la compréhension n’est pas remise en cause par le simple fait d’avoir loupé un épisode. Car à force de vouloir réunir deux publics (l’opposition classique hardcore vs casual), « Fringe » est toujours dans l’hésitation, ne sachant qui privilégier entre l’arc narratif de l’épisode et l’arc narratif global. En voulant contenter tout le monde, tout le monde semble perdu. Néanmoins, les bases pour une excellente saison 2 sont posées, et il faut espérer que les scénaristes sauront prendre la balle au rebond.

Note : 6/10