On le sait : « électro » est un terme fourre-tout qui englobe à peu près toutes les musiques électroniques ; on écoute de l’« électro » comme on écoute de la « pop », du « rap » ou du « rock ». Moins connu, l’electro désigne aussi un courant musical très spécifique née au tournant des années 80, oublié peu après, ressuscité sous une forme plus technoïde une décennie plus tard et jamais complètement disparu depuis.
L’electro – originairement electro-funk – est la rencontre entre la tradition funk et les sonorités électroniques kraftwerkiennes. C’est au départ un genre populaire, progressiste, mais pas toujours bien vu qui a donné lieu à pas mal de classiques (Afrika Bambaataa, Hashim, Herbie Hancock…). En perdant définitivement son suffixe “funk” dans les années 90, c’est devenu le terrain de jeu d’un groupe-galaxie dont on est pas prêts de faire le tour (Drexciya) en même temps qu’une alternative confidentielle et mystérieuse à la toute-puissante techno (de qui elle se démarque par ses rythmiques syncopées). Depuis vingt ans, l’electro reste en retrait, mais ne meurt pas. Sa communauté reste fidèle et soudée. Par contre, le fun des années 80 est bien loin : l’electro rétrofuturiste d’aujourd’hui est davantage une musique de niche, sérieuse et souvent incomprise : il faut d’ailleurs voir comment certains dancefloors se vident quand des djs techno s’aventurent sur ses terres. Le parcours de l’electro est donc sinueux. J’ai essayé d’en respecter les étapes clés à travers cette sélection aux sensibilités variées. Certains titres tirent plus vers l’IDM, d’autres ont un esprit plus ghetto ou techno. Dans l’ensemble, c’est tout de même plus l’esprit club post 90’s que j’ai essayé de mettre en valeur, avec seulement quelques rappels old school en fin de parcours. Autre détail : je n’ai volontairement retenu aucun titre de Drexciya ou de ses side projects. Ça aurait mérité un article à part.
1 The Timewriter – Lost in Lyrix (Plastic City, 1997)
2 ERP – Vox Automaton (Frustrated Funk, 2007)
3 TML – Cell Idea (Hotflush, 2018)
4 Kosh – Bug In The System (Casa Voyager, 2018)
5 A1 People – Do It [Metamatics mix] (Hydrogen Dukebox, 1998)
6 Computer Rockers – Computor Technology (Breakin’ Control,1998)
7 Potuznik – White Lines (Mego, 1996)
8 Radioactive Man – Addict (Killekill, 2012)
9 Remote – The Swarm (Underground Resistance, 1999)
10 Aux 88 – My A.U.X. Mind (Direct Beat, 1995)
11 Larry McCornick – Escape (Datapunk, 2004)
12 London Modular Alliance – Brockie Det (Hypercolour, 2017)
13 Morphology – Inertial Motion (Zyntax Motorcity, 2014)
14 Silicon Scally – Gigasquad (Datapunk, 2004)
15 Zeta Reticula & Helga Neuer – Mimic to Appear (Mechatronica, 2018)
16 Quadrant Six – Body Mechanic (Atlantic, 1882)
17 The Egyptian Lover – I Cry (Egyptian Empire Records, 1984)
18 Paul Hardcastle – King Tut (Chrysalis, 1985)