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Papi Mariole de Benoit Philippon : et au milieu coule la tendresse

Publié le 24 février aux éditions Albin Michel.

Par Benjamin Fogel, le 23-05-2024
Littérature et BD

Mariole, un ex-tueur à gages octogénaire, souffrant de la maladie d’Alzheimer, oublie alors qu’il voudrait se souvenir. Mathilde, victime de revenge porn et d’agressions sexuelles, se souvient sans cesse alors qu’elle voudrait oublier. Les deux vont se rencontrer et tenter chacun d’agir sur les souvenirs de l’autre. Accompagnés de Chonchon, animal de compagnie porcin, Mariole et Mathilde s’embarquent dans un road movie, porté par le désir d’accomplir sa dernière mission pour le premier, et de se venger pour la seconde.

Un complexe exercice d’équilibriste, où Benoît Philippon fait cohabiter drame et comédie

Sur la base de ces éléments, Benoît Philippon se lance avec brio dans un complexe exercice d’équilibriste, où il fait cohabiter drame et comédie, sans que cette dernière ne transforme les problèmes sociaux en sujet de gaudriole. Papi Mariole avance ainsi sur cette ligne de crête, dénonçant d’un même geste la misogynie et la haine, tout en accordant à ses personnages une loufoquerie et une légèreté, seule occasion – pour eux et pour les lecteurs –, de prendre sa respiration dans un monde fissuré.

Le mélange des genres, ambitieux, fonctionne parfaitement grâce à une charge émotionnelle

Le mélange des genres, ambitieux, fonctionne parfaitement grâce à une charge émotionnelle qui fait le pont entre la comédie et le drame. La tendresse qui unit les personnages principaux agit comme un ciment et permet aux dialogues de changer de registre sans fausse note. Papi Mariole réussit alors l’exploit d’être simultanément un roman noir social qui fait mouche, un divertissement de haute volée, et une très belle histoire, sensible et triste, qui interroge la question de la dépendance des anciens. Même si la mémoire de Mariole flanche, il conserve une intensité émotionnelle intacte, à laquelle le récit donnera la pleine possibilité de s’exprimer. Bourré de références cinématographiques, de situations ubuesques et d’envie d’en découdre, Papi Mariole creuse jouissivement le sillon emprunté par Benoît Philippon.