Entre deux albums, les français de Nestor Is Bianca prônent les mandats d’absence ; une sorte de gouvernance inversée où chacun travaille dans son coin pour améliorer la politique de l’ensemble et ne revient que tous les 60 mois pour un bref coup d’éclat. Après un premier album qui tirait son nom du groupe éponyme en 2001 et un « Out Of The Nest » en 2006, le quintet rempile pour une nouvelle action coup de poing.
En se fondant sur cette très grande maitrise des schémas indie-pop où les émotions s’alternent aisément avec les décharges de guitares (« April Day »), on constate combien Nestor Is Bianca possède une technicité formelle sur laquelle il devrait être aisé de broder dans les années à venir les derniers écussons d’un style un peu plus personnel à chaque album. Libéré du poids de la bonne copie à rendre, on sent le groupe crampé sur ses envies de générer une pop ouverte sur le monde extérieure sans jamais nier la réalité intérieure (« Better Before »).
Le lyrisme sombre de chansons comme « Your love » a beau avoir été entendu mille fois, il est emprunt de cette sincérité qu’on ne trouve que chez les groupes qui ont la force de continuer malgré les regards torves de cette reconnaissance qui tarde à venir. En musique, comme en politique, la sincérité est un élément trop précieux pour qu’on le dédaigne ; préférer le vrai au beau et la discrétion à l’ivresse. Nestor Is Bianca, Bianca Is Nestor pour un mélange entre pop alambiquée et message d’universalité. La voix de Lionel Laquerrière s’adapte alors aussi bien aux guitares rageuses qu’aux boucles électroniques lapidaires (Lionel is Thomas et inversement).
Bien qu’ils manquent de vision globale et qu’on ne se sache jamais vraiment ce qu’ils cherchent à démontrer, les français offrent souvent de brillants développements où beats électroniques, guitares et violons s’entremêlent avec finesse à défaut de génie (« The Aisle »). Tous les groupes ne sont pas destinés à gouverner et Nestor Bianca a peut-être plus un rôle à jouer au niveau régional qu’au niveau international mais nul doute que grâce à sa conviction il aura plus d’impact ici que certains partout.
Note : 6/10