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Combien sont-ils des groupes comme Dälek, des groupes ayant inventé un nouveau son qui cloue sur place et n’ayant jamais été ne serait-ce que concurrencé ? Pas beaucoup. Ces derniers temps, on a beaucoup parlé de l’originalité d’un Animal Collective. En 2009, auditeurs blasés que nous sommes, nous ne cessons de nous émerveiller pour la nouveauté, et pourtant personne ne parle de « Gutter Tactics », personne ne parle de cette mixture sonore que nous propose Dälek et Dj Oktopus, de ce mélange de deux courants que tout oppose, de cette fusion du shoegaze d’obédience industrielle et du hip hop le plus old school.

Les groupes qui ont essayé de mélanger rap et rock sont nombreux et la plupart s’y sont cassé les dents. Il y a toujours un truc ridicule à entendre des MC poser sur des grosses guitares. Même Cypress Hill n’ont jamais vraiment convaincu et je ne parle même pas de la vague néo, car l’histoire du chanteur qui ne savait pas rapper est déjà connue de tous (Limp Bizkit, Linkin Park…). Certains me parleront alors de Public Enemy et Anthrax mais oui je ne nie pas qu’il y a eu quelques rares exceptions. Où je veux en venir, c’est que Dälek est un groupe (je dis groupe car à mes yeux Dälek = MC Dälek + Dj Oktopus) qui, par le tour de force qu’il a réussi, est devenu capital dans le paysage musical mondial et qu’il serait temps de le reconnaître à sa juste valeur.

A la première écoute « Gutter Tactics » sonne comme un mix des deux précédents albums « Absence » et « Abandoned Language », le côté rentre dedans du premier et l’aspect ambiant du second. Mais très vite je me rappelle combien les titres de Dälek, quelque soit leur tempo, forment un tout, et combien « Abandoned Language » n’était finalement pas si différent de « Absence ». Non ce nouvel album est plutôt là pour clôturer une trilogie des plus cohérentes.

« No Question » débute après un discours habité du révérend Jeremiah Wright, et les hostilités sont immédiatement ouvertes. Tension et noirceur sont audibles à chaque instant. Le flow est parfait et les instrus pourraient quasiment se suffire à elle-même. C’est à la fois entraînant et totalement expérimental. Einsturzende Neubauten, l’indus allemand, et surtout toujours My Bloody Valentine & co, les influences piochent un peu partout tandis que certains sons n’auraient même pas juré sur un « Kid A » de Radiohead (« Los,macheterosn/Spear of a nation ») ; ça donne une idée du niveau de l’ensemble. C’est abrasif et dense (les 8 minutes de « Who Medgar ever was… »), et puis il y a ses titres à la mélodie lancinante comme « Street Diction » et « We lost sight » qui ne peuvent laisser indifférents. Même le titre quasi-instrumental de l’album (“A collection of miserable thoughts laced with Wit”) et son instru où se lient clavier et légère contre-basse est de toute beauté.

Dans un style qui n’est pas des plus aisés, Dälek arrive à sortir son album le plus varié et peut être le plus riche. Aucun titre n’est en deçà et chaque son ravi les oreilles. « Gutter Tactics » est un très grand disque qui se révèle un peu plus à chaque écoute.

Note : 9/10