[Attention Spoilers]. S’il y a bien un jeu « important » qui a opposé hardcore gamers à casual gamers ces derniers mois, c’est bien ce nouveau Prince Of Persia. Effectivement Ubisoft Montreal, principal studio de développement du groupe français, a essayé de concocter un jeu universel qui posséderait les codes d’un jeu ambitieux couplés à un gameplay qui conviendrait à un débutant. Il en découple une aventure magnifique mais qui manque d’enjeu et de challenge.
La première chose qui saute aux yeux en attaquant ce nouveau Prince Of Persia, outre le fait qu’il n’ait rien à voir avec ses prédécesseurs, c’est sa beauté visuelle et la fluidité de sa réalisation. Exploitant au mieux la puissance de la PS3, le jeu offre des textures à couper le souffle, des couleurs vives aux contrastes puissants, une sorte de cell-shading adulte qui donne souvent l’impression de se déplacer dans un film d’animation. Ensuite il y a ce level design qui permet au joueur de multiplier les acrobaties, d’escalader des tours en contemplant les tableaux que forment l’arrière-plan, ces niveaux parfaitement construit avec chacun leur petite thématique propre. Le joueur navigue entre les poutres, par-dessus les précipices, glisse le long des parois, court sur les plates-formes qui s’écroulent, et tout ça via un gameplay des plus simplistes.
Ce gameplay est d’ailleurs un peu au cœur du débat. D’un côté, dès qu’il est maîtrisé, il permet au joueur d’avancer vite et de profiter au mieux des niveaux via une rapidité de jeu exemplaire. De l’autre, il donne vraiment l’impression au joueur de regarder se dérouler un film sans vraiment interagir avec. En fait tout Prince Of Persia, ressemble à une fin de combat de God Of War où il est juste demandé au joueur d’appuyer sur la bonne touche au bon moment. Je caricature mais on n’en est pas loin. On avance dans le jeu comme dans du beurre sans avoir grand-chose de technique à faire. Même si les combats (magnifiques également) apporte un peu de challenge, ils ne demandent pas assez de réflexion pour redonner de la présence au joueur. Alors oui le fait de ne jamais pouvoir mourir grâce à Elika ou encore de pouvoir sauvegarder quand on veut est plus qu’agréable, mais pouvait justement justifier une difficulté un peu accrue. C’est bien de penser aux joueurs comme moi qui ne font que les gros jeux de l’année et qui n’ont pas des centaines d’heures à consacrer à un jeu, mais bon il faudrait pas non plus nous prendre pour des newbies.
L’autre défaut du jeu vient de sa linéarité : mettre la lumière dans le niveau après avoir tué le boss, récupérer les boules de lumières, recommencer en utilisant toujours les mêmes mécanismes, et tout ça avec un scénario qui manque d’évolution et de surprise au fil du jeu. Si le jeu avait durée deux fois plus longtemps, on aurait presque fini par s’ennuyer. Et puis, il faut bien le dire, tout ça manque d’énigmes, et ce n’est pas les quelques dispositifs à activer qui vont satisfaire qui que ce soit.
Et pourtant malgré tout ça, Prince Of Persia reste l’un des jeux essentiels à faire actuellement, parce que, je le répète, le jeu est visuellement merveilleux. Combien de fois, Marien et moi sommes restés bloqués sur un plan, une vue ? Combien de fois avons-nous eu également le sourire aux lèvres après avoir enchaîné sans aucun temps de latence un parcours acrobatique ? Et puis, le gros bon point du jeu, c’est aussi les dialogues entre le prince et Elika, des dialogues très variés, crédibles, à la fois marrants et graves qu’il ne faut absolument pas passer pour profiter pleinement du jeu. Ce sont ces dialogues qui débouchent sur cette fin de jeu très poétique où pour sauver sa compagne, le prince sera amené à détruire tout ce qui a été sauvé au cours du jeu et à rétablir par amour les ténèbres. Une fin où une personne prend plus d’importance que l’avenir du monde, une fin vraiment inattendue qui crée quand même bien l’impatience d’un deuxième épisode.
Note : 7/10