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SLUMDOG MILLIONAIRE de Danny Boyle

Par Benjamin Fogel, le 19-01-2009
Cinéma et Séries

Danny Boyle est définitivement un réalisateur à la filmographie atypique : un chef d’œuvre de noirceur (Petits meutres entre amis), un film culte (Trainspotting), un film oublié (Une vie moins ordinaire), un blockbuster (La Plage), un film de zombies (28 jours plus tard), un film inutile (Millions), un film de SF (Sunshine) et maintenant ce Slumdog Millionaire, sorte de film « Bigger Than life » typiquement prédisposé à gagner quelque chose aux Golden Globes. Bref une filmographie étrange mais qui ne manque pas de charme.

De suite oublions les avis des hippies faussement contestataires qui reprocheront au film une vision américanisée de l’Inde (et ce même si Boyle est anglais), et les critiques légèrement trop intellos qui verront dans ce Slumdog Millionaire un film fait de grosses ficelles scénaristiques destinées à faire pleurer dans les chaumières (les Inrocks n’ont pas aimé), parce qu’en fait s’ils ont tous les deux un peu raison, l’on en a un peu rien à foutre tant l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, c’est que Danny Boyle a une fois de plus réalisé un film nerveux, à la réalisation impressionnante (très belles scènes de poursuite dans les rues de Mumbai) et au fun permanent.

L’idée qui pouvait paraître putassière sur le papier de mélanger les codes bolywoodiens avec ceux du film occidental passe à merveille et le découpage scénaristique est bien moins téléphoné que ce que pouvait laisser penser la bande-annonce. Il ne s’agit pas de l’histoire de Jamal et de comment il a gagné à « Qui veut gagner des millions », il ne s’agit pas d’un découpage « une question, une scène qui explique comment Jamal connaît la réponse à cette question » pour la simple et bonne raison que Jamal ne connaît souvent pas les réponses, il joue souvent sur des intuitions ou de la chance. Non en fait l’émission de télé comme les scènes dans le poste de police servent plus à créer le contexte dans lequel sera raconté le comte de Jamal et son amour pour Latika. Mélange de tragédie shakespearienne et d’amour impossible à l’indienne, on suit avec entrain le parcours de ce gamin qui n’a rien d’un génie et qui semble même souvent perdu dans le monde qui l’entoure trop préoccupé à rechercher celle qu’il aime.

Entre la pauvreté et la violence, entre le show télé, incarnation du monde moderne et les manipulations, le film est une grande bouffée d’air frais qui ne tombe jamais dans un misérabilisme irritant, Danny Boyle préférant souvent une certaine forme de poésie (scénaristique et visuelle) à une narration trop frontale.

Alors certes, la question sur les trois mousquetaires est un peu prévisible, certes l’histoire d’amour entre les deux héros n’a que la destinée pour être crédible, certes on aurait aimé voir la fraternité entre Jamal et son frère mieux exploitée, mais bon en ces temps moribonds, apprenons à savourer un film qui ne confond pas optimisme et happy ends, avec niaiserie et balivernes.

Note : 8/10