Que s’est-il passé avec cet album ? Une première et unique écoute, un désintérêt total, l’impression d’être face à un produit aseptisé, l’image d’un groupe dont chaque titre est une pale imitation d’un groupe phare de la scène actuelle, et puis le rangement dans la catégorie des disques qu’il faudrait penser à réécouter une seconde fois si un jour le temps en est donné, en sachant pertinemment que jamais cette opportunité de dégager des heures pour écouter des albums mis de côté ne se produira. Et puis un jour cette mélodie qui tourne dans ma tête, celle du refrain de “Help to prevent forest-fire” le sixième titre de “Rest now weary head you will get well soon”, une mélodie dont je mettrais du temps à retrouver l’origine mais qui ne me lâchera plus les jours suivants.
Voilà ce qui me plait (et me fait peur en même temps) dans la musique, ce perpétuel risque de passer à côté d’une perle, et ce plaisir de se laisser surprendre par la beauté de chansons qu’on avait cru trop froides au premier abord, le plaisir de réaliser qu’on avait tort, et que même parmi les disques déjà écoutés il y a encore sûrement de belles pépites cachées.
Lors de cette première écoute de Get Well Soon, je ne m’étais pas totalement trompé : oui les chansons du groupes sont lisses en termes de production, trop parfaites pour être honnêtes et oui le groupe se place sur chaque titre sur un créneau différent. Mais ce dont je ne m’étais pas aperçu, c’est combien tout ça n’enlève rien au talent d’écriture du groupe. Get Well Soon arrive même à plagier ouvertement Radiohead (“We are safe inside while they burn down the house”) sans que l’on trouve à y redire quelque chose. “Help to prevent forest-fire ” commence comme du Coldplay mais s’envole après vers d’autres cieux, tandis que “I sold my hands for food so please feed me” offre une instrumentation magnifique et pleine de montées en puissance, proche de Sigur Ros. Mais ne croyez pas pour autant que Get Well Soon est un énième groupe de pop anglaise, non ici on est plutôt dans de la folk qui aurait digérée et incorporée des influences pop.
Moi qui aime tant habituellement la cohérence dans les albums, je me surprends à tomber sous le charme de ces 14 titres pourtant si différents, impressionné par cette capacité d’adaptation qui permet de cracher de la folk qui prend au trip comme sur l’étonnant « Your endless dream ». A part quelques coups faciles (“Christmas in adventure parks” une chanson pas désagréable mais un peu trop convenue malheureusement placée en début d’album), Get Well Soon donne envie de miser sur lui, d’autant plus que Konstantin Gropper, le chanteur, est un jeunot de 26 ans et que son potentiel est indiscutable. Le deuxième album devra confirmer cette qualité d’écriture et être l’occasion pour ce jeune groupe d’affirmer sa personnalité en créant un univers qui lui est propre.
Note : 8/10