United Nations fait partie de ces projets catalogués “super band”, vous savez ces groupes qui font fantasmer les aficionados de musique, ces groupes dont on parle partout dans les webzines et qui ne seraient composés que de musiciens d’exceptions issus des plus grands groupes. Mais si vous savez bien, ces groupes qui au final soit ne voient jamais le jour, soit pondent quelques titres baclés où le talent de chacun se noie dans celui des autres, où personne ne tien la barque et où le “super band” en question devient vite un side project sans intérêt qui ne durera que le temps d’un album.
Et bien voilà, United Nations, c’est l’histoire d’un groupe qui a voulu prouver que les talents étaient compatibles, qu’ils pouvaient fusionner, que le mythe du “super band” était réalisable. Voilà, The United Nations, c’est le “super band” de l’emo harcore et leur premier album est une bombe qui vient se placer direct au niveau du “Shape of punk to come” de Refused. Qui compose The United Nations ? Officiellement, pas facile d’affirmer quoique ce soit puisque pour des raisons contractuelles avec leurs labels respectifs, les trois quarts des membres du groupe sont obliger de garder leur identité secrète. Officieusement, le line up se compose de Geoff Rickly (chanteur de Thursday), Daryl Palumbo (chanteur de Glassjaw), Ben Koller (le batteur de Converge, l’un des meilleurs), Eric Cooper (bassiste de Made Out Of Babies). Oui c’est sûr, ça calme.
Contrairement aux précédentes rencontres de ce type (cf les décevants projets Converge/Cave In où le niveau des albums de chacun n’était jamais atteint), United Nations sonne comme un groupe à l’ambition folle, à la maturité et à la cohésion indiscutables, comme un groupe où chacun tire le talent des autres vers le haut. Geoff Rickly semble trouver une occasion ici de renouer avec la violence qu’il a du mettre un peu de côté chez Thursday, tandis que tous les autres aspirent ici à plus de calme. Du coup, on se retrouve avec un patchwork d’influence où les titres sont courts (2 minutes en moyennes) et ne se répètent jamais : il n’y a pas deux couplets que se ressemblent et la notion de refrain n’existe plus. Pas de fioritures, tout va à l’essentiel. En fait dès le premier titre “The Spinning Heart of the Yo-Yo Lobby” et ses 57 secondes, la messes est dite. Il y a plus dans cette petite minute que dans un an de production harcore standart. Riffs, cris, hurlements, chants clairs, breaks de batteries, roulements, décélérations, montées en puissance de l’émotion. Tout est là.
La chanson “The Shape of Punk That Never Came” est un hommage à qui vous savez. D’ailleurs je le répète, à mes yeux avec ce premier opus United Nations se place vraiment au niveau de Refused. Jamais cris n’ont été aussi doux. Les titres plus calmes comme “Filmed in Front of a Live Studio Audience” impressionnent sur le mélange émo / technique, se permettant même l’intrusion de guitare acoustique, et je vous garantis qu’on est pas chez Slipknot. L’album continue avec “I Keep Living The Same Day” qui voit ces quelques mots tournée en boucle pendant une minute, 60 secondes noires et tristes. Alors on croit être arrivé à la fin de ce putain de disque, alors qu’en réalité La Pépite de l’opus se trouve en dernière piste : “Say Goodbye to General Figment of the USS Imagination” est un condensé de Jazz-Emo et Hardcore abrasif qui se termine sur une longue incursion de saxophone.
Le seul regret que laisse cet album est les nombreuses interrogations qui en découlent : s’agit-il d’un one shot ? Le groupe existera-t-il vraiment en tant qu’entité ? Y aura-t-il une tournée ? Clairement, on ne sait rien aujourd’hui sur United Nations, à part qu’ils ont sorti l’album hardcore de l’année et c’est déjà beaucoup.
Note : 9/10