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BLOC PARTY – Intimacy

Par Benjamin Fogel, le 08-09-2008
Musique

Mieux que Radiohead (qui n’ont pas réussi à empêcher certains de considérer la sortie électronique de In Rainbows comme un simple coup marketing), Bloc Party sort son nouvel album sur la toile en plein milieu du mois d’aout, profitant des congés des journalistes, de l’inactivité d’Internet, et ce sans aucune communication, aucune publicité, avec pour seul relai les blogs. Comportement assez inhabituel qui laisse supposer que Bloc Party a déjà accumulé assez d’argent pour ne plus avoir à subir la contrainte de la réalité économique ; un contexte qui crée un terrain de jeu vierge et parfait pour sortir de superbes albums.

« Aras » se lance sur le player et on retrouve les anglais avec une batterie très lourde, plus “beat” que jamais. « Mercury » le premier single complètement dénué de guitares confirme l’impression : ce « Intimacy » est sur-produit de toute part et crée quelque chose de diaboliquement froid et excitant. « Intimacy » est à « A Weekend in the City » ce que l’album solo de Thom York est à Radiohead : une version froide, électronique et un chouia plus difficile d’accès. Que trouve-t-on sur « Mercury » ? Un chant haché, des rythmique martiales et tribales, des violons déconstruits… quelque chose d’à la fois glaciale et dansant, presque allemand. Puis les guitares reviennent sur le rageux « Halo » où l’on retrouve un peu la trace des anglais mais toujours avec cette production poussée à l’extrême. C’est complètement post punk mais avec ce soupçon d’expérimentation qui le dégage de la masse. « Trojan Horse » enfonce le clou avec son riff dénaturé toujours décuplé par la voix si caractéristique de Kele Okereke et sa capacité à réaliser des refrains catchy mais toujours sérieux.

Malgré ses erreurs de jeunesse et ses défauts latents, Bloc Party est entrain de devenir un grand groupe, de ceux qui comptent vraiment, et qui peuvent faire avancer la musique. Le talent est là, l’ambition aussi, ils ont la démarche, la voix et les chansons, ils sont déjà le groupe qui un jour pourrait sans crier garde nous sortir un Kid A. Et tout ça en continuant d’écrire des singles à la pelle. Il faut vraiment réhabiliter Bloc Party, comprendre qu’ils sont avec Artic Monkeys, le meilleur espoir de la musique anglaise. « Signs » écrase le dernier Coldplay. « One Month Off » est encore trop produit (ouh là là, il va falloir se calmer sur les effets de pédale, les mecs) mais arrache quand même les tympans avec son côté quasi electro indus. « Zephirus » propose des beats dark rappelant le « Third » de Portishead. Quant à « Better Than Heaven », il offre une construction intéressante qui s’énerve fortement sur la fin.

Avec « Intimicy » Bloc Party prouve sa volonté d’aller de l’avant et de se réinventer tout en gardant les gimmicks qui ont fait sa renommée. Cette album et sa production un peu « too much » en déstabiliseront plus d’un ; je leur conseille donc de réécouter une dernière fois « Ion Square » ce dernier titre de plus de six minutes, parfaite synthèse des qualités du groupe.

Note : 8/10