Gomorra, est une fiction qui se veut un reflet de ce qu’est la Camorra à Naples aujourd’hui. Tournée comme un documentaire, cette histoire sur le vrai visage de la mafia italienne fait passer les films de Scorsese pour un show édulcoré à l’américaine. C’est noir, sanglant, glauque et presque difficile à regarder tant aucun protagoniste ne semble avoir de possibilité de vivre en dehors de la mafia. La mafia est ici un état dans l’état, une toile de fond, une donnée avec laquelle chacun doit faire.
Néanmoins, quelque soit l’aspect réel du rendu, nous ne sommes pas ici face à un vrai documentaire mais bien face à un vrai film scénarisé, joué par des acteurs (même si certains viennent manifestement vraiment du milieu). Et là clairement, bien que l’intention du film soit noble, on ressent un manque de direction scénaristique : les différentes histoires se succèdent, commencent mais finissent à peine, ne s’entrecoupent jamais. Le patchwork est efficace et permet la prise de conscience, mais ne procure jamais d’émotions. C’est froid au point parfois de laisser ses personnages sur le coté. Ici les personnages ne servent qu’à illustrer le propos et l’on ne rentre que rarement dans leur psychologie, dans leurs angoisses, dans leur rêves. Le film aurait eu besoin d’être réalisé comme un tout et non comme une succession de mini histoires qui rappellent malheureusement les écueils dans lesquels tombent certains documentaires.
Mais bon, Gomorra reste un film original qui fait froid dans le dos. Une œuvre à mi chemin entre différents univers, du journalisme frictionnel qui s’il ne convainc pas toujours par sa forme, convainc par son fond.
Note : 7/10