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Gang Gang Dance vise les sommets. Pas dans le sens où ils cherchent la gloire et le succès, au contraire, ils sont plutôt des alpinistes. Ils allient amour du risque et préparation parfaite. Ils ne laissent rien au hasard pour mettre leurs vies en danger. Mais même le meilleur plan du monde ne saurait éviter les montées d’adrénaline et le risque. Comme sur une corde tendue entre deux entités complexes à cerner, les équilibristes new-yorkais balancent et avancent.

Moins direct dans la tête que Saint Dymphna, Gang Gang Dance revient à des équipées plus proches de God’s Money. Et vise les sommets. Il y a dans Eye Contact toute la tension d’une ascension. La lenteur et le calme s’effacent peu à peu au profit d’un stress palpable et envoûtant. Les rythmes s’accélèrent, jusqu’au premier sommet, “Mindkilla”. Avant, les titres peuvent paraître anodins, voire inutiles. Mais il faut les laisser prendre possession des esprits, les laisser danser en cercle pour envoûter le passant. Ils sont les chemins vers les sommets, ils ne cessent de s’entortiller, de monter et de descendre, de sauter et de s’effondrer. Ils ont en eux la force du hasard. Ils ne sont que des voies que l’on emprunte pour aller vers un ailleurs soi-disant plus beau, mais parfois, il suffit de s’arrêter en chemin et de jeter un œil alentour. La beauté est là aussi, elle est juste plus difficile à appréhender, moins frappante, plus diffuse.

“Mindkilla” vous en collera plein la vue, comme une vue frontale des alpes, comme se frotter au Cervin. C’est l’efficacité incarnée, tout ce qu’on attend d’un paysage de Gang Gang Dance. De la folie, des voix possédées, des sons déstructurées qui s’enchevêtrent pour donner naissance à une danse désarticulée. C’est de la transe pure. Mais une fois le sommet atteint, une fois qu’on y a fait le tour, il ne suffit que de redescendre, pour remonter plus loin. Et les alpinistes en question le savent bien. Ils vous impressionnent d’un “Mindkilla” pour que les titres suivants passent inaperçus. Alors que c’est dans ces volutes subtiles que le groupe fait la différence. Plus que des simples boucles électroniques, ce sont des mélanges savants, permettant la récupération et l’illumination, comme on en trouvait sur God’s Money. Et cette descente tranquille remonte tout aussi tranquillement vers le dernier sommet. Moins fort, moins transcendant. La vue ici est panoramique, ce n’est plus l’homme confronté à la montagne, c’est l’homme au-dessus de la montagne. Plus grand qu’elle, plus majestueux. “Thru and Thru”, comme le but ultime de chaque alpiniste, mêle calme et blizzard, reliefs et douceur.

Gang Gang Dance atteint un sommet avec son Eye Contact, chez 4AD, bien moins immédiat qu’un Saint Dymphna, beaucoup plus risqué, plus long à apprivoiser. Mais c’est comme l’appel de la montagne, on devient vite aimanté, on y revient sans savoir pourquoi, comme hypnotisé par les neiges éternelles.

Note : 8/10

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