[Attention Spoilers]. En déplaçant la série de Miami à Los Angeles, l’intention des scénaristes de Nip Tuck était clairement de donner un nouveau souffle à la sérié, d’en détruire les édifices non pas pour la renouveler mais au contraire pour retrouver le ton des deux premières saisons. Ainsi la saison 5 des aventures des deux chirurgiens esthétiques est clairement un retour à ses thèmes de prédilection : le cul, le trash et les situations malsaines. L’humour est toujours grinçant, l’idée de lancer les deux héros dans les affres de la célébrités hollywoodiennes est plutôt bien vue.
Du coup, dans un premier temps, les épisodes s’enchaînent avec plaisir ; même si Sean fait tout le temps la gueule et semble accumuler en lui une aigreur folle, on se laisse emporter par la superficialité/sensibilité de l’ensemble. Le problème, c’est que très vite, on réalise que le nouveau souffle n’était qu’une illusion et que la série retombe dans le principal défaut dont elle a toujours souffert, à savoir son « grand n’importe quoi scénaristique ». Alors là, on peut citer des exemples à la pelle : Julia qui venue passer quelques jours à LA se retrouve à y habiter sans plus d’explication ; Gina qui sort de nulle part pour réintégrer la série le temps d’un épisode, enfin le temps que les scénaristes réalisent que, tout compte fait, ce n’était pas une bonne idée et la tuent ; l’histoire du fou pratiquant des touchées rectaux qui est complètement oubliée. Et je n’ai pas encore parlé du dernier épisode qui atteint le paroxysme du ridicule télévisuel, dans ce final, on voit Julia qui sort du coma mais qui est devenue amnésique (plus banal, tu meurs, il faut quand même oser pour user de nos jours de cet artifice dont le brevet a été déposé par « Les feux de l’amour ») ; Christian a un accident de voiture et Sean se fait poignarder, la saison finissant sur son héros agonisant.
Hum, tout ça est-il bien sérieux ? Définitivement pas. Le pire étant que, malgré tout ça, Nip Tuck conserve néanmoins une grande partie de son capital sympathie : on ne se lasse pas trop des « je t’aime, moi non plus » entre Christian et Sean, beaucoup de scènes et situations sont géniales, et le casting est toujours à la hauteur (Annalyne McCord, dans le rôle d’Eden est intrigante à souhait). Mais n’est-il pas temps d’arrêter tout ça ? Pourquoi prolonger ce recyclage alors que manifestement on a fait le tour des personnages et que les scénaristes n’ont plus la rigueur pour une conclusion aux intrigues du passé. Il suffit de voir avec quel dédain (et rapidité) est traité le triangle amoureux Sean-Julia-Christian, triangle qui était au cœur de la série, pour comprendre que les petits soucis des deux personnages principaux (qui ont déjà tués, été poursuivis par un tueur en série, violés, entraînés dans des histoires plus louches que les autres) vont vraiment commencer à ne plus toucher personne.
Note : 5/10
En avant première quelques spoilers de la saison 6 :
– Julia retrouverait la mémoire comme par magie dans les dix premières minutes du premier épisode ; comme tous les spectateurs, les scénaristes auraient réalisés qu’ils s’étaient fourvoyés.
– Sean serait sauvé d’une mort certaine grâce à une transplantation du cœur de Marlo (le nain de la saison 4) récemment décédé. Cette transplantation amènerait Julia à retomber amoureux de lui.
– Christian se taperait Annie, la jeune fille de Sean, provoquant ainsi une vraie rupture avec son ami de toujours.
– Matt, après être tombé amoureux d’un homme, d’un transsexuel, d’une nazie, d’une pute qui s’est tapé ses deux pères, d’une grande brûlée et de sa demi-sœur, trouverait enfin le grand amour auprès du cadavre de Marlo, tout ça créant une fois de plus la déception de Christian et Sean.
– Mais avant tout chose, cette saison 6 révélera le grand secret qui planait sur Nip Tuck depuis la fin de la saison 2. Oui avec la saison 6, nous découvrirons qu’effectivement cela fait 4 saisons que les scénaristes n’arrivent plus à contrôler leur consommation de coke.