Par rapport à son homonyme Wes Anderson, PT Anderson est un réalisateur qu’il est encore difficile de cerner, sa courte filmographie n’étant composé que de films aussi divers dans leur fond que dans leur forme. Et effectivement ce n’est pas ce « There will be blood » qui nous apportera des explications. Nous avons ici à faire à un film mélangeant classicisme et modernité, sobriété et violence. Cette histoire qui conte la vie d’un exploitant de pétrole empli d’ambition et de conviction, est l’occasion pour Anderson de dérouler sa réalisation méticuleuse, qui sait prendre son temps tout en s’accélérant au moment opportun et ce sans perdre son sang froid. Que ce soit la longue introduction sans dialogue, la mise en scène des flammes, la bande son de Jonny Greenwood ou les pointes de violences, tout s’incorpore parfaitement dans le classicisme du schéma narratif choisi par Anderson. En ce sens « There will be blood » est le film ambitieux d’un réalisateur qui ne ressent pas le besoin de faire de l’esbroufe et articule, tout son travail sur le détail et la perfection, un peu à la manière des frères Coen sur « No country for old men ». Au niveau acteur, je crois qu’il n’est pas nécessaire de revenir sur l’interprétation habitée de Daniel Day Lewis, les prix qu’il a reçu étant déjà largement explicatifs. Non, le point intéressant à creuser dans « There will be blood » c’est ce thème de l’imposture. Effectivement, après visionnage l’imposture se révèle comme le fil conducteur du film, elle le justifie, elle donne du sens à tous ces errements, à tous ces personnages. Daniel Plainview ne cesse de se faire passer pour ce qu’il n’est pas, il manipule les foules pour obtenir leurs terres, il les attendrit avec l’image de son fils. Le frère qui se présente à lui, n’est finalement qu’un usurpateur qui veut profiter de sa richesse. Son fils n’est finalement pas son fils mais un garçon abandonné qu’il a recueilli. Quant au prophète, il semble, que toute sa vie, Plainview est été dans l’expectative de faire tomber son masque et de révéler son imposture, de le voir avouer qu’il était un faux prophète. La fin du film où Plainview l’assassine est une conclusion magnifique, c’est le meurtre de l’imposture, c’est la condamnation de celle-ci à tel point qu’elle en devient un motif de peine de mort. Tuer le faux prophète, en revient pour Plainview plus à se suicider plus qu’à prouver qu’il n’était pas le seul à porter le masque. Sans rentrer plus dans l’analyse, « There will be blood » est un film beau et intelligent qui mérite les superlatifs qui lui sont un peu partout attribués.
Note : 8,5/10