Avril 2008. Face à la musique d’Alex Beaupain, la population se scinde en deux parties : il y a ceux qui trouvent cela terriblement beau et émouvant (essentiellement ceux qui ont vu et aimé « Les Chansons d’amour »), et puis il y a ceux qui trouvent cela incroyablement niais et ringard (essentiellement la rédaction de Tecknikart). Je me suis longtemps posé la question mais après le concert de hier soir, j’en suis persuadé : seuls ceux qui font parties de la première catégorie sont dans le vrai. Lors de ce concert complet au Café de la Danse, Alex Beaupain, accompagné de son guitariste et de sa violoniste, a évidemment (ré)interprété bon nombre des compositions présente sur la BO du film de Christophe Honoré, mais pas seulement. Effectivement titres attendus, moins connus et nouveautés se sont alternés, et le niveau des chansons entendues pour la première fois sur scène confirme la qualité d’écriture du garçon. La thématique de la perte de l’être aimé reste centrale et la tristesse continue d’imprégner les textes. L’instrumentation est fine, même si l’on peut être déçu par les versions moins rock des titres interprétés (« Les yeux au ciel ») ou par l’absence d’un batteur qui aurait dynamisé le tout. Alors bien sûr, il faut se laisser aller à l’émotion pour apprécier Beaupain, il faut laisser derrière soi tout mauvais esprit et concevoir qu’avec une exigence littéraire il est possible de faire de la bonne chanson française, même dans un style plus proche de celui de Delerm que de Bashung. En fait les seuls défauts qu’ont soulevé ce concert relève plus de l’évolution des choses. Si aujourd’hui, la musique de Beaupain est ultra-cohérente, elle suscite néanmoins des interrogations quand à son futur. Le jeune homme a du mal à sortir de son thème de prédilection et on s’imagine mal continuer de l’apprécier s’il se mettait à devenir gai comme un Benabar. De plus ses mélodies au piano sont déjà pleines de tics qu’on retrouve d’une chanson à l’autre. Il faut donc espérer qu’Alex Beaupain continuera de cultiver sa noirceur, qu’il continuera à s’affirmer comme une antithèse de Bruel et qu’il ne sombrera à pas dans une « delermisation » qui le conduirait tout droit chez Drucker. Pour finir, à noter, la participation maladroite mais ultra appréciable de Grégoire Leprince-Ringuet pour « As-tu déjà aimé » qu’il interprète déjà dans « Les Chansons d’Amour ».
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