Avec ce cinquième film Wes Anderson poursuit sa filmographie atypique et continue d’affirmer son style et son univers si particulier. Dans la lignée de « La Famille Tenenbaum » et de « La Vie Aquatique », « The Darjeeling Limited » creuse la veine humour décalé sur fond de drames humains avec cette façon de filmer si particulière et pour laquelle je n’arrive pas à trouver les mots permettant une véritable transposition papier ; quelque chose entre le cartoon et l’esthétique indé américaine. Quoiqu’il en soit, de par la cohérence de son cinéma, de ses thèmes et de par la présence répétée de ses acteurs fétiches (Bill Muray et Owen Wilson), Wes Anderson est entrain de devenir un cinéaste culte et excessivement identifiable comme un Allen, un Tarantino ou un Coen. Le pitch du Darjeeling est simple : trois frères, trois acteurs géniaux, se retrouvent en Inde pour un voyage initiatique sensé ressouder les liens familiaux. Après, peu importe les situations, l’évolution du scénario, le comique des relations fraternelles et le burlesque Andersien font le reste. Du court-métrage « Hôtel Chevalier », qui ouvre le film en contant les retrouvailles entre le plus jeune des frères (Jason Schwartzmann) et Natalie Portman, jusqu’à la fin, Anderson évite les faux-pas, les clichés, ne tombe pas dans la facilité du road-trip, et crée le bien être chez le spectateur. L’objectif n’est pas de faire rire à grandes larmes avec deux, trois gags mal répartis, mais bien de laisser une impression de sourire permanent. Ainsi ce qui me marque au fond le plus, c’est l’énorme capital sympathie que dégage Anderson. On peut reprocher plein de choses à « The Darjeeling Limited » : la faible importance accordée à l’Inde (le film aurait pu se dérouler n’importe où) ou encore la mort de cet enfant qui vient comme un cheveu sur la soupe pour révéler le sens de ce voyage initiatique… Mais peu importe, on a envie de tout lui pardonner. Sa direction d’acteur, son casting génial, son approche picturale en font un film frais doté d’un humour jamais démonstratif mais toujours convaincant, un humour empli de gimmick géniaux, Schwatzmann et son I-pod, Adrien Brody avec sa ceinture et ses lunettes, et puis tous ces médicaments ingurgités avant de griller une clope. Non vraiment, la preuve que l’on peut être drôle et touchant en faisant un cinéma esthétique et pointu.
Note : 9/10
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