Effectivement les choses commencent plutôt mal, alors que la pression était montée à la fin du volume 1 et que l’on attendait avec impatience de connaître les conséquences de l’envol explosif de Peter et Nathan, le soufflé retombe dès les premières secondes de l’épisode 1. Le volume 2 reprend l’histoire 4 mois plus tard, Peter et Nathan sont encore en vie, le premier amnésique et le deuxième abattu, et voilà on reprend tout depuis le début, chacun reprenant sa petite vie un peu comme si les scénaristes s’étaient dit « Ouais on va meubler un max avant de trouver une explication plausible au retour Peter / Nathan ». Du coup, les 6 premiers épisodes laissent un goût amer dans la bouche : l’intrigue ne décolle pas, on ne sait pas trop quoi faire des nouveaux personnages, et l’impact des « Heroes » sur le sort de la terre nous échappe complètement. De plus les scénaristes abusent de ficelles scénaristiques un peu répétitives : la relation père/fille de Noah et Claire tourne en rond tandis que les pouvoirs de régénérations ou les coups de chance médicaux permettent à tous les personnages qui auraient du mourir de revivre (Nathan, Matt, Noah, Maya…) ; cette facilité à sauver les personnages diminue d’ailleurs fortement l’attachement qu’on pouvait avoir pour eux ; à croire que seul le départ d’un acteur pour raisons personnelles pourrait amener les scénaristes à faire disparaître un Heroes. Même à la fin du volume, quand Nathan et Niki sont prétendus morts, on a du mal à s’émouvoir, convaincu qu’une feinte scénaristique les fera revenir. Dans le même esprit on peut également être un peu énervé par les personnages qui prennent des décisions stupides juste pour introduire certaines scènes (par exemple, Mohinder qui ne sait pas utiliser son téléphone portable pour appeler des renforts), ou encore être rebuté par ce partenariat publicitaire grossier avec la marque Nissan (Oh Claire, regarde, je t’offre une Nissan, la plus belle des voitures du monde !). Et puis, il y a toutes ces scènes un peu faciles, un peu clichés, ces scènes plein de faux suspens sensées maintenir la pression, et puis il y a aussi les retrouvailles ratées entre Nathan et Peter… Enfin, il y a beaucoup de défaut dans ce volume 2.
Néanmoins, et malgré tous ces reproches, Heroes continue de passionner. Tout d’abord, la série continue d’en imposer au niveau réalisation et casting. Ensuite, les erreurs scénaristiques sont corrigées dès l’épisode 7 qui offre de belles explications et solidifie le tout. Enfin, Heroes continue de développer sa propre mythologie, ses personnages, ses gimmick, et laisse encore croire qu’un jour tout ça formera un tout cohérent, une histoire immense dont ce volume 2 ne sera qu’une simple introduction.
En fait, Heroes est symptomatique des séries américaines actuelles, elle cumule les qualités de celles-ci : réalisation cinématographique, scénario ambitieux, codes personnels, souci du détail, considérations artistiques supérieures à beaucoup de film. Mais malheureusement elle cumule aussi les défauts, et aujourd’hui le principal défaut des séries américaines reste encore le mode d’écriture, défaut mis en exergue par la grève actuelle des scénaristes. Là où les japonais, en particulier dans l’univers de l’anime, écrivent des histoires complètes et les réalisent après, les américains, pour des raisons économiques, commencent à réaliser et écrivent au fur et à mesure. De ce fait, on se retrouve dans des situations où l’ambition du scénario originelle peut être remise en question par de nombreux facteurs : modifications imposées par les producteurs en fonction des résultats, incohérences dues au manque de vision globale du projet, qualité non homogène au cours des différentes saisons.
Voilà, tout ça ne m’empêche pas d’attendre avec impatience le volume 3 de cette série dont on espère toujours qu’elle deviendra quelque chose d’énorme : le premier comics à volume multiple écrit de A à Z pour un impact visuel. Wait & See.
Note : 6,5/10