Voilà un sacré moment qu’on attendait la livraison du premier album de Mobthrow. Plus connu pour son boulot (réputé) d’ingénieur du son et pour avoir établi les bases du regretté label Spectraliquid en compagnie de Kostas (Subheim), le Grec Angelos Liaros s’est installé il y a quelques temps à Utrecht pour faire autre chose que du dubstep mutant. Belle inspiration.
Réaliser un bon album est un fait d’arme compliqué à atteindre. Mobthrow aurait bien sûr été capable d’empiler les singles dubstep mutant et virils qui font la bonne réputation d’Ad Noiseam. En livrant un disque où les atmosphères et les ambiances renvoient à une longue nuit d’errance au coeur d’une mégalopole atteinte d’on ne sait quel fléau, le Grec n’a pas choisi la route de la facilité. Il y a en plus quelque chose de chatoyant dans les les directions prises ici, presque kitsch. Quand je dis kitsch, il faut surtout comprendre surprenant, inattendu. Un peu comme à l’image de l’artwork, joli mais… surprenant. Pourtant les cris de loup sur Rainwolf n’effraient pas les bikers (pas emo pour deux ronds) qui contemplent les vestiges de la cité sur une voie rapide qui n’appartient qu’à eux (Desert City Rising et Night Riders). Entre ces plages plus contemplatives où d’inspirées guitares font leur apparition, Mobthrow distille une d&b rampante et liquide du plus bel effet, comme sur les excellents Deathnote, Bulb Engine et Iron Tribal. C’est avec grand plaisir qu’on remarque également la présence de la voix de Katja de Subheim, sur le forcément trop court The 3 Marks, où il semble qu’une cathédrale païenne ait résisté au cataclysme. A quelques endroits, l’oreille attentive appréciera certains vestiges de dub, genre que Mobthrow semble apprécier particulièrement. Un seul regret en forme de question me vient forcément à l’idée : Pourquoi diable avoir agrémenté Steet Breakz d’un sample de Damian Marley (Welcome To Jamrock) ? Le morceau (très bon à la base) n’avait vraiment pas besoin de ça. Heureusement que sur la sublime et solaire outro Alone In The Ruins, le sample de I’m Feeling Good ne nous agresse pas autant les tympans.
Mobthrow réalise un très bon album où on pardonnera très facilement la seule faute de goût citée plus haut. Le terme album revient ici à son sens premier, quand des captures d’instants volés aussi surnaturels soient-ils, réussissent à nous raconter des histoires. En bon observateur de la musique en général, Nicolas d’Ad Noiseam a bien compris que le breakcore (la récente sortie de The Teknoist) et la d&b (DJ Hidden, Mobthrow) connaissaient actuellement plus qu’un revival, un véritable regain d’intérêt. Les albums se suivent donc et ne ressemblent pas chez l’écurie berlinoise.
Note : 7,5/10