Dans la discrétion et l’humilité qui sont l’apanage des plus grands, Damien Jurado, en digne disciple de Nick Drake, a bâti une discographie de l’ombre qui ne se révélera complètement que dans les années à venir, une discographie faîte de petits morceaux de vie, de bouts de ficelles trouvés, enregistrés et utilisés comme instrument.
Suite à un album sorti sous le nom de Hoquiam et réalisé avec son frère qui s’appelle étrangement Drake (ça ne peut être un hasard !), Damien Jurardo livre un « Saint Bartlett » où il laisse à nouveau un double pénétrer son univers, et c’est donc épaulé de Richard Swift (signé sur le même label et intervenant ici à titre de producteur/multi-instrumentaliste) qu’il nous offre cette collection de chansons tristes mais pleines d’espoir (« Arkansas »)
Les expérimentations passées s’estompent (confère l’expérience « Postcards and Audio Letters ») et les chansons se focalisent sur leur unique but : essayer de réparer l’esprit (« Cloudy Shoes »). A l’écoute de « Walligford », on pense à une ballade de Dinosaur Jr, à un monde où Jay Mascis viendrait poser sa voix sur les pièces solo de Lou Barlow, et on se rappelle alors qu’avant de finir chez Secretly Canadian, Damien Jurado a été la respiration folk de Sub Pop.
Le manque de reconnaissance ne génère aucune rancune chez Damien Jurardo, au contraire c’est comme s’il jouissait de cette fragilité qui lui permet d’approfondir encore et encore sans trop s’exposer les thème du mensonge, de la trahison, de la solitude et de la rédemption (« Rachel & Cali »).
Les ficelles mélodiques sont parfois un peu trop grosses comme lestées par le poids des messages que Damien Jurado souhaite faire passer (« Kalama ») tandis que le songwriting à trop prendre son temps finit par ennuyer (« Kansas City »)
L’apport de Richard Swift est décisif, c’est dans ce double pop que Damien Jurado trouve la force de donner de nouvelles ambitions à sa discographie balisée. C’est particulièrement parlant sur des chansons comme « Harborview » où l’instrumentation double le champ des perspectives. On ne sait combien de temps a été nécessaire pour que les deux songwrtiters trouvent la juste alchimie mais « Saint Bartlett » a été enregistré d’un trait en un seul week-end, et il s’en dégage à la fois une impression d’instantanéité et une sensation d’évidence, comme si le chemin pris par les chansons était la naturelle conséquence des expériences passées de ces deux là.
I know someday I will return…
>> « Saint Bartlett » est en écoute sur Spotify
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