La « Useless Playlist » est un ensemble de chansons constituant une bande-son inutile. Chaque chanson est associée à un moment de vie (c’est très bien fichu). Régulièrement, Olivier Ravard, un autre membre de Playlist Society ou bien encore un Invité de Qualité Premium, proposera une nouvelle chanson, ainsi que quelques mots sur le moment de vie associé, qui viendront compléter la playlist. L’intégralité de la Useless Playlist en construction est disponible ici.
Cette semaine, Eddie Williamson nous présente la “chanson pour passants aux yeux lymphatiques de mérou apoplexique” : « What’s Going On ? » d’Hüsker Dü (en écoute dans le lecteur à gauche).
Aucune idée si des yeux peuvent être lymphatiques et un mérou apoplexique, mais il me fallait une rime en -ique pour que ce titre en forme de saillie drolatique pique votre curiosité.
J’suis pas d’un naturel très violent, en tout cas pas en apparence. Et pourtant je passe pas mal de temps dans les transports en commun ou à marcher à 200 à l’heure dans la rue, à rattraper mon bus, mon écharpe, mon parapluie, mon temps perdu à racler le fond d’un pot de Nutella… De fait je croise beaucoup de gens de manière très éphémère, mais mon cerveau a quand même le temps d’imaginer des trucs dingues.
Vous connaissez la série Scrubs dont le personnage principal, John ‘JD’ (prononcez djéï-dii), n’arrête pas de se faire (littéralement) des films, imaginant comment, dans une dimension parallèle, la situation dans laquelle il se trouve pourrait évoluer ? Ou tout simplement imagine des gros délires sans queue ni tête.
Ce genre de choses m’arrive parfois (si un jour on se croise et que vous me voyez sourire sans raison… bah maintenant vous avez la raison).
Et donc – car il faut bien arriver au pourquoi du comment du choix de ce titre – sachant cela, vous imaginez bien qu’avoir souvent de la musique dans les oreilles accroît de manière exponentielle l’aptitude de mes neurones à faire des connexions bizarroïdes.
L’impression que tout ce qui se passe autour de soi est le clip de la chanson écoutée n’aide pas.
‘Faut dire que les gens ne m’aident pas non plus à gardez les pieds sur Terre. Vous savez très bien de quoi j’veux parler, vous avez comme moi parfois du mal à saisir dans le regard des gens la moindre lueur de vie humaine. C’est pas un reproche, ça m’arrive régulièrement d’avoir la tête entre les fesses à n’importe quelle heure de la journée, seulement voilà, c’est un fait, quand les gens me regardent avec ces yeux-là pendant que des morceaux comme celui ci-dessous passent dans mes oreilles…
Ce serait difficile de vous décrire. De toute façon vous voyez ce que je veux dire.
…
Hein, dites, vous voyez ?
Je sais que je ne suis pas folle.
Mon dieu, Dr House disait la même chose dans la saison 5… Argh !!
Bref, ce morceau.
Choisir un seul morceau, comme les autres participants de la Useless Playlist l’ont vécu et écrit, c’est dur. J’avais le thème (le titre bizarre de là-haut) avant le morceau, et en farfouillant dans ma bibliothèque iTunes ce titre s’est tout simplement imposé de lui-même, tout simplement parce qu’un de ses épisodes délirants s’est joué sur cette musique. Je dois avouer que je n’avais pas non plus envie de pousser la torture (UN morceau, quoi) trop loin.
J’suis une fille pressée, vous l’aurez compris. Prolixe, mais pressée.
Mangez-vous donc ce morceau chauffé à blanc d’Hüsker Dü, groupe de punk-rock états-unien au nom norvégien qui a commencé par faire du hardcore punk qui pousserait n’importe quel tympan à se suicider par “écoute prolongée de Grégoire”, avant d’évoluer vers quelque chose d’un peu plus mélodique, guidant la voie pour des centaines de groupes qui allaient participer à ce qu’on appelle le “rock alternatif”. C’est un de ces groupes dont on se rend compte 10 ans après de leur importance capitale dans l’histoire du rock. De ce fait, ils n’ont jamais connu de grands succès populaires, et donc vous avez toutes les chances de n’en avoir jamais entendu parler, ce qui est un mal que j’ai eu envie de réparer !
“What’s Going On” est extrait de Zen Arcade (1984), qui a tout d’un concept album (= plus de 20 morceaux, un de 45 secondes et un autre de 14 minutes, quasiment toujours des premières prises), sauf que j’ai jamais saisi le concept. Toujours est-il que les morceaux sont excellents, que ça part dans tous les sens, Mould et Hart ont l’air complètement possédés, la notion de “limite” s’effaçant devant la créativité de ces bonhommes.
Voilà voilà. C’est une vieillerie (j’entends quelqu’un me hurler “CLASSIQUE!” à l’oreille), mais je dois vous avouer que dans la rue j’écoute plus volontiers des vieilleries que des nouveautés, d’autant que des trucs rock couillus et jouissifs, ça court pas les rues ces temps-ci.
Tout ça est beaucoup plus long que prévu.
Je file.
Mlle Eddie