Norma Jean a complété le triangle et est devenu la troisième pierre angulaire au côté de Converge et Dillinger Escape Plan d’un metal-hardcore moderne et puissant. Pendant braillard de Deftones, les américains sont moins techniques, moins combatifs, moins habités que leurs deux comparses mais possèdent une intensité, une conviction dans leur son qui leur permet de jongler avec aisance avec les écarts et les cassures (mieux que sur « Option Paralysis » en tout cas).
Dès « Leaderless And Self Enlisted », on retrouve la chaos, la haine et la violence. De la violence illustrée certes mais avec un troublant réalisme, un peu comme dans « La Ville Rouge » de Michael Matthys où au milieu des coups de fusain se cache du sang de bœuf récupéré dans les abattoirs. S’il s’agit d’un jeu d’actrice, celui-ci a été troublé au point que le pseudonyme tue le nom d’origine. Dans sa première partie « Meridional » laisse ainsi à penser que Norma Jean a renoué avec les tourments des débuts, avec la rage de « O God, the Aftermath » : la guitare typiquement mathcore de « The Anthem Of The Angry Brides » s’enflamme tandis que « Bastardizer » se fait oppressant et abrasif comme du Botch surproduit.
Ce n’est qu’à partir de « A Media Friendly Turn For The Worse » que l’on réalise qu’au contraire il sera dans la droite lignée de « The Anti-Mother » et incorporera encore les éléments emocore tant décriés deux ans auparavant. Le départ de Solid State Records n’était pas lié à une question d’orientation musicale et Norma Jean fait tout ici pour asseoir sa place, pour varier ses compositions tout en évitant toute compromission. Travaillant ses ambiances (l’interlude bienvenu « Septentrional » avant l’oppressant « Blood Burner ») et appuyant parfois sur la pédale de frein riffique, rappelant par la même occasion que l’influence d’Isis pèse toujours, ils arrivent à trouver un équilibre assez juste entre titres catchy (« High Noise Low Output ») et hommages au passé (« Everlasting Tapeworm »).
Dommage que Norma Jean ait parfois du mal à se détacher de ses frustrations vocales et de l’ombre de son maître. Sur « Falling From The Sky: Day Seven », on sent bien que Cory Brandan Putman essaye de reproduire, avec un succès mitigé, les émotions du « Surrender Your Sons » de l’album précédent. Malheureusement, malgré tous es efforts, il ne peut compenser l’absence de Chino Moreno. Et puis globalement, on sent bien que la section rythmique n’est pas à l’aise avec les mélodies, dès qu’il ne s’agit plus de sang et de larme, le groupe a du mal à se placer et à inventer, il rentre dans des schémas plein de fausse rébellion comme sur « The People That Surround You On A Regular Basis ».
Note : 7/10